Ouattara, un an après

Le président Alassane Dramane Ouattara vient de passer un an à la tête de la Côte d’Ivoire. Bien entendu, à l’occasion on dresse le bilan. Un bilan qui est globalement jugé positif, en ce qui concerne notamment le désarmement et la pacification de l’ensemble du pays, la reprise économique ainsi que par rapport au retour en grâce de la diplomatie ivoirienne. Mais pour ce qui est de la réconciliation nationale et la justice, le tableau est moins reluisant. Bref, comme c’est souvent le cas de tout bilan, l’appréciation de la première année d’Alassane Ouattara, au sommet de la Côte d’Ivoire révèle des points positifs et d’autres qui le sont moins. Jour pour jour, le président ivoirien a soufflé lundi dernier sa première bougie au sommet de la Côte d’Ivoire. N’eut-été la crise postélectorale qui avait résulté du second tour du 28 novembre 2010, ce premier anniversaire, Alassane Ouattara l’aurait célébré, il y a six mois. Mais on se rappelle que le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son adversaire avait plongé le pays dans une crise de quasi-guerre civile, qui avait emporté trois mille âmes ivoiriennes. Ouattara n’avait effectivement récupéré son du que le 21 mai 2011… 0:05 24-5-2012

C’est donc le moment de faire le bilan de cette première année de présidence effective. A l’arrivée, on constate qu’il y a des aspects dont il peut se féliciter et d’autres par rapport auxquels c’est franchement la déception. Globalement, les domaines dans lesquels des points ont été engrangés sont : la pacification du pays, la relance de l’économie et le retour du pays sur l’arène internationale

La pacification

Aussi anodine qu’elle peut l’être, la pacification de la Côte d’Ivoire n’était pas un moindre objectif. Pour qui connaît les atrocités et le degré des violences qui ont été commises dans ce pays, c’est un pari réussi par les nouvelles autorités que d’avoir pu restaurer la sécurité et l’ordre. C’était une mission d’autant plus difficile qu’il fallait ramener les bandes armées de tous les bords à la raison, sévir contre la détention et la circulation illégales des armes et restaurer l’unité, la cohésion et la discipline au sein d’une armée qui n’en était plus une. Or, aujourd’hui, la ruée des investisseurs vers la Côte d’Ivoire est un des nombreux signes qui attestent du retour à une certaine sérénité.

La relance économique

Très dépendante du climat sécuritaire, la relance économique est par ailleurs le résultat de choix objectifs et clairs des nouveaux dirigeants. Des choix qui se traduisent notamment par l’assainissement du climat des affaires en luttant contre les pratiques de corruption et promouvant la transparence. Le redémarrage de l’économie ivoirienne est également tributaire de la fourniture d’un certain nombre de services tels que l’électricité, l’eau, les services de communication et de télécommunication. Naturellement, pour réussir toute ces prouesses, le gouvernement ivoirien a reçu un apport de la communauté internationale et notamment de la France qui, on le sait, avait pris une part active dans le dénouement de la crise.

Une diplomatie réhabilitée

Conséquence de tous ces progrès, la Côte d’Ivoire est vite revenue sur l’arène africaine. La manifestation la plus éloquente de ce retour en grâce de la diplomatie ivoirienne est illustrée par le choix porté sur Alassane Ouattara pour présider aux destinées de la CEDEAO. Jusque-là, dans cette région les grands rôles avaient été joués par le Nigeria et le Burkina Faso. Faisant montre de fermeté et de détermination, Alassane Ouattara est sur le point de redistribuer les cartes. Et en le faisant, il met à contribution l’ensemble des principaux acteurs de la diplomatie ivoirienne. Mais comme on le disait, ces points positifs ne doivent pas faire illusion. Il y a des aspects de sa gestion où le nom d’Alassane Ouattara rime avec déception et désenchantement. C’est le cas notamment de la réconciliation nationale et de la justice.

Réconciliation nationale et justice

Le président ivoirien a certes mis en place la Commission dialogue vérité et réconciliation. Mais entre cet acte qui symbolise une volonté politique et sa démarche personnelle, beaucoup d’Ivoiriens disent déceler un gouffre. On lui reproche notamment de ne sévir que contre les auteurs des violences qui étaient dans le camp de son adversaire. Il est accusé de favoriser une justice de vainqueurs et une autre pour les vaincus. Tandis qu’à l’image du transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye, les proches de l’ancien président continuent à croupir dans les prisons en attendant leur jugement, ceux du président actuel, nullement inquiétés, jouiraient plutôt des privilèges et honneurs du pouvoir acquis. Pour de nombreux Ivoiriens, au-delà des milliards de francs Cfa que le président dit être prêt à débourser pour indemniser les victimes, c’est sa capacité même à manifester sa neutralité et faire régner une juste impartiale qui aiderat les adversaires à réconcilier leurs cœurs respectifs.

Quid de la méthode Ouattara, elle-même ?

Naturellement, pour avoir ce bilan, le président ivoirien a su compter sur un certain nombre d’hommes et de femmes de son pays, ses collaborateurs. Mais en tant que premier responsable, ce bilan est surtout le sien, celui de sa méthode, de son style. Parce qu’un style Ouattara, il y en a bien un. Celui-ci, dans l’ensemble, marie responsabilité, pragmatisme et fermeté. Alassane Ouattara à une idée précise de ce qu’il veut et de ce qui l’attend. Il peut aussi bien se prêter au compromis et aux négociations. Mais il ne voudrait pas se laisser distraire par des dialogues interminables au point d’oublier son objectif. C’est ainsi qu’il n’avait pas trop longtemps prié les membres du FPI. Ces derniers refusant ses premières offres, il a pris acte de leur choix et a continué en faisant tenir les élections législatives à la date indiquée.

De même, il n’avait pas tergiversé quand il a voulu extrader Laurent Gbagbo. De la fermeté, il en a surtout fait montre en limogeant hier même sibministre de l’Intégration africaine. En consentant à se séparer de celui sur lequel pèse des soupçons de détournement des indemnités versées aux victimes du déversement des déchets toxiques du Probo Koala, le chef de l’Etat ivoirien a semble-t-il souhaité donné l’exemple quant au sort qu’il réserve à ceux qui oseraient s’écarter des principes et règles de bonne gestion. La démission du ministre de l’intégration africaine, M. Bictogo en est la preuve visible.

Son caractère intransigeant et ferme, Alassane Ouattara l’apporte avec lui dans sa gestion des crises sous-régionales. Naturellement, une telle méthode que certains pourraient taxer de « cavalière » et teintée d’une certaine dose d’orgueil, ne fait pas toujours l’unanimité.

Fodé Kalia Kamara pour GuineeConakry.info

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