Côte d’Ivoire – Sac de Riz à la place d’ampoule

Gabriel Diabaté – Source: lebanco.net

Le Premier Ministre, M. Jeannot Ahoussou Kouadio et le Ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie, M. Adama Toungara, ont procédé le jeudi 12 avril, dans la commune de Treichville, au lancement officiel du projet de distribution à la population de lampes basse consommation. Aux dires des promoteurs, l’opération devrait permettre la baisse de consommation en énergie de nos foyers.
Ces ampoules dites « ampoules économiques », de type fluorescent, consommeraient 75 fois moins d’énergie que les ampoules ordinaires vendues dans le commerce. Elles auraient également une durée de vie 10 fois plus longue que celle des ampoules ordinaires.
Cette opération, qui s’étendra sur 24 mois pour la couverture nationale, consistera dans un premier temps à remplacer gratuitement un maximum de cinq lampes à incandescence par des lampes basse consommation par ménage.
Si cette initiative doit permettre d’économiser près de 2 milliards de francs CFA chaque année il n’en demeure pas moins que des interrogations subsistent quand à la portée d’une telle opération vu son importance et vis à vis de la politique de l’emploi du gouvernement. Nous sommes ainsi amenés à faire une réflexion sur la stratégie de notre gouvernement à combattre la pauvreté ou à stimuler l’économie de notre pays.
A l’entame nous voudrions saluer l’effort déployé par le gouvernent et la Banque Mondiale pour trouver des solutions afin de réduire la consommation en énergie en Côte d’Ivoire ; cela constitue l’une des multiples stratégies possibles pour sortir le pays de la pauvreté.
A l’observation, cette aide ressemble bien à une démarche de « lobbys » ou groupes de pression économique auprès de la banque mondiale qui cherchent à écouler leur stock d’ampoules déjà manufacturées et qui n’a pas trouvé preneur dans les pays occidentaux.
Ainsi donc une aide purement artificielle et déguisée en opération humanitaire est créée pour écouler tout ce stock. En tenant compte de l’actualité et des réalités de la population en ce moment, une telle opération n’a vraiment pas son sens car le plus urgent pour le citoyen appauvri par la crise multiforme que nous venons de traverser, ce sont les denrées alimentaires et les produits de premières nécessités dont les prix ne cessent de grimper sur nos marchés. Le simulacre de visite du premier ministre sur les marchés pour s’enquérir de la réalité en est un témoignage patent.
Comment se fait-il que les interventions de ces institutions financières soient-elles particulièrement inefficaces en Afrique et non en Asie ou en Amérique du Sud ? Y aurait-il des facteurs typiquement africains pour expliquer cela ? Une banque ne se crée pas pour faire de la charité et lorsque la banque fait un cadeau, c’est parce qu’elle a déjà rentabilisé ses investissements. Toute banque qui s’amuse à faire des dons de charité sans avoir amorti ses placements, se condamne à fermer, faute de pouvoir financer ses opérations grâce à un bilan positif. Aucune banque n’a donc intérêt à déverser des milliards dans des pays pauvres non solvables.
Tout cela finit en cercle vicieux. L’Afrique ne peut plus vivre sans ces fonds d’aide et cela leur donne une raison d’exister. D’où la création d’un besoin purement artificiel. Les rouages sont très complexes mais seuls les pays dominants sont gagnants dans l’affaire. C’est le même mécanisme que la banque. Le banquier prête de l’argent (qui n’est pas à lui) à des personnes pour satisfaire un besoin qui n’est pas forcément primordial. Il ne fait pas cela par charité, il le fait parce qu’il va être bien rémunéré par les intérêts de ce prêt. Il en ressortira une marge importante. Plus la personne aura des moyens faibles, plus les taux seront importants. C’est ce qu’on appelle la rémunération du risque financier. Les fonds internationaux marchent de la même façon mais sur un plan macro. Cela donne l’impression que les deux partis sont dans un partenariat mutuellement profitable, l’un reçoit l’argent demandé, l’autre se rémunère de l’argent prêté.
Ni la Banque mondiale ni le FMI ne nous mettra sur le chemin du développement. C’est à nous de définir notre politique de développement et nos priorités. Ces institutions financières ne sont que des instruments que nous devons utiliser selon nos besoins. Ce ne sont pas à elles de nous dicter nos objectifs en matière de politique de développement. C’est pareil pour un véhicule. C’est nous qui choisissons notre destination et utilisons un véhicule pour nous y rendre. Peut-on imaginer un véhicule nous conduisant à une destination contre notre volonté ?
Revenons donc à ces histoires d’ampoules dites économiques. Il serait plus simple d’investir les 11 milliards de nos francs dans une usine d’ampoules made in Cote d’Ivoire. Non seulement cette usine nous permettrait de couvrir nos besoins en ampoules économiques, mieux, nous pourrions exporter ces ampoules dans la sous-région ouest-africaine. Cela nous ferait gagner plus que distribuer des ampoules manufacturées dans un autre pays et dont nous ne savons même pas l’impact environnemental.
A toutes fins utiles, rappelons que les pays industrialisés savent se débarrasser de tout ce qui est appelé QC FAIL dans le jargon manufacturier. C’est ce qui explique, par exemple, qu’un cellulaire fabriqué en Chine et qui est rejeté par le marché américain pour avoir échoué au test de la qualité, se retrouve en Afrique. Incapables de procéder au test de la qualité les marchés africains deviennent ainsi les dépotoirs de produits de sous-qualité dont certains pays industrialisés veulent se débarrasser.
Notre usine pourrait embaucher des jeunes sans emplois pour la fabrication de ces mêmes ampoules. L’emploi sera garanti et le prix des ampoules sera revu à la baisse. Si la Banque Mondiale décide de faire des dons d’ampoules, nous lui demanderons alors de nous aider dans la lutte contre la pauvreté en achetant ces ampoules manufacturées en COTE D’IVOIRE pour les distribuer aux foyers les plus démunis.
La Côte d’Ivoire étant aussi fournisseur d’électricité à plusieurs pays de la sous-région, nous pourrions imposer notre fourniture d’électricité accompagnée de la vente de nos ampoules manufacturés MADE IN COTE D’IVOIRE aux pays consommateurs. Cela garantira l’emploi et de facto nous deviendrons un pays manufacturier d’énergie électrique. (Route de l’industrialisation)
En conclusion
Combien d’Ivoiriens ont perdus un poste TELE/RADIO/, un PC ou autre équipement électronique ou électrique par la faute de la CIE avec une Haute tension.
La manière la plus simple, c’est l’éducation de la population avec une campagne de sensibilisation nationale continue.
· Pour conserver l’énergie il faut commencer par les immeubles et les usines en les dotant des systèmes DDC / pour les usines il faut les doter des stabilisateurs de haute tension qui sont conçus pour recycler l’énergie «charge fantôme».
· La CIE doit stabiliser la tension et diminuer la perte dans le transport
· Une grande majorité des maisons à Cocody Riviera sont dotées de 2 / 3 Phases comme une usine. Cela démontre l’incapacité technologique de la CIE. Pour résoudre ce problème, il faut les réduire en transportant le minimum pour opérer
· Réduire les charges fantômes
Le terme «charge fantôme» se réfère à l’énergie qu’un appareil ou un dispositif électronique consomme quand il n’est pas réellement mis en marche. Selon le US Département of Energy (DOE), « Dans la maison moyenne, 75 pour cent de l’électricité utilisée pour alimenter les appareils électroniques est consommée lorsque les produits sont éteints. » Un rapport de l’Université de Californie à Berkeley dit que la  »charge fantôme » charge environ 6 pour cent de la consommation résidentielle de l’électricité nationale. Nous pouvons éliminer les charges fantômes en débranchant les appareils électroniques et lorsque nous ne les utilisez pas, ou en les branchant sur une prise multiple, et les éteignant quand ils ne sont pas en cours d’utilisation.
L’électricité n’étant pas bien contrôlée et conservée le consommateur paye la lourde facture. Combien d’Ivoiriens peuvent simplement lire leur facture électrique et la comprendre ?
Espéreront que la distribution des ampoules ne cache pas une prochaine augmentation du cout de l’électricité en Côte d’Ivoire en nous amenant a réduire la consommation par un nouveau type d’ampoule et en augmentant le KW Heure. Surveillons nos factures de près On n’est jamais assez vigilant !

Gabriel Diabaté

ENCADRE
C’est un autre article stimulant de Monsieur Djibril Diabaté dont nous avions aimé l’article précédent qui faisait le plaidoyer pour une véritable industrialisation de la CI par la délocalisation. Cette fois-ci, il est question de ne pas se contenter de la distribution gratuite d’ampoules dites de faible consommation, pour se dire que nous avons une bonne politique énergétique en Cote d’Ivoire. Il y a aussi les bonnes habitudes (de consommation) qu’il faut promouvoir comme par exemple de ne pas gaspiller l’électricité en laissant tous les appareils électriques branchés sans arrêt ou en laissant l’éclairage allumé dans des pièces non occupées. En plus de cela, la Cote d’Ivoire devrait investir beaucoup plus dans les énergies dites renouvelables telles que le solaire et l’éolien. Et puis, si on veut aller vers l’industrialisation, l’ambition de la Cote d’Ivoire devra être de devenir aussi le fabricant de ses lampes importées. En effet, des usines fabricant ces lampes de faible consommation (made in Cote d’Ivoire) pourraient fournir ainsi toute la sous-région en créant ainsi de la richesse sur place et en employant ainsi des centaines ou des milliers de jeunes ivoiriens actuellement sans travail. Soyons donc plus ambitieux.

LEBANCO.NET

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