Augmentation du prix de l’électricité Bruno Koné, porte-parole du gouvernement: « C’est normal que le FMI nous impose ses conditions »
Le conseil des ministres hebdomadaire s’est tenu le mercredi 16 mai 2012, au Palais présidentiel du Plateau. A la fin de cette rencontre, le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, ministre de la Poste et des Technologies de l`information et de la communication, a fait le résumé des échanges et a réagi aux préoccupations des journalistes notamment sur la question de l’augmentation probable du prix de l’électricité.
Tout en indiquant qu’aucune décision n’a été prise en conseil des ministres, relative à une probable augmentation du prix de l’électricité, le porte-parole du gouvernement a fait savoir ceci : «Ce genre de décisions prêtes toujours à interprétation parce qu’on va directement à la conclusion. La conclusion effectivement, c’est qu’il y a un déficit dans le secteur et il y a un équilibre à recréer. Cet équilibre, on peut le recréer, en procédant probablement différemment. Il s’agit de relever la totalité de la ressource qui est levé sur l’activité de production et de commercialisation de l’électricité». Bruno Koné poursuit en soulignant que cette augmentation peut se faire en faisant un tri sur les consommations les plus hautes, importantes, et en maintenant les consommations les plus basses au niveau où elles sont. «On peut accroître la ressource globale qui est levée sur la commercialisation de l’électricité sans pour autant augmenter le prix qui est payé par les consommateurs les plus pauvres.
On peut plafonner le prix qui est supporté par les consommateurs ayant des moyens moindres et relever d’une façon plus importante, peut-être, le prix qui est payé par les consommateurs ayant plus de moyens. De cette façon, vous relevez la ressource globale, vous réglez votre problème de déficit», a-t-il expliqué. Puis il a ajouté que si les industriels sont amenés à payer plus cher leur électricité, on peut déduire que leur prix de revient va s’élever, et par ricochet leur prix de vente aussi. «Mais nous sommes sur un marché concurrentiel. Si vous relevez vos prix de 80 à 100 et que vos concurrents les relèvent de 80 à 81, c’est votre concurrent qui prendra le marché», précise le ministre de la Poste et des Technologies de l`information et de la communication. Il a commenté l’attitude du Fonds monétaire international qui recommande cette augmentation du prix de l’électricité. «A partir du moment où c’est nous qui demandons des soutiens financiers, il n’est pas anormal que ces institutions qui nous viennent en aide, nous imposent leurs conditions. Toutefois, c’est au niveau de l’application de ces conditions que nos Etats doivent faire preuve de créativité», a argumenté Bruno Koné. Puis de rassurer en ces termes : «Pour l’instant, il n’y a pas péril en la demeure. Ne commençons pas à paniquer par rapport à ces mesures qui, peut-être même, n’auront aucun impact sur les prix de vente au détail».
Réduction du cortège des hautes personnalités et sécurité générale
L’autre point saillant du conseil des ministres est relatif à un projet de décret portant organisation de la sécurité des hautes personnalités et des modalités de leur déplacement. Bruno Koné a fait savoir que le gouvernement est informé qu’il y a beaucoup de désagréments subis par les populations en raison des cortèges des hautes personnalités. «
Nous le voyons et nous le subissons aussi. Des mesures ont été proposées pour alléger sensiblement ces cortèges et surtout pour alléger les nuisances subies par les populations.
Un ministre c’est une personnalité ordinaire qui doit être capable de se déplacer comme tout le monde. Naturellement, il faut quelques mesures de sécurité parce que ce sont des personnalités. Mais le ministre n’a pas plus de droits que tous les autres habitants de ce pays. Des mesures sont prises et nous espérons que dans les prochaines semaines vous verrez une amélioration importante à ce niveau » a déclaré le porte-parole du gouvernement.
S’agissant de la situation sécuritaire générale, marquée ces temps-ci par des rafles générales qui créent des grincements de dents, Bruno Koné a affirmé que cela est toujours compliqué. « Si on ne fait rien les populations se plaignent parce que ce sont elles qui sont agressées. Si on veut mettre de l’ordre forcément, ça créé un peu de nuisance autour des uns où les personnes qu’on recherche se trouvent. La police et la gendarmerie feront tout pour respecter les droits des personnes qui n’ont rien à avoir avec des actes malveillants », a-t-il déclaré.
Retour de la Bad et éligibilité de la Côte d’Ivoire à l’Agoa
A en croire le porte-parole du gouvernement, les choses avancent dans le bon sens pour le retour de la Bad (Banque africaine de développement) en Côte d’Ivoire. «La Bad a pris acte de la normalisation de la situation politique et également de la normalisation de la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire. Puisque nous sommes maintenant, selon leur indice de sécurité, au niveau 1 et le niveau 1 est équivalent à celui qui prévaut aujourd’hui à Tunis. Nous sommes donc au même niveau. Donc, rien ne justifie que la Bad n’organise pas son retour dans les meilleurs délais en Côte d’Ivoire », a révélé le ministre de la Poste et des Technologies de l`information et de la communication. Avant d’informer que la Côte d’Ivoire de son côté est en train de créer les conditions de ce retour, à travers la réhabilitation de l’immeuble de la BAD, avec des conditions de relocalisation provisoire (le temps que l’immeuble au Plateau soit prêt), la prise de dispositions pour dégager des terrains qui sont autour de l’immeuble de la BAD et qui vont servir à étendre les locaux de cette institution. A ce conseil des ministres, il y a eu l’adoption d’un projet de décret portant institution d’un système de visa douanier pour l’expédition de vêtements et de produits textiles aux Etats Unis d’Amérique dans le cadre de la loi sur la croissance des possibilités économiques en Afrique, communément appelé Agoa. Il y a eu aussi, a dit Bruno Koné, une autre communication qui met en place une commission permanente qui va s’appeler Agoa Côte d’Ivoire. Le but, précise-t-il, est d’organiser et de planifier l’avancement de toutes les tâches qui vont permettre à la Côte d’ivoire d’être le plus rapidement éligible à l’Agoa.
Construction de 5000 logements à l’intérieur du pays
Le conseil des ministres a enregistré une communication faite par le ministère de la Promotion du Logement et qui concerne la construction de 5 mille logements sociaux et économiques à l’Intérieur du pays. « Il a été proposé pour un certain nombre de villes de l’Intérieur du pays dont Yamoussoukro, Bouaké et San-Pedro où des chantiers plus importants sont prévus. Mais c’est à peu près une centaine de logements pour toutes les autres villes principales de notre pays pour permettre aux cadres de ces villes, aux fonctionnaires, d’être correctement logés», a ajouté le porte-parole du gouvernement.
Poursuivant, Bruno Koné a indiqué que le gouvernement s’est prononcé sur les grands projets de construction ou de réhabilitation qui sont inachevés ou abandonnés dans les districts d’Abidjan et de Yamoussoukro. «Il y a des bâtiments dont les travaux ont été entamés, il y a 10 ans voire 15 ans et qui depuis ne sont pas achevés. Ce sont des pertes pour tout le monde. Il a été décidé de repenser tous ces bâtiments et surtout d’établir un plan d’achèvement des travaux de ces bâtiments (Marché de Yopougon, Palais de justice d’Abobo,…)», a-t-il annoncé. Puis d’informer que des mesures en vue du respect strict des schémas directeurs d’urbanisme d’Abidjan et de Yamoussoukro ont été prises. «Parce qu’un grand nombre d’incidents ont été notés. Incident venant du non respect des règles d’urbanisme et des plans d’urbanisme de ces villes. Des attributions de terrain qui ont été faites par des maires, par des préfets ou même par le ministère de la Construction mais surtout des terrains qui étaient déjà des terrains réservés pour l’usage de l’Etat lui-même ou pour l’usage public. Il a été décidé de prendre des mesures très fermes pour que toutes les attributions qui ont été faites dans des conditions non officielles reviennent à l’Etat », a-t-il soutenu.
Dialogue pouvoir-opposition
Face aux différentes attaques entre le RDR et le FPI par presse interposées, Bruno Koné a souligné que c’est le jeu de la démocratie. « Ne vous arrêtez pas à ce qui se dit dans la presse. Certains font monter la température pour obtenir davantage. On sait ce qui divise. On peut se retrouver, à travers le cadre permanent de dialogue mis en place à Grand-Bassam, et avancer petit à petit vers quelque chose qui soit le plus consensuel possible », a rassuré le porte-parole du gouvernement.
R. Dibi
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