Pluies diluviennes et dégâts – Nous sommes tous fautifs

Carrefour de l'Indénié 11.05.2012 par DR.

Pluies diluviennes – Dans l’attente d’un plan Orsec efficace

Ghislaine Atta Source: Fraternité Matin

Tous les ans à la même période (mai à juillet), à Abidjan, les fortes pluies font beaucoup de dégâts, tant humains que matériels. Les plans Orsec se sont suivis depuis 2009 et se sont chacun soldés par des échecs. Cette année sera-t-elle la bonne ?

Au lieu de se réjouir de la fraîcheur revenue après les fortes chaleurs du premier tiers de l’année, les Abidjanais sont inquiets. Et pour cause. Le mois de mai signe le retour des tornades qui caractérisent la grande saison des pluies. Cette dernière étant connue comme entraînant très souvent des glissements de terrains, des éboulements, des inondations et des vents violents sur une grande partie du territoire national et en particulier dans le District d’Abidjan.

Si la Société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (Sodexam) n’a pas annoncé de grandes pluies dévastatrices pour le mois d’avril, à Abidjan, il n’en est pas de même pour le mois de mai. Le chef du département de la climatologie et de l’agro météorologie, M. Djé Kouakou Bernard, a, en effet, indiqué que de mai à juin, de grandes pluies pourraient tomber : « Il y a donc lieu de se préparer à présent pour en supporter les effets », a-t-il conseillé.

Préparation… le mot est lâché. C’est que chaque année, on se prépare à affronter les pluies diluviennes. Ainsi, depuis le 16 juin 2009, l’État ivoirien avait mis en place un plan Orsec destiné à « assister les populations sinistrées, rassurer et encadrer celles qui sont ou pourraient être en danger du fait de la saison ». Mais la situation cette année-là et les suivantes ne s’est guère améliorée. Le changement de pouvoir n’y a pour l’heure, rien fait.

Anticipation

Au mois de février 2011, 160 sites dangereux avaient été recensés à Abidjan et sa banlieue. Les nouvelles autorités ivoiriennes avaient alors annoncé le recasement « avant la grande saison des pluies » de 6000 personnes identifiées comme occupant des sites risqués dans le District d’Abidjan, par les services du coordonnateur du plan Orsec, le préfet de région, Sidiki Diakité. Le nombre total d’individus « mal installés » s’élevant à 15.533. Le ministre d’État, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko avait, d’ailleurs, rappelé à cette époque que le rôle du gouvernement consistait à anticiper les catastrophes : « Nous ne devons plus offrir le même spectacle chaque année aux Ivoiriens. Il faut anticiper, sensibiliser dans les délais raisonnables. Ces mesures sont prises dans leur propre intérêt. Nous ferons une communication en conseil des ministres. La saison des pluies ne sera plus une saison des deuils », a-t-il promis.

Quelle est la réalité, une grande saison des pluies plus tard ? Le 7 mars dernier, par la voix de son porte-parole, le gouvernement ivoirien en était encore à reconnaître qu’il devait « prendre ses responsabilités (…) et avoir le courage de déguerpir ces personnes » !

Nous sommes en mai 2012 et la grande saison des pluies fait doucement son entrée dans la météo. Mais voici que des quartiers précaires séculaires comme Boribana (commune d’Attécoubé), Gobelet et Colombie (commune de Cocody) et autres bidonvilles de la capitale économique ivoirienne sont encore quasi intacts…

Torts partagés

Mais les autorités ne sont pas les seules fautives, il faut l’avouer, même si l’on estime qu’elles manquent beaucoup de fermeté. Les populations des quartiers précaires sont, elles aussi à blâmer. En effet, chaque tentative de déguerpissement en vue d’un recasement s’est soldée par un échec. A chaque fois, les populations reviennent sur leur site d’origine, estimant, pour les uns que le site de recasement est trop éloigné du lieu de travail, ou pour les autres, que les moyens financiers nécessaires pour reprendre une nouvelle vie ne leur sont pas parvenus ou tout simplement sont insignifiants. D’autres encore préfèrent rester dans la précarité, car cette situation suscite l’intérêt d’organisations caritatives diverses qui s’empressent d’aider « leur prochain » par des dons réguliers en vivres et non vivres. Et quand on sait que la grande saison des pluies est, avec les fêtes religieuses comme la Noël ou le Ramadan, l’une des périodes les plus riches en cadeaux aux habitants des bidonvilles…

Ghislaine ATTA

ghislaine.atta@fratmat.info

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