Le Nouveau Courrier
Alassane Ouattara a achevé, lundi dernier, une visite surmédiatisée qu’il a effectuée dans l’ouest du pays, notamment à Man, Toulepleu, Blolequin, Guiglo, Duékoué et Bangolo. Morceaux choisis par l’actuel numéro un ivoirien : l’éternelle litanie de promesses face à des solutions urgentes. C’est à une course contre la montre, comme s’il se retrouvait en territoire hostile, qu’Alassane Ouattara s’est adonné lors de sa visite éclaire dans les régions des 18 montagnes, le Guémon et le Moyen-Cavally. En trois jours, il a pu s’imprégner des réalités des populations de Man, Toulepleu, Blolequin, Guiglo, Bangolo et Duékoué. Dans certaines localités, les populations mobilisées par ses proches pour les besoins de la cause n’ont eu droit qu’à moins d’une heure de présence de leur hôte sur leur sol, souvent même dans l’évitement de la tradition locale.
C’est le cas au stade de Man où, contrairement à Laurent Gbagbo qui avait mâché la noix de cola de ses hôtes après la cérémonie de libation des propriétaires terriens pendant la campagne électorale, Alassane Ouattara s’est dérobé à la tradition. Une pratique courante chez le peuple Dan pour symboliser l’estime qu’il porte à son hôte de marque. Soit. La visite en elle-même était opportune ? En ce sens que dans les régions du Guémon et du Moyen-Cavally notamment, les populations autochtones, propriétaires terriens, dans leur grande majorité, ont déserté les lieux pour se mettre à l’abri des massacres depuis avril 2011.
Il ne s’est pas démarqué de ses incessantes promesses
Leurs biens abandonnés ont été pillés et leurs forêts aujourd’hui aux mains d’allogènes majoritairement burkinabè. L’insécurité est de mise et lorsque certains s’essaient au retour, ils sont taxés de miliciens ou pro-Gbagbo et sont passés à la guillotine. Les Dozos, chasseurs traditionnels originaires du nord de la Côte d’Ivoire et au delà de la frontière ont pris pied dans les régions et s’érigent en justiciers. En s’aventurant dans leurs régions, les populations du Guémon et du Moyen-Cavally s’attendaient à un signal fort de la part d’Alassane Ouattara pour le retour de la normalité. L’actuel numéro un ivoirien était attendu sur le dossier des Dozos qui détiennent illégalement des armes de guerre et se substituent à l’armée régulière dans les villes, villages et campements. Là où l’on s’attendait à un discours de démobilisation de cette confrérie, Ouattara a plutôt préféré leur rendre les honneurs, leur apportant ainsi, de façon sournoise, sa caution à l’exercice de basses manœuvres dans les localités sous leur contrôle. Alassane Ouattara n’a pas également apporté de solutions urgentes à la question de réhabilitation des résidences détruites des populations à qui il demande de retourner chez elles. Elles sont nombreuses à vivre sous les tentes à Duékoué et en dehors de la Côte d’Ivoire, ruinées par la guerre et ne disposant pas de ressources pour se construire ou réhabiliter leur toit. La question foncière, la plus cruciale, Alassane Ouattara l’a botté en touche et l’a lié à la question de la nationalité. Alassane Ouattara veut-il entériner le peuplement des régions du Moyen-Cavally et du Guémon par la colonie d’allogènes burkinabè qui s’arrogent des parcelles de forêts au mépris de la loi sur le foncier ? Donne-t-il des signaux de naturalisation de la cohorte d’allogènes qui prennent pied à l’ouest et entériner leur installation définitive dans les régions en question ? Il a donné son quitus à la nouvelle assemblée qui nous éclairera davantage.
Ce qu’il faut retenir de cette visite, c’est qu’Alassane Ouattara ne s’est pas une fois de plus démarqué de ses incessantes promesses depuis la campagne électorale dont les signaux ne sont nullement visibles depuis un an qu’il a accédé brutalement au pouvoir. Ouattara s’en va, rien ne change dans la vie des populations. Celles qui étaient réfugiées dans leur tente de fortune y retournent…
Par Saint-Claver Oula
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