Il est temps, grand temps, qu’on trouve un point de chute à tous ces jeunes désespérés, enrôlés dans l’armée lors de la crise postélectorale, pour mettre fin à la furie meurtrière de l’ex Président, Laurent Gbagbo et, imposer, manu militari, le respect du verdict des urnes. S’il est vrai que nombre de ces combattants de fortune se sont engagés à prendre les armes parce qu’excédés par les turpitudes et forfaitures du régime frontiste, il demeure également indéniable que beaucoup d’entre eux, par opportunisme, ont vu en cette occasion, un véritable sésame leur permettant de rompre définitivement avec les tourments du chômage. On le sait, Laurent Gbagbo et ses hommes ont été boutés hors. La question de la sécurité qui était très préoccupante après la chute du dictateur, vu la quantité effrayante d’armes de guerre disséminées sur l’ensemble du territoire et de mercenaires convoyés sur le territoire ivoirien, a été, grâce, aux efforts remarquables consentis par le gouvernement, aujourd’hui, ramenée à des proportions acceptables, osons le mot, rassurantes, même si quelques poches de résistance demeurent encore, notamment dans le grand Ouest. L’indice majeur de ce retour à la normale est la réouverture de l’ambassade de la Grande-Bretagne fermée pour raison d’insécurité et le retour annoncé de la BAD qui s’était délocalisée pour le même motif sus-évoqué. Dès lors, la problématique qui, à notre sens, doit polariser les attentions, est celle afférente à la destination à trouver à tous ces jeunes gens dont il faut saluer la nature héroïque de la tâche abattue ayant éminemment concouru à ce rétablissement de la normalité que nous savourons tous. Dans ce noble combat, beaucoup ont été fauchés dans la fleur de l’âge par la mort. Nous nous inclinons avec toute la déférence requise, sur leurs dépouilles. Que la terre leur soit légère et que leurs âmes reposent en paix ! La ritournelle, on la connaît.
On nous parlera de difficultés de trésorerie. Mais, vivement, qu’on priorise le DDR et qu’on lui donne un véritable coup de fouet. Sortons des effets d’annonce pour épouser la réalité en donnant une existence concrète aux choses. Que l’Etat, selon ses possibilités, intègre les combattants dignes et aptes à faire partie des forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire et libère les autres avec les mesures d’accompagnement qui s’imposent en la matière. Qu’il soit proposé aux démobilisés des projets et activités viables, financés à la mesure des attentes, pour ne pas que ceux-ci aient le sentiment d’avoir été lésés, injustement rémunérés, après tous ces risques encourus. De cette façon, on sortira de cette quadrature du cercle en jugulant cette tumeur qui couve pernicieusement. Cette paix sociale acquise à la Pyrrhus, il faut la sauvegarder par tous les moyens. Il est vrai que ce que nous privilégions, nous autres humains, ce sont les questions de santé, de nutrition pour la conservation de l’individu. Mais, lorsque la crise postélectorale a atteint son firmament, innombrables sont les malades qui, astreints à rester chez eux à la maison pour ne pas être fauchés par des balles perdues, sont morts sans soin. Beaucoup également ont perdu la vie par inanition parce que ne pouvons pas rallier les marchés et supermarchés pour s’approvisionner en vivres. C’est dire que, le préalable à tout, c’est sans conteste la paix et l’harmonie au sein de la cité. Par négligence ou par dédain, qu’on n’arrive pas à des situations qui pourraient une fois de plus nous conduire à dévaler de plusieurs marches l’escalier de la civilisation en renouant avec la violence destructrice et appauvrissante. Nous savons que ces jeunes soldats qui assurent notre sécurité de jour comme de nuit, ne perçoivent pas d’émoluments mensuels. Sans argent qui est le véritable esprit de ce monde matérialiste, la détermination, la volonté de servir, de bien servir périclitent nécessairement. Constamment sur les théâtres d’opération, ils ne peuvent s’adonner à aucune autre activité moralement louable et rémunératrice. Que faire dans une telle situation dilemmatique ? Se laisser emporter par l’ultime possibilité d’être ou alors, faire feu de tout bois pour se maintenir en vie ? A ce moment crucial, germent toutes sortes d’idées dans les esprits, notamment les plus lugubres et scabreuses. Puisqu’on tient entre nos mains des engins capables de tenir tout homme en respect et de le dépouiller sans coup férir, pourquoi ne pas en user ? Le raccourci est tout de suite trouvé et on s’y installe avec volupté, car, dans certains cas, très lucratif. Voici où s’origine la montée fulgurante du phénomène des braquages que nous déplorons tous.
Toutefois, avons-nous réellement des raisons de nous en offusquer quand on sait bien que c’est l’occasion qui fait le larron ? « L’extrême pauvreté, dit Marx, nuit à l’exercice de la vertu. » Autrement exprimé, la disette, lorsqu’elle est poussée à son point nodal, transforme l’homme en être immoral ou amoral. Dans cette posture défavorable, ils constituent des proies faciles pour les ennemis de la nation. Ainsi sur la base de propositions mirobolantes, ils peuvent être utilisés à des fins de déstabilisation. C’est surtout ce qui est à craindre. Déjà que des jérémiades et complaintes fusent de partout. Il y a un sentiment d’ingratitude à leur endroit, quoiqu’infondé, qui traverse les esprits de ces hommes. Il faut avec célérité le leur enlever en leur proposant du viable et du concret. Laisser prospérer ce sentiment peut, avec le flux du temps, se révéler très dangereux. N’oublions pas que les ennemis sont tapis dans l’ombre et ne rêvent que de ces genres d’aubaines pour mettre à exécution leurs macabres projets. Nous nous adressons au chef de l’Etat et à son premier Ministre. Prestement, qu’on trouve de l’argent pour régler définitivement ce souci qui perdure et qui, si l’on y prend garde, pourrait annihiler tous ces efforts considérables effectués jusque-là. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !
DIARRA CHEICKH OUMAR
Professeur certifié de philosophie
Lycée moderne 1 Bondoukou
Doctorant en sciences politiques
E-mail : diarra.skououmar262@gmail.com
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