Source: La Nouvelle Tribune (Bn)
Un an après, la paix semble timidement revenue, mais dans un climat qui frise le monolithisme.
L’actuel président ivoirien et ses sympathisants ont célébré il y a peu, le premier anniversaire de son investiture à la magistrature suprême de ce pays.
21 mai 2011- 21 mai 2012, il y a un peu plus d’un an que le leader du Rassemblement des Républicains (Rdr), l’actuel président ivoirien, Alassane Ouattara a été investi comme président de la République de la Côte d’Ivoire. Et ce, environ six mois après son élection. Le 21 Mai dernier, cet anniversaire a été fêté avec faste en Côte d’Ivoire. Pour certains, sympathisants du parti (Rdr), actuellement au pouvoir, cette date sonne comme la victoire d’un Ouattara et de son clan sur un Gbagbo, ancien président déniché de sa résidence, au terme d’une sanglante bataille de rue à Abidjan.
Point n’est besoin de rappeler les conditions de dénouement de ce long feuilleton cauchemardesque pour les ivoiriens. Mais une chose crève les yeux. Le Front populaire ivoirien, le (Fpi), le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo a pris du plomb dans les ailes. Et pour cause, après l’arrestation du leader de ce parti politique, le nouveau gouvernement, celui de Alassane Outtara s’est livré à une chasse aux sorcières maladroite des cadres du Fpi. Acte qui frise d’ailleurs aux yeux de nombreux observateurs, une justice à deux vitesses.
Contraints, les cadres encore « libres » du (Fpi) se sont exilés dans les pays voisins de la Côte d’Ivoire, en particulier au Ghana. Quant au Parti démocratique de la Côte d’Ivoire ( pdci) de Henri K. Bédié qui a soutenu Alassane Ouattara pour le second tour de la présidentielle de 2011, il préfère se taire pour mieux partager le gâteau de la victoire commune, car le deal entre le Rdr et le Pdci a permis au Pdci d’obtenir la Primature au sein du gouvernement ivoirien actuel. Au total, plus personne pour faire entendre au peuple ivoirien, un autre son de cloche. Rongé par la peur des représailles de la part des autorités actuelles du pays et de leurs sympathisants, nul n’ose se réclamer de l’autre bord.
Face à cette ambiance morose, l’on est contraint de se demander si une démocratie peut se construire dans la monotonie politique. La réponse à cette question dépend de la conception que l’on a de la « Démocratie ».
Dans tous les cas, l’émergence de la démocratie dans toute cité civilisée nécessite la diversité des opinions. De Cette diversité d’opinions, la Côte-d’Ivoire en a encore mieux besoin pour consolider son processus de réconciliation. Certes, il y a eu quelques tentatives timides d’instauration d’un dialogue politique. Mais les conditions sont-elles réellement réunies ?
Une justice à deux vitesses : le talon d’Achille de la réconciliation en Côte d’Ivoire
La gestion du volet juridique de l’après guerre en Côte d’Ivoire mérite bien qu’on s’y penche. On a l’impression d’aller vers une «justice des gagnants». Depuis un an que Ouattara a pris le pouvoir, aucun de ses proches n’a été épinglé, encore moins écouté, par la justice ivoirienne. Pourtant, les rapports de l’Organisation non gouvernementale (Ong) Human Rights Watch sur les événements de la crise post électorale, mettent en cause des éléments des deux camps.
Il y a d’un côté l’ex-rébellion des Forces nouvelles, devenues Forces républicaines de côtes d’Ivoire (Frci), menée par l’actuel président de l’Assemblée nationale Soro Guillaume et pro Ouattara. Ils ont on se rappelle, jouer un rôle déterminant dans son accession au pouvoir. Et de l’autre, les forces loyalistes et autres milices pro Gbagbo. Les rapports de Hrw reconnaissent la responsabilité de chacun des camps dans les exactions commises, notamment à l’ouest du Pays, plus précisément à Duékoué, Guiglo et au Sud à Abidjan, dans les communes d’Abobo et de Yopougon.
Et, pendant que les responsables des Frci cités dans le rapport en question circulent librement, des pros Gbagbo sont toujours en détention. Même si le président Ouattara ne cesse d’affirmer que personne ne restera impuni, y compris ses proches, il laisse ainsi le soin à la justice de faire son travail. Seulement, cette situation de « justice à double vitesse » pourrait avoir un impact négatif sur le projet de réconciliation lancé par le régime actuel.
Elle pourrait conduire à un simulacre de réconciliation. La lutte contre l’impunité ne devrait, en effet, pas prendre l’allure d’une chasse aux sorcières. Si impunité il devrait avoir, cela devrait être de tous les côtés. Simplement, pour éviter de donner une allure de revanchard aux actions de la justice et la naissance de la frustration dans le camp d’en face.
L’efficacité de la réconciliation en dépend.
Par Segnigbindé & Gamaï
La Nouvelle Tribune (Bn)
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