Revue de la presse ivoirienne du samedi – « la peur dans les coeurs » à Duékoué

Ouest ivoirien: un an après les tueries, « la peur dans les coeurs » à Duékoué

DUEKOUE (AFP Côte d’Ivoire) – « On sent encore la peur dans les coeurs », soupire le curé de Duékoué. Cette localité de l’Ouest ivoirien, où le président Alassane Ouattara est attendu pour la première fois lundi, reste meurtrie un an après avoir connu les pires tueries de la crise postélectorale.

« Au moindre incident les gens sont paniqués », explique à l’AFP le père Dieudonné Dembélé qui, dans la cour de sa mission catholique, avait accueilli jusqu`à 30.000 déplacés fuyant les exactions, dont la quasi-totalité ont été transférés dans un camp à proximité de la cité ou sont retournés chez eux.

Toutefois, « la ville est en train de revivre petit à petit », souligne-t-il. Sur les artères nettoyées et ornées du drapeau ivoirien orange-blanc-vert, des patrouilles militaires circulent à pied ou en jeeps: la ville carrefour proche du Liberia et de la Guinée se prépare à accueillir M. Ouattara, qui commence samedi à Man (à environ 100 km au nord) sa première visite dans l`Ouest, région symbole des déchirements ivoiriens.

Des centaines de personnes ont été tuées à Duékoué et dans ses environs fin mars 2011 à l`occasion de la prise de la ville par les forces pro-Ouattara qui le 11 avril arrêtaient Laurent Gbagbo à Abidjan, mettant fin à une crise née du refus de l’ex-chef d`Etat de reconnaître sa défaite à la présidentielle. La crise de décembre 2010-avril 2011 a fait quelque 3.000 morts, dont un millier dans l`Ouest selon l’ONU.

A Duékoué, en proie depuis des années à des violences interethniques sur fond de conflits fonciers, il reste beaucoup de maisons aux toits détruits l`an dernier au quartier « Carrefour », habité par les autochtones de l`ethnie guéré, comptant de nombreux partisans du président déchu.

Charniers

Le chef du quartier, Edouard Glahou, montre du doigt un terrain couvert de gazon et de fleurs où, dit-il, des charniers ont été découverts. « A Carrefour aujourd’hui, c’est la désolation. Le village est rempli de veuves et d’orphelins abandonnés », lâche-t-il, assis dans la cour de sa modeste maison.

« La seule vue d`une arme de guerre me fait peur et j’en tremble », raconte la septuagénaire Clémentine Glazaï devant un « maquis » (gargote) baptisé « Tolérance, pardon et paix ». La dame n`a quitté qu`il y a deux mois le refuge de la mission catholique.

Selon elle, le quartier, repaire des milices pro-Gbagbo durant la crise, subit encore des descentes des Forces républicaines (FRCI), la nouvelle armée. Ces militaires intègrent de nombreux ex-rebelles nordistes pro-Ouattara, qui avaient pris Duékoué en mars 2011 et sont en premier lieu mis en cause par les ONG internationales pour les tueries.

« Les exactions se poursuivent » dans le quartier « livré à lui-même », dénonce une jeune femme, bébé accroché au dos.

En face, sur une colline, le quartier « Côcôma » est peuplé de dioula, des Ivoiriens venus du nord du pays et considérés comme les plus fervents pro-Ouattara.

« On ne peut pas oublier le passé, mais l`arrivée du président pourrait cicatriser les plaies », avance Bakary Bamba, étudiant à casquette.

Lui et ses amis dioula songent aux exactions des milices pro-Gbagbo, un passé « dramatique et douloureux », et espèrent un avenir meilleur.

Déjà, les temps changent. « Aujourd’hui, les jeunes de +Carrefour+ peuvent fréquenter leurs amis de +Côcôma+, ce qui n’était pas possible il y a un an », affirme Mamadou Bamba, un jeune en boubou blanc et à la barbe épaisse.

Venu parler réconciliation mais aussi développement dans cette région longtemps oubliée, le président Ouattara aura fort à faire.

« Il faudrait du courage pour se relever de ce désastre. Il faut du temps, les coeurs sont meurtris », insiste le père Dembélé.

ABIDJAN (Xinhua) – Voici les principales informations de journaux ivoiriens parus samedi :

FRATERNITE MATIN

Le comité de pilotage du Groupe de travail sur la réforme du secteur de la sécurité (GTRSS) a été lancé mercredi par le ministre délégué auprès du président de la République, chargé de la Défense, Paul Koffi Koffi. Le ministre a expliqué aux nombreux représentants des structures chargées de cette réforme qu’ils disposent de 90 jours pour rendre les résultats de leurs travaux. Il s’agit, dans un délai de 90 jours, de mener ce processus afin que la Côte d’Ivoire puisse disposer d’une armée et de forces de défense mais aussi de forces de sécurité, dans leur ensemble, républicaines, capables d’assurer leurs missions mais aussi de prendre en charge les nouvelles menaces qui pèsent aussi bien sur la Côte d’Ivoire que sur la sous-région, leur a-t-il déclaré. Le ministre a rassuré les acteurs de la réforme de la disponibilité de l’expertise nationale et de l’appui des partenaires au développement. Il a présenté Alain Richard Donwahi comme étant le président du comité scientifique des travaux. Les membres du comité de pilotage ont, quant à eux, pris l’engagement de se mettre au travail pour mener avec succès la mission qui leur est confiée.

LE PATRIOTE

La première visite officielle du chef de l’Etat Alassane Ouattara à partir de ce samedi se prépare activement dans la capitale de la région du Tonkpi. A Man, chaque habitant de la ville attend cette visite avec impatience, car elle est perçue comme celle qui va apporter un plus au développement de la grande citée des montagnes. Les mobilisations vont bon train. Jeunes, femmes, cadres et élus, tous s’impliquent pour éviter un échec. Plus qu’une visite, c’est donc un défi à relever. Mais également une tribune que chaque frange de la société de Man veut saisir pour poser ses problèmes. A Man, l’emploi des jeunes reste une priorité. La réouverture de l’usine de riz (Uniriz) et de celle du café (Unicafé) par Alassane Ouattara pourrait considérablement réduire le chômage. Le problème de l’insécurité qui sévit dans le département constitue également un frein au développement des activités économiques et à l’investissement dans la région.

LE NOUVEAU REVEIL

A Abidjan depuis quelques jours à l’invitation des autorités ivoiriennes, M. Alassane Ba, Directeur général de Shelter Afrique, a rencontré vendredi des promoteurs immobiliers. La ministre de la Promotion du logement, Nialé Kaba, en a profité pour réexpliquer la vision du chef de l’Etat pour combler le déficit en logements qui se situe autour de 400.000 en Côte d’Ivoire. Cette situation, explique Nialé Kaba, est due au désengagement de l’Etat dans la construction directe de logements depuis les années 1980. Le gouvernement entend mettre à la disposition des Ivoiriens des logements à moindre coût et à éviter la prolifération des bidonvilles. C’est dans cette perspective que la ministre Nialé Kaba a obtenu l’adhésion de la Côte d’Ivoire à Shelter Afrique, un groupe panafricain spécialisé dans l’accompagnement, le financement, les prêts, l’octroi de lignes de crédits aux opérateurs économiques exerçant dans l’immobilier ainsi que les intermédiaires financiers. Alassane Ba a assuré que sa structure est disposée à accompagner les promoteurs immobiliers ivoiriens, à condition que ceux-ci fassent preuve de crédibilité et de sérieux dans leur travail.

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