Evasion à la Maca – Le nombre d’évadés par bâtiment
Par Dominique FADEGNON
source: Soir info
Selon nos sources, ils sont issus des bâtiments C (5), A (3) et B (44). Le bâtiment A regroupe, en principe, les condamnés à moins de dix (10) ans. Le bâtiment B est attribué aux prévenus qui n’ont pas encore été condamnés et le bâtiment C est réservé aux auteurs de crimes. Tout commence, peu avant 11H. Profitant de la pluie qui s’abat sur Abidjan et de l’absence de surveillant, des détenus se dirigent vers le mirador, du côté du bâtiment C. Ils bousillent le cadenas et prennent possession des lieux. De là, ils escaladent la clôture haute de près de 10 mètres. Des personnels de l’administration pénitentiaire sont agressés. Des mouvements d’ensemble peu ordinaires sont observés. Très vite, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et des gendarmes, en poste dans la zone, arrivent. Ils libèrent des tirs de sommation qui calment les ardeurs. Les prisonniers qui avaient pris les dispositions de s’enfuir, se rétractent. Ils rompent alors les rangs. Entre-temps, les forces de l’ordre deviennent de plus en plus nombreuses.
Mais jusqu’à ce que nous mettions sous presse, elles ne réussissent pas à mettre la main sur les évadés, malgré l’opération de ratissage. Seulement, il nous revient qu’un garde pénitentiaire, dans son jardin potager, est surpris de voir deux gaillards. Habitué à voir les prisonniers, il conclut, en une fraction de seconde que ceux-ci venaient de prendre le large. A l’aide de son arme blanche (une machette), il réussit à maîtriser les fuyards et à les conduire à la prison. Notons que les gardes pénitentiaires sont sans armes depuis l’évasion de tous les prisonniers de la Maca, le 31 mars 2012, à la faveur de la crise post- électorale.
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Prisons civiles de Côte d’Ivoire: Ces évasions qui inquiètent
Par M’Bra Konan
Trois jours avant (mardi 1er mai 2012), ce sont 96 des 160 détenus de la prison d’Agboville qui se faisaient la belle. Au nord, les villes de Katiola et de Korhogo ont connu leur lot d’évadés respectivement le 25 février et le 13 avril 2012. C’est à Dimbokro qu’en janvier, des prisonniers réussissent à déjouer le dispositif sécuritaire pour prendre la poudre d’escampette. En cinq mois, ce sont six prisons qui ont connu des évasions, à raison d’une évasion à chaque trois semaines. Le mode opératoire est quasiment le même, favorisée par des gardes pénitentiaires peu armés et outillés. Au-delà des similutudes, ces évasions ont des contours inquiétants. Des sources pénitentiaires font état de ce que ces évasions ont pour la plupart été commanditées. En tout état de cause, les évasions en Côte d’Ivoire semblent épouser le même schéma.
De fait, elles sont suivies d’actes criminels perpétrés dans les grandes agglomérations, notamment à Abidjan. Plus grave, on dénombre des tueries et des attaques contre des positions des Forces de l’ordre. Des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) tués à un barrage à Yopougon, par des hommes à bord d’un 4×4 au mois d’avril, en est une illustration. Mais les détenus ou ceux qui facilitent leur évasion ne sont pas dupes. Car, conscients que les gardes sont pour la plupart sans armes appropriées, ils profitent de l’inattention ou simplement bravent leur « autorité » en les prenant en otage avant de disparaître sans être inquiétés. Si les maisons d’arrêt de l’intérieur peuvent être considérées comme de véritables passoires, compte tenu de leur état de vétusté, l’évasion à la Maca, le vendredi 4 mai, est plus qu’inquiétante. Ouverte de nouveau le 16 août 2012, après la crise postélectorale, la Maca qui a englouti environ deux milliards de francs Cfa pour sa réhabilitation est devenue une citadelle imprenable, selon les autorités ivoiriennes.
En clair, les détenus seraient découragés dans leur volonté de s’évader, compte tenu des dispositions sécuritaires ultramodernes installées et des nouvelles grilles. Finalement, une cinquantaine de téméraires n’ont pas eu à forcer leur talent pour se retrouver hors de ce pénitencier. Ce qui inquiète les populations, c’est la suite de ces évasions qui, par expérience, débouchent sur des mutineries ou des coups d’Etat. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les autorités ivoiriennes devraient prendre les dispositions idoines pour éviter que des détenus ne se retrouvent aussi facilement dehors.
M’BRA Konan
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