Le 6 mai, j’ai célébré la défaite de Sarkozy et non la victoire d’Hollande

Par Tapé GROUBERA

Le dimanche 6 mai 2012 dernier, les Français n’ont pas réélu Nicolas Sarkozy, le candidat président sortant. Ils ont préféré François Hollande pour la conduite de la destinée de leur pays pour les cinq années à venir. Comme beaucoup de personnes, notamment des Africains, j’ai célébré ce moment. Et cette réjouissance ne concernait seulement que la défaite de M. Sarkozy, mais pas la victoire de M. François Hollande. Pourquoi donc ?

1. Pourquoi la défaite de Sarkozy m’a énormément réjoui ?
Pour tout Africain comme moi qui vit en dehors de la France, les élections dans ce pays, en principe, ne devraient pas me concerner. Car c’est une affaire entre Français. Cependant, si j’ai porté une attention particulière à cette élection, c’est surtout à cause du sort qui allait être réservé à Nicolas Sarkozy. Et, au soir du 6 mai 2012, j’ai célébré sa défaite. Et cela pour diverses raisons surtout objectives. Je n’en évoquerai ici que seulement trois.

La première raison est l’injure faite aux Africains par le fils de Pol Sarkozy (immigré Hongrois). En effet, le 26 juillet 2007, à Dakar (Sénégal), dans l’enceinte de l’université portant le nom d’un des illustres Africains Cheick ANTA DIOP, Nicolas Paul Stéphane SARKOZY de Nagy-Bosca, dit Nicolas SARKOZY, se permettait de dire que l’homme africain n’était pas rentré dans l’histoire.

La deuxième raison : Nicolas Paul Stéphane SARKOZY de Nagy-Bosca est xénophobe. Ce n’est un secret pour personne, Nicolas Sarkozy n’aime pas les étrangers. Certes, de nombreux d’Africains l’ont déjà dit voire écrit avant. Mais, la presse occidentale feignait de l’ignorer. Et il a fallu attendre les élections présidentielles pour que le journal américain « Time » du 8 mars 2012 – repris par l’hebdomadaire français Le canard enchaîné – l’écrive finalement:
« La xénophobie de Sarkozy, le président français, flatte bassement l’extrême droite. (…) Sarkozy suggère que le vrai problème de la France, c’est que ‘nous avons trop d’étrangers’. Son père, immigrant hongrois est prévenu » .

La troisième raison : Sarkozy est un criminel de guerre qui aime les rebelles africains.
Primo, cela concerne la Côte d’Ivoire où Ouattara et sa rébellion, depuis le 19 septembre 2002, endeuillent les populations vivant dans ce pays. En effet, au lieu de combattre Ouattara et sa rébellion, ils seront plutôt aidés par Nicolas Sarkozy à commettre même des génocides, notamment celui des Wê et Guérés à Duékoué.
« Lors de leur prise de contrôle de Duékoué et des villages environnant, les FRCI et les Dozos ont massacré des centaines de Guérés sur des critères essentiellement ethniques et politiques» .
Ensuite, Sarkozy va encore les aider à prendre illégalement le pouvoir par les armes.
« En vertu de la résolution 1975 du Conseil de sécurité, les français de l’opération Licorne, entrés en guerre sur décision personnelle du président Sarkozy, ont bombardé Abidjan. Leurs mandat était, en principe de protéger les civils, mais en réalité, il s’agissait de forcer en faveur de Ouattara (…) » .

Autre témoignage de la journaliste français Leslie Varemme illustre encore nos écrits :
« (…) c’est la France et l’ONU qui soutiennent coûte que coûte Ouattara et qui l’aident à préparer cette guerre, (…) qui aident Alassane Ouattara à constituer une armée et à la former. C’est la France et l’ONU qui fournissent toute la logistique de ‘‘l’Etat du Golf’’, le plus petit Etat du monde. (…) À partir du moment où la France comprend que les FRCI n’y arriveront pas et perdent beaucoup d’hommes, elle leur donne un dernier coup de main. Elle pilonne alors avec assiduité la résidence présidentielle où se terre Laurent Gbagbo, ainsi que tous les sites stratégiques» .

Enfin comme cela ne suffisait pas, le 11 avril 2011, Nicolas Sarkozy va perpétrer le coup d’état en Côte d’Ivoire :
« C’est le GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale, une unité d’élite de la gendarmerie française, spécialisée dans les opérations de contre-terroriste et de libération d’otage) qui arrête Laurent Gbagbo à l’intérieur de la résidence et le garde avec une centaine d’hommes qui l’entourent jusqu’à l’arrivée des FRCI.» .

Secundo, la croisade menée en Lybie, le 19 mars 2011, par les puissances impérialistes occidentales sous la direction de Nicolas Sarkozy ont fait de nombreux morts civils.
« Nul doute que le déluge de feu déclenchée sur la Libye laissera dans son sillage une lourde facture humaine. » .

Lisons ensemble cet extrait du journal Canard enchaîné du 26 octobre 2011 illustrant la condamnation à mort du chef de l’Etat libyen Kadhafi par Sarkozy :
« À Paris, au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), à la Direction du renseignement militaire (DRM) et au service action de la DGSE, plusieurs officiers évaluaient à une cinquantaine de membres du COS (Commandement des opérations spéciales) les militaires présents à Syrte. Leur mission : porter assistance aux unités du CNT qui investissaient la ville, quartier par quartier, et, selon le jargon maison utilisé par un officier du CPCO, « ´´traiter´´ le guide libyen et les membres de sa famille ». Une formule codée en cours à la DGSE : « livrer le colis à Renard », et agir en sorte que Kadhafi n’échappe pas à ses poursuivants (une unité du CNT baptisé « Renard ? ». (…) À l’Élysée, on savait depuis la mi-octobre que Kadhafi et l’un de ses fils s’étaient réfugié à Syrte, avec gardes corps et mercenaires. Et Sarko avait chargé le général Benoit Puga, son chef d’état-major particulier, de superviser la chasse à l’ancien dictateur. Ce qu’il a fait en relation avec la « Cuve », le bunker souterrain où des officiers du CPCO sont en contact permanent avec tous les militaires engagés à l’étranger et les services barbouzards. À la DGSE comme à la DRM on ne se gêne pas d’ailleurs pour évoquer l’ « élimination physique »du chef libyen, à la différence des formules bien plus convenables employées par l’Élysée, s’il faut en croire un conseiller du Président».

Tertio, le cas du Mali où Sarkozy et sa bande- pardon son gouvernement-ont auparavant, reçu la rébellion.
« (…) la France se voit reprocher une certaine bienveillance pour la cause touareg. L’an dernier, une délégation du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) avait été discrètement reçue au Quai d’Orsay» .
Pire, la guerre impérialiste menée par Sarkozy en Libye va contribuer au chaos par la suite au Mali. Cependant, Sarkozy ne daignera pas porter secours au Peuple malien.
« (…) Paris est accusé, dans plusieurs capitales, d’avoir contribué au chaos. Après la victoire sur Kadhafi, due à l’initiative de Sarkozy, des centaines de guerriers touareg, alliés ou mercenaires du dictateur, se sont repliés dans le nord du Mali. (…) Le Mali, l’une des rares démocraties africaines, est menacée d’une redoutable guerre civile. Et la France, si interventionniste au Tchad, en Libye et en Côte d’Ivoire, se garde de toute initiative en direction de cet allié francophone. (…) ‘’L’ennemi ne représente pas plus de 300 hommes’’ (…) Conclusion optimiste : le réduire serait ‘’à la portée de n’importe quel Etat’’ ».

2. Pourquoi la victoire de François Hollande n’est pas celle des Africains ?
Concernant M. François Hollande, ne nous faisons pas d’illusions, il a été élu par les Français et pour les Français. En plus, il se reconnait dans le gaullisme avec lequel il compte renouer :
« (…) le clip de campagne de Hollande montrait de Gaulle, le nouveau président lui a rendu hommage lors de son investiture et a même annoncé, le 25 avril, son intention de ‘’presque renouer’’ avec le gaullisme» .

Or, parler du gaullisme, c’est parler de la politique et la pensée du général de Gaulle. Rappelons que de Gaulle fut le créateur de la 5ème république dont il dit lui-même que
« C’est une monarchie élective» .
Et d’ailleurs, la volonté du général a toujours été d’empêcher les indépendances réelles des Etats africains. De Gaulle a plutôt concocté, en lieu et place, ce montre de « françafrique » qui constitue, encore aujourd’hui, un des importants facteurs de sous-développement de certains Etats africains, notamment tous ceux qui ont été sous l’occupation française, baptisée pompeusement colonisation.
« Il veut octroyer une certaine forme de l’indépendance, afin de mieux garder en mains les clés de la dépendance la plus subtile, la plus habile» .
En outre, de Gaulle a toujours exposé clairement la philosophie du gaullisme en ces termes
« (…) sa doctrine touchant la hiérarchie des valeurs : La nécessité en premier lieu. La politique en deuxième lieu. Le droit dans la mesure où on peut le respecter, en troisième lieu. (….) l’expression prend la forme suivante : d’abord la France, ensuite l’Etat. Enfin dans la mesure où on peut le respecter, le droit » .
Voilà qui mérite réflexion et méditation.

3. Conclusion
Beaucoup d’Africains, qui se sont réjouis de la défaite de Nicolas Sarkozy trouveront certainement que je condamne M. François Hollande avant de l’avoir vu à l’œuvre. Je tiens à rassurer ces personnes que je ne lui fais aucun procès d’intention. Je voudrais tout simplement être réaliste comme mon frère Koffi qui m’a envoyé ce SMS de Yamoussoukro à l’annonce des résultats du 6 mai 2012 donnant Hollande vainqueur: « (…) ça change quoi dans notre vie, si ce n’est l’expérimentation d’une autre forme de l’animalité française».
Et je suis d’avis avec lui car depuis que les Etats africains ont acquis ces indépendances formelles en 1960, les six (6) présidents français de la Vème république qui ont précédé M. Hollande, quel que soit leur bord politique, sont déjà « intervenus» militairement 47 fois sur le continent-mère pour les intérêts de la France. C’est pourquoi, nous devons toujours nous mettre à l’esprit que la libération de l’Afrique ne viendra, d’abord et surtout, de la part de ses filles et de ses fils, instruits, éduqués politiquement et intellectuellement.

Tapé GROUBERA
Président du Mouvement pour la Renaissance de l’Afrique (MORAf)
m.moraf@yahoo.fr

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