Libre Opinion
Présidence de la République: services communication et juridique vraiment opérationnels ?
Monsieur le Président, permettez-nous, une fois de plus, d’attirer votre attention sur deux faits majeurs, peut-être considérés comme bénins par vos services spécialisés, mais qui, aux plans politique et communicationnel, peuvent générer des effets pernicieux. Il s’agit de deux informations d’une extrême sensibilité rapportées par le bimensuel La lettre du continent dans ses parutions n° 626 du 05 Janvier 2012 et n° 634 du 04 Mai 2012. Nous nous emploierons ici à restituer ces communications dans leur pureté d’origine.
En effet, La lettre du continent dans sa livraison n° 626 du 05 Janvier 2012 indique que vous, Monsieur le Président, êtes littéralement sorti de vos gonds lorsqu’un ami banquier vous a confié, fin Décembre, qu’il a refusé de débourser 40 millions (plus de 65.000 euros) pour insérer une page de publicité dans l’agenda de la Présidence ivoirienne avant d’ironiser : « les agendas, le vrai business ivoirien. »
Egalement, dans son édition n° 634 du 04 Mai 2012, le bimensuel mentionne qu’ « alors qu’il avoisinait 100 milliards de F. CFA sous Laurent GBAGBO, le fond de souveraineté de la Présidence ivoirienne atteindrait aujourd’hui plus 300 milliards de F. CFA (457 millions d’euros). » Et que, c’est votre frère cadet, Téné Birahima OUATTARA, alias « IBO » qui gère cette cagnotte. Pis, il y est aussi rapporté que le cabinet autonome de la première Dame, Dominique OUATTARA, fonctionne à partir du même fond de souveraineté.
Voici donc, de façon substantielle, ce que l’on peut retenir, Monsieur le Président, comme informations afférentes à la machine étatique que vous avez l’honneur de conduire. Mais, parfaitement au fait de votre sens aigu des responsabilités et vos rapports à ces vertus cléricales que sont l’honnêteté, la vérité et la justice, nous n’avons éprouvé aucune difficulté à déceler le caractère fantasmagorique, diffamateur et surtout machiavélique de ces affirmations. Parce que, en notre qualité d’enseignant de philosophie dont le sens critique est constamment en éveil, nous n’adhérons à une assertion que suite au verdict validant du tribunal de la raison, qu’après en avoir donc reconnu la légitimité rationnelle. Toutefois, cela n’est pas le cas pour tout le monde. Sans exagérer, vous n’êtes pas sans savoir, Monsieur le Président, que le taux d’analphabétisme est très élevé en Afrique. Qui plus est, sans verser dans l’invective, notre cher pays est gorgé d’intellectuels d’opérette plus aguichés par les lubies du corps, les espèces sonnantes et trébuchantes que la quête de la vérité comme le voudrait le statut. C’est dire que, très peu de personnes sont aptes à l’abstraction, à l’analyse qui doivent être de mise en de pareilles circonstances. Monsieur le Président, c’est user d’euphémisme que de dire que ces révélations sont d’une extrême gravité et de nature à saper votre honneur aux yeux de vos électeurs et de tout le peuple de Côte d’Ivoire. Voilà pourquoi, son Excellence, nous nous insurgeons contre le mutisme observé par les services communication et juridique de la Présidence qui, en notre sens, auraient du réserver à ces manquements graves un traitement beaucoup plus idoine, efficient. Car dans l’inconscient collectif, opter pour le silence face à des attaques aussi outrancières, est ipso facto appréhendé comme un aveu de culpabilité. L’adage ne dit-il pas que « qui ne dit rien consent » ? Or, il est ici question d’étaler aux yeux de tous, la nature mensongère de ces constructions en y apportant des dénégations probantes, en les déconstruisant à l’épreuve de la preuve, à la torpille de l’analyse critique. Une autre maxime dit qu’on ne répond pas aux coups de pattes de l’âne car, le faire est synonyme de se ravaler au même niveau que lui. Mais, en politique et surtout au plan communicationnel, il s’agit là d’une stratégie inféconde. Puisque l’objectif visé ici, Monsieur le Président, est de vous dépeindre devant votre peuple sous les traits infamants du démagogue qui l’a flatté à travers des promesses mirobolantes pour pouvoir bénéficier de ses suffrages lors de la présidentielle 2010. Et qui, aujourd’hui, tenant les rênes du pouvoir, fait pire que son prédécesseur qu’il a pourtant voué aux gémonies. Si rien n’est fait, ces esprits diaboliques et inutilement revanchards, arriveront, le flux du temps aidant, à dose homéopathique, à graver dans l’esprit des uns et des autres, des contre-vérités qui, si l’on y prend garde, peuvent conduire à des situations malencontreuses, déteindre négativement sur l’électorat.
Le Président sortant français, Monsieur Nicolas SARKOZY, s’est toujours vertement défendu en de pareilles circonstances, chaque fois qu’il a été cité dans un scandale, en estant en justice. C’est la seule façon de se dédouaner honorablement et de garder intacts ses rapports avec son peuple. Dernier exemple en date, lors de la campagne pour le second tour des présidentielles 2012, Mediapart a révélé que l’ex-Premier ministre libyen al-Baghdadi al-Mahmoudi, emprisonné en Tunisie, a affirmé que le régime de Mouammar Kadhafi avait financé la campagne 2007 du candidat Nicolas Sarkozy, propos rapportés par ses avocats. Toujours d’après cette révélation de Mediapart, le Président SARKOZY aurait reçu 50 millions d’euros du satrape-sanguinaire guide libyen selon les déclarations de l’ancien premier Ministre. Depuis, le site d’information avait été visé par une plainte de Nicolas Sarkozy pour « faux et usage de faux », « recel de ces délits » et « publication de fausses nouvelles ». Le site, dirigé par Edwy Plenel, avait répliqué en portant plainte pour « dénonciation calomnieuse ».
Mener des actions judiciaires n’est jamais une chose inutile, Monsieur le Président, lorsqu’on ne se reproche absolument rien, comme c’est votre cas. Pour la manifestation de la vérité, pour rasséréner et conforter vos partisans que nous sommes, de sorte que nous puissions rabattre le caquet aux adversaires lors des éventuelles joutes verbales, il est quelquefois nécessaire d’en découdre judiciairement. En politique, cela rapporte toujours des lauriers. Il s’agit de garder votre image et votre dignité inviolées et inviolables. Par ricochet, nous vous demandons humblement, Monsieur le Président, de titiller un tant soit peu, vos services chargés de la communication et des affaires judiciaires. Nous les trouvons quelque peu apathiques pour ne pas dire embarqués dans un sommeil cataleptique. Qu’ils n’aient pas peur de descendre dans l’arène, nous les soutiendrons, car il n’y a rien de plus mirifique que d’appuyer le vrai, le juste, le beau. Monsieur le Président, nous réclamons une réplique à la mesure de l’attaque. Il y va de votre destin politique, de notre destin politique. Car des mensonges non combattus peuvent au fil du temps, se muer en ‘’vérités’’ dans le subconscient populaire et conditionner les réflexions et agirs futurs. Recevez nos salutations déférentes, Monsieur le Président. A très bientôt et que Dieu nous garde !
DIARRA CHEICKH OUMAR
E-mail : diarra.skououmar262@gmail.com
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