Le Groupement des opérateurs des TIC en Côte d’Ivoire entourent leur ministre Bruno Koné Le Groupement des opérateurs des TIC en Côte d’Ivoire entourent leur ministre Bruno Koné
(Agence Ecofin) – Après la crise, place à la reconstruction du pays. La Côte d’Ivoire met en œuvre d’ambitieux projets IT pour rattraper son retard dans le domaine des TIC. Il s’agit de lancer une stratégie nationale dans les domaines prioritaires pour créer les conditions d’une économie numérique. Entre autres projets d’automatisation de l’administration de l’Etat, les besoins des marchés d’équipements, d’infrastructures, de logiciels de gestion etc. connaitront une accélération très rapide dans les prochains mois.
Jadis considéré comme le poumon économique de l’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire représentait près de 40% de l’activité économique de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) composée de 8 pays. Mais la longue crise politique a quelque peu freiné ce dynamisme économique.
Le mobile ne connait pas la crise
Véritable indicateur de la vitalité économique des pays, le secteur des TIC a été fortement impacté par cette crise à bien des égards. Même si les TIC ont généré près de 1,3 milliard d’€ de chiffre d’affaires au cours de l’année 2008-2009, représentant ainsi 6 à 8 % du PIB ivoirien, force est de constater qu’un grand nombre de projets d’investissement dans le secteur a été gelé ou reporté du fait de l’incertitude entretenue par cette situation politique qui a précédé la longue crise postélectorale.
En revanche, le secteur mobile n’a pas connu la crise avec un taux de pénétration qui s’établit à près 80% (16 millions d’utilisateurs mobile sur une population totale de 20 millions d’habitants) malgré la trop forte atomicité du marché mobile du fait de la présence de 7 opérateurs de télécommunications.
Les investissements avoisinent aujourd’hui les 150 millions d’€. En principe, ces investissements devraient normalement doubler, mais les insuffisances liées notamment au cadre réglementaire inadapté aux enjeux du développement d’une économie numérique – avec un Code des télécommunications qui datait de 1995- ne militait en faveur de l’accroissement des investissements prévus par les opérateurs. Cette latence a eu des conséquences sur les offres de services et réseaux larges bandes qui sont en deçà des besoins aussi bien sur le réseau national que sur les accès internationaux. A cela s’ajoute aussi un retard important dans la mise en œuvre des réseaux de nouvelle génération de service (NGN, 3G…). « Du coup, l’offre de services de services de contenus locaux est resté très faible », diagnostique André Apete, directeur de cabinet du ministre ivoirien de la Poste et des TIC à l’occasion d’une communication à CCI de Paris sur les TIC en Côte d’Ivoire.
Faible pénétration d’Internet
Si le réseau mobile connait un vrai dynamisme malgré la crise, l’Internet, lui, tarde à décoller avec seulement 5,3% de pénétration pour la téléphonie filaire.
A ce jour, on dénombre que 100 000 téléphones fixes avec une timide offre ADSL qui s’établit à 60 000 abonnés. Cette offre reste très dépendante de l’opérateur historique, Côte d’Ivoire Télécom. Le taux d’équipement informatique est faible entrainant ainsi une insuffisante appropriation par les populations et groupes sociaux de l’utilisation des TIC en général sans parler des problèmes récurrents de cybercriminalité.
Mais l’entrée en service du câble sous-marin SAT-3 dans le pasyage permettra le déploiement d’un backbone pour renforcer la connectivité au niveau national. De plus, d’autres réseaux fibres optiques (Wacs par MTN, de Glo-1 par l’opérateur Globacom et ACE par Orange) viendront renforcer l’offre nationale haut débit notamment avec la mise en service prévue dans le courant de cette année. Tous ces projets devraient accroitre l’accès à internet, y compris les services de large bande, notamment à travers les réseaux de nouvelle génération.
Les besoins d’équipements et d’infrastructure explosent
Les bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, UE ou encore FMI) consacrent une part importante de leurs budgets à l’Afrique. Cette part est en croissance comme l’atteste le 9ème FED (Fond Européen de développement) qui est passé de 13,8 milliards à 22,7 milliards sur les pays ACP, dont l’Afrique représente la grande majorité. Tous les bailleurs de fonds sont sur des volumes d’investissements en forte croissance. La plupart de ces investissements touchent directement l’assistance pour la modernisation des administrations centrales par l’implémentation de projets TIC. « Aujourd’hui, on dénombre chez les bailleurs de fonds plus de 777 appels d’offres internationaux ouverts dont 572 pour le volet TIC », explique Alain Ducass, du Club Exportic. Il s’agit principalement de projets comme le paiement des impôts sur le revenu par téléphone mobile ou encore d’e-santé, d’e-learning, etc.
De son côté, la Banque mondiale est entrain de refondre sa stratégie pour mieux orienter les investissements, notamment dans les domaines de la connectivité, de l’innovation qui consiste à transformer la connectivité en emplois, compte tenu des importants montants déjà investis dans les réseaux. Il faut de l’expertise pour trouver et identifier les besoins, pour développer des secteurs traditionnels par les TIC.
Il y a aussi la transformation qui couvre l’aspect e-gov comme la signature électronique, la cybersécurité, etc. Ce sont autant de secteurs connexes qui seront amenés à se développer prochainement en Afrique.
Signes d’une relance durable
Dans le cadre de son plan quinquennal (2010-2015), le gouvernement ivoirien ouvre aux opérateurs nationaux et internationaux d’importantes opportunités. Il s’agit entre autres du lancement du projet e-gov (construction d’une infrastructure de communication et d’interconnexion de tous les services de l’administration, services TIC aux usagers). Outre l’imminence du lancement de ces projets, plusieurs autres projets sont en cours. Pour Patrick Mbengue, président du Groupement des opérateurs des TIC en Côte d’Ivoire : « le marché ivoirien n’échappe pas aux grandes tendances d’informatisation à l’instar des autres pays d’Afrique ». Les besoins concernent notamment la progicialisation des SI, la mise en place d’outils décisionnels pour améliorer l’efficacité des processus d’entreprise, la mise en place d’outils groupware pour améliorer la collaboration interne et externe ou encore la mise en place d’outils CRM pour améliorer les relations clients ou l’intégration d’outils de mobilité pour gérer les collaborateurs nomades.
La relance du VITIB et la mise en œuvre d’un plan de développement des capacités en ressources humaines avec l’ouverture à la rentrée 2012-2013 de l’Ecole supérieure africaine des technologies de l’information et de la communication (ESATIC) sont autant de projets qui donnent des signes d’une relance durable.
Mohamadou Diallo
Article paru dans CIO MAG No 21
www.cio-mag.com
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