Hamadou Ziao source: L’inter
Ils seront certainement fixés sur leur sort, après plus d’un an de détention dans les prisons du nord. Les avocats des détenus pro-Gbagbo, selon de bonnes sources, ont en effet été informés du programme d’audition de leurs clients par les juges d’instruction en charge de leurs dossiers. Ces auditions débutent le mardi 29 mai pour s’achever le mardi 31 octobre 2012.
Une nouvelle qui soulage quelque peu ces prisonniers politiques, qui y perçoivent une voie ouverte pour la liberté provisoire. Cependant, une inquiétude demeure à leur niveau, et cela pour deux raisons. Primo, c’est que selon des proches de certains prisonniers, ceux-ci sont convaincus de leur innocence pour les faits qui leur sont reprochés. Après plus de 12 mois d’incarcération, ils estiment devoir bénéficier de la liberté provisoire, sans autres formes de procédures. Surtout que plusieurs de leurs camarades, qui ont été emprisonnés en même temps qu’eux, jouissent de l’air frais de la liberté, même si celle-ci est provisoire, sans avoir au préalable subi des interrogatoires musclés. « Ils se demandent ce qu’on leur reproche pour les garder pendant si longtemps. En plus avec le dialogue républicain et la réconciliation nationale, ils pensent qu’on devrait leur accorder la liberté provisoire comme les autres », a expliqué le parent d’un détenu avec qui nous avons échangé hier. Secundo, c’est que les prisonniers pro-Gbagbo passeront devant les juges pour, dit-on, « des interrogatoires au fond et de nouvelles inculpations ». Ce qui laisse penser que d’autres charges pourraient être signifiées aux détenus, susceptibles de compromettre l’espoir d’une mise en liberté provisoire qu’ils entretiennent. De quoi fonder leur inquiétude.
Trois mois pour « cuisiner » les pro-Gbagbo
Toutefois, les avocats qui ont en charge la défense des membres de l’ancien régime sont à pied d’œuvre pour sortir leurs clients de l’univers carcéral. Ces praticiens du droit se réjouissent d’ailleurs de l’ouverture des dossiers. Ce qui leur donne dorénavant la possibilité d’assister leurs clients. Tout compte fait, les prisonniers pro-Gbagbo seront, chacun à son tour, face aux juges d’instructions du 29 mai au 31 octobre 2012, soit trois (3) mois d’audition et deux (2) mois de vacances judiciaires, pour « des interrogatoires au fond et nouvelles inculpations ».
Selon nos sources, le programme établi à cet effet et transmis aux avocats des détenus, débute par la localité de Bouna le mardi 29 mai prochain avec le président du FPI, Pascal Affi N’guessan. Pendant plus d’une dizaine de jours, le leader de l’ex-parti au pouvoir, qui est resté le seul membre de l’ancien régime à la prison de Bouna (ses co-détenus bénéficiant d’une liberté provisoire) devra répondre aux questions du juge sur les faits qui lui sont reprochés.
La deuxième phase des auditions sera consacrée aux prisonniers de Katiola, et se déroulera du mardi 12 au samedi 30 juin 2012. Aboudrahamane Sangaré, Jean-Jacques Béchio, Geneviève Bro Grébé et Kuyo Téa Narcisse, détenus à la maison d’arrêt et de correction de Katiola, auront alors leur tour d’oral face aux juges. La troisième étape se fera à Korhogo du lundi 09 au samedi 21 juillet, avec la quasi-totalité des militaires mis aux arrêts. Notamment le général Dogbo Blé Bruno, ex-commandant de la Garde Républicaine, le commandant Dua Kouassi Norbert, aide de camp de l’ancien chef de l’Etat, le commissaire principal de police, Monnet Denis qui était en poste au palais présidentiel, Maître Bahi Patrice, membre influent de la sécurité de l’ex-président, et plus d’une quinzaine de corps habillés. Après ces auditions de Korhogo, ce sera les vacances judiciaires qui dureront deux (2) mois. A la reprise en octobre, précisément du 08 au 31 octobre, les juges mettront le cap sur la ville de Boundiali, pour entendre le dernier groupe de détenus pro-Gbagbo. Sur cette dernière liste se trouvent en grande majorité les membres du dernier gouvernement de Laurent Gbagbo avant la chute de son régime, le 11 avril 2011. L’ex-Premier ministre Gilbert Marie Aké N’Gbo, les ministres Désiré Dallo, Christine Adjobi, Alcide Djédjé, ainsi que le député Martin Sokouri Bohui, le syndicaliste Mahan Gahé Basile et le conseiller technique à la communication de Laurent Gbagbo, Gnahoua Zibrabi Norbert, seront entendus à leur tour. Deux personnalités se détachent du lot. Il s’agit de Michel Gbagbo, fils de l’ancien président, et Philippe Dacoury Tabley, ancien gouverneur de la Bceao. Dans le programme qui nous a été communiqué, l’audition de ces deux pro-Gbagbo n’est pas mentionnée. Donc aucune nouvelle. On sait cependant que pour des raisons de santé, ces deux détenus ont été sortis de leurs prisons du nord, respectivement à Bouna et à Boundiali, pour recevoir des soins dans une clinique à Abidjan. Quant à Simone Ehivet Gbagbo, l’épouse de l’ex-président ivoirien, c’est également le mystère.
Toutefois, faut-il le rappeler, l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire a eu déjà son tour de passage devant le juge. On a même parlé récemment d’un possible transfèrement à la Cour pénale internationale (CPI), où séjourne son époux depuis le 30 novembre 2011. Une rencontre avait été annoncée entre les avocats de Simone Gbagbo et le procureur à Odienné, où elle se trouve en résidence surveillée, afin de lui signifier une décision de la juridiction pénale internationale. Cette rencontre n’a pas eu lieu et depuis, c’est le silence radio.
Hamadou ZIAO
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