« Affaire Ouattara nomme ses parents à la présidence : voici la vérité qu’on vous cache. ». C’est le titre qui barrait la première page du quotidien proche d’Alassane Ouattara, l’Expression dans son édition n°825 du mardi 8 mai 2012. Cet article qui se voulait une réplique à une information livrée par Notre Voie qui dénonçait la gestion familiale du pouvoir d’Etat par Ouattara, sur la base de faits avérés, n’a été que du flop.
Dans sa volonté de défendre son champion, le confrère affirme de façon péremptoire que les nommés Laciné Camara, oncle de Ouattara, Sita Ouattara et Rokia Ouattara, sœurs cadettes du chef de l’Etat, ne figurent pas sur la liste des conseillers à la présidence de la République. Il ajoute que les conseillers d’Alassane Ouattara sont au nombre de 37. Pour n’avoir pas publié la liste des personnes dont il s’agit ici ? Cela n’aurait-il pas eu pour conséquence de mettre fin à la polémique, de battre en brèche les affirmations de Notre Voie ? Faute de l’avoir pas fait parce que ne disposant d’aucun élément de preuve, l’argumentaire de notre confrère est dénué de tout fondement.
En ce qui concerne Touré Mamadou, ci- devant conseiller technique chargé de la jeunesse, l’Expression indique qu’il ne fait pas partie de la famille Ouattara. Là aussi, l’argument de notre confrère est léger.
En fait, ce que Notre Voie dénonce surtout c’est le caractère clanique des nominations de Ouattara. Il faut entendre par là que si ceux qu’il nomme ne sont pas carrément de sa famille, ils sont au moins de la même région que lui. C’est d’ailleurs une constance chez le chef de l’Etat plus que jamais pris au piège de la « politique de rattrape ». Cette ignoble vision des choses qui conduit inéluctablement à des licenciements en masse des cadres des autres régions au bénéfice de ceux issus du Nord. Mais il y a plus grave.
L’Expression confirme une information et tente même de la justifier. Il rapporte dans son édition que le frère cadet de Ouattara, Ibrahim Ouattara dit photocopie, est le DAAF du RDR. Et c’est cela qui lui vaut d’être nommé DAAF à la présidence de la République.
Ibrahim Ouattara à la fois argentier du RDR et de la présidence de la République, c’est la confusion des caisses d’un parti politique, en l’occurrence le RDR, avec celles de l’Etat, c’est- à- dire l’argent de tous les contribuables ivoiriens. Résultat ? Les deux caisses gérées par Ibrahim Ouattara, le frère cadet, sont au service d’un même individu, l’aîné Alassane Ouattata qui se trouve être le président du RDR et le chef de l’Etat. C’est certainement un cas unique au monde.
Par ailleurs, notre confrère explique la nomination de la nièce de Ouattara, Masséré Touré par l’expérience qu’elle aurait acquise à Jeune Afrique. Il en est de même pour Touré Mamadou, conseiller chargé de la jeunesse. Il serait titulaire d’un diplôme de troisième cycle en diplomatie et affaires internationales.
Est-ce seulement dans son entourage, son clan que l’on trouve de telles compétences ?
Réagissant à la question relative au budget de souveraineté de Ouattara qui serait de 300 milliards, selon la Lettre du continent, notre confrère écrit : « Ouattara qui est reconnu pour son orthodoxie financière et sa rigueur dans la gestion ne peut pas se tailler un budget de souveraineté aussi colossal qui fait trois fois celui de Laurent Gbagbo ». Là aussi, l’Expression est à côté de la plaque car il n’apporte aucun élément chiffré pour contredire la Lettre du continent. Si le budget de souveraineté de Ouattara n’est pas de 300 milliards comme tente de le faire croire notre confrère, à combien s’élève-t-il alors ? Il n’en dit rien du tout. Quand on ne sait rien, on se tait sagement.
Par contre, il est un sujet dont l’Expression est parfaitement informé et sur lequel il a soigneusement évité de s’étaler parce qu’il est gênant pour lui, c’est le cas de la Première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara. Elle a été nommée par son mari présidente du Conseil de surveillance du comité national de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants. Ouattara a fait cette annonce devant la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton lors de son passage à Abidjan. Est-ce là un exemple édifiant de bonne gouvernance et de rigueur ?
Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr
notrevoie.com
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