Hollande président, les pro-Gbabgo contents, et maintenant ?

Venance Konan

Les partisans de Laurent Gbagbo ont fêté la victoire de François Hollande. Nicolas Sarkozy, leur bête noire, a perdu le pouvoir. Cela suffit au bonheur de la plupart d’entre eux.

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Mais il y a une partie d’entre eux, qui croient dur comme fer, que François Hollande désormais au pouvoir en France, fera revenir Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire pour le réinstaller à la tête du pays. Et d’après ce que l’un d’eux m’a raconté, il y a quelques jours, ils auraient déjà fait confectionner un pagne spécial pour accueillir leur héros. Ce sont ceux-là qui détruisent les routes et autres ouvrages construits par le président Ouattara, et que leur champion n’avait pas réalisés lorsqu’il était au pouvoir.

Que leur dire? Que si leur imbécilité les fait vivre, les autres ivoiriens ne peuvent accepter qu’ils les privent du développement auquel ils aspirent. Chacun de nous doit être le gardien vigilant des biens publics et de toutes les infrastructures existantes ou en construction, et dénoncer, sans aucune hésitation, quiconque les détériore ou les détruit.
Rien n’a changé dans les relations France-Afrique

Pour revenir à l’élection de François hollande à la présidence française et les réactions qu’elle suscite en Afrique, elles me rappellent l’élection de François Mitterrand en 1981. J’étais étudiant et je logeais à la cité Mermoz. Il y avait des étudiants tchadiens sur mon palier, et ils s’étaient cotisés pour s’offrir du champagne afin de célébrer la victoire de la gauche en France.

Ils en avaient gros sur le cœur à propos de la politique menée par Giscard d’Estaing dans leur pays, et ils étaient convaincus qu’avec Mitterrand, le socialiste, les choses changeraient. Ce qui s’est passé est que rien n’a changé dans les relations entre la France et les pays africains.

Tous nos dictateurs de l’époque ont continué de couler des jours heureux et ont tous survécu à Mitterrand. Le fameux discours de la Baule dans lequel le Président français liait l’aide de la France à la démocratisation n’a, en fait, consisté qu’à prendre le train en marche. Nous étions déjà dans les rues, d’Abidjan à Kinshasa en passant par Lomé, Cotonou, Brazzaville et Libreville. Et, à la vérité, ce discours n’a rien changé du tout.

A l’exception du Bénin et du Mali, tous nos chefs ont conservé leurs fauteuils et les militaires se sont contentés de troquer leurs vareuses contre des costumes civils. La Françafrique n’a jamais été aussi vigoureuse que sous Mitterrand, qui ne s’était pas gêné pour nommer son propre fils, qui était le copain des rejetons de certains de nos chefs, conseiller Afrique à Élysée.

On se souvient du scandale du «Carrefour du développement», une structure créée pour gérer l’argent qui devait servir à organiser le sommet France-Afrique de Bujumbura (au Burundi). Une bonne partie de cet argent avait transité par «Carrefour du développement» pour atterrir dans certaines poches privées en France. On se souvient du limogeage de Jean-Pierre Cot, ministre de la coopération de Mitterrand, qui avait eu le culot de vouloir moraliser un peu les relations entre la France et certains pays d’Afrique francophone.
Rien ne va changer dans les relations France-Côte d’Ivoire

Tout comme Jean-Marie Bockel sera limogé plus tard par Nicolas Sarkozy pour avoir dit qu’il allait mettre fin à la Françafrique. Alors, l’arrivée de François hollande au pouvoir va-telle changer les relations entre la France et nous?

On peut toujours rêver. N’oublions cependant pas que ce sont Jack Lang et Jean-Marie Le Guen, deux socialistes bon teint, qui sont allés faire la fête avec Gbagbo à la rue Princesse, et nous ont expliqué avec le plus grand sérieux que le Président qu’il nous fallait était Laurent Gbagbo.

Que les travaux pharaoniques que ce dernier était en train de réaliser à Yamoussoukro étaient exactement ce qu’il nous fallait, au moment où nos femmes se faisaient tirer dessus pour avoir protesté contre la vie chère.

François hollande avait dit, pendant sa campagne, que les choses changeraient. Nicolas Sarkozy l’avait dit aussi. Mais il a viré son ministre de la coopération qui avait voulu que les choses changent vraiment. Alors? Laissons le temps à François hollande de s’installer à Élysée et de prendre la température de notre marigot.

Venance Konan

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