En Côte d’Ivoire La CPI veille au grain

« Je suis venu m’assurer que la coopération entre la Côte d’Ivoire et la CPI se poursuivra », a déclaré Fatou Bensouda, la future procureure de la Cour pénale internationale, au détour d’un bref séjour à Abidjan en Côte d’Ivoire.

« Maintenant, nous menons nos enquêtes dans l’Ouest du pays », a-t-elle renchéri, avant d’ajouter : « (…) Nos investigations concernent toutes les parties concernant les crimes commis lors de la crise postélectorale (sic) ». La magistrate gambienne qui remplacera dans deux mois le très redouté Luis Moreno Ocampo à la tête de la très haute juridiction internationale, pouvait-elle être plus claire que cela ? A mots couverts, elle demande au président Alassane Dramane Ouattara qui, du reste, l’a reçue en audience, de bien vouloir l’accompagner dans le traitement du dossier ivoirien, et cela en l’assurant de son appui indéfectible.

Cela est d’autant plus nécessaire que l’on se rappelle que la CPI avait annoncé l’élargissement de ses investigations au-delà de la période post-électorale pour en savoir davantage sur les crimes commis depuis 2002, début de la rébellion. On sait qu’il en est, et pas des moindres, dans le camp Ouattara, qui, depuis lors, sont sur la sellette, et qui comptent sur le soutien du président pour se tirer impunément d’affaire. C’est vraisemblablement ce que veut prévenir à tout prix Fatou Bensouda qui, d’ailleurs, entend placer son mandat sous le signe de l’équité et de la justice.

Peut-être redoute-t-elle que lorsque l’heure viendra d’épingler un pro-Ouattara, les autorités ivoiriennes s’y opposent en arguant du principe de la souveraineté des Etats et de la compétence irréfragable de la justice africaine. Autant Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye sans résistance des autorités de son pays, autant tout proche du président Ouattara mis en cause par la CPI doit également répondre des faits à lui reprochés. La réconciliation nationale passe par là aussi. Il ne faut pas donner l’impression de s’acharner uniquement contre les partisans de l’adversaire.

Mais ce qui est sûr, c’est que Fatou Bensouda a de bonnes raisons de poursuivre son lobbying auprès des autorités ivoiriennes, surtout qu’elle présidera déjà le 18 juin prochain l’audience de confirmation de charges contre l’ex-président Laurent Gbagbo qui, du fond de sa cellule à Scheveningen, serait devenu un ange. Veut-elle qu’avant cette date, toutes les personnes impliquées dans les crimes qui ont endeuillé la Côte d’Ivoire lors de la crise postélectorale soient alpaguées et extradées vers la CPI ? En tout cas, pour l’heure, on parle de trois à six personnes qui sont visées par des mandats d’arrêts, et qui ne tarderont pas à rejoindre Gbagbo.

Boundi OUOBA

Le Pays

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Gbagbo devant la Cpi le 18 juin 2012 : La guerre des preuves

Soir Info

Le procureur Luis Moreno Ocampo a passé le relais à Fatou Bensouda. C’est à elle, en effet, qu’il échoit l’opportunité des poursuites au niveau de la Cour pénale internationale (Cpi) dont elle devient la procureure générale. Elle hérite d’un dossier qui, pour l’heure, retient l’attention du monde entier, celui de Laurent Gbagbo détenu à la prison de la Cpi, depuis près de quatre mois. Le procureur Ocampo lui a donc laissé les preuves qu’il disposait jusque-là et qui accableraient l’ancien chef d’Etat ivoirien. Fatou Bensouda s’est engagée dans les pas de son prédécesseur et tient à ‘’ coincer’’ Gbagbo accusé d’avoir « engagé sa responsabilité pénale en tant que co-auteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité à raison de meurtres, de viols et d’autres violences sexuelles, d’actes de persécution et d’autres inhumains», selon la Cpi. Confirmée dans ses fonctions de procureure principale, Bensouda ne perd aucune seconde pour étoffer le dossier d’accusation. A la recherche de bien d’autres preuves, elle a séjourné à Abidjan pour glaner des informations qui pourraient lui être utiles. En attendant l’audience de la confirmation ou non des charges retenues contre Laurent Gbagbo, prévue pour le 18 juin 2012, Fatou Bensouda creuse et fouine pour ressortir des éléments ‘’indiscutables’’ à même de confondre le prisonnier vu comme le plus célèbre de La Haye. Mais, d’obligation, elle devra mettre les preuves recueillies à la disposition de la partie adverse, c`est-à-dire aux Avocats de l’accusé qui à leur tour devront l’étudier et préparer la défense de leur client avant l’audience. Il faut indiquer que cela est conforme aux procédures de la Cpi et les Avocats de Gbagbo se sont d’ailleurs battus pour que cela soit appliqué. La Cpi a fait droit à cette requête et la défense de Gbagbo prendra connaissance à l’avance des preuves que brandirait la procureure. C’est donc à une véritable guerre de preuves que l’on va assister aux cours des audiences. D’un côté, la procureure Bensouda exposera les preuves et soutiendra des arguments contre Gbagbo.

De l’autre, Me Altit s’emploiera à démontrer la vacuité des éléments de sa contradictrice.

Selon diverses sources interrogées, les avocats de Gbagbo ont élaboré une ligne de défense, afin de prendre à défaut l`accusation. Cette ligne de défense s`appuiera sur deux éléments essentiels. Le collectif d`avocats va d`abord plaider «  non coupable«  et brandir «  l`absence de preuves« . A ce sujet, la défense, nous apprend-on, demandera à la procureure d`apporter la preuve matérielle de la culpabilité de leur client plutôt que de se contenter de faire des déductions qui n`auraient aucun poids juridique. Selon certains observateurs, comme Jean Ziegler, politologue et sociologue suisse, le dossier de Gbagbo est vide et il ne serait pas étonnant qu’il soit acquitté. L’accusé Laurent Gbagbo, selon ce qu’a rapporté Laurent Akoun, secrétaire général du Front populaire ivoirien (Fpi, parti d’origine de l’ex-chef d’Etat ivoirien), a dit qu’il reviendrait bientôt au pays, parce qu’incapable de tuer une mouche, il n’a commis ni commandité de crime en Côte d’Ivoire. On comprend que l’audience qui s’ouvre le 18 juin 2012 à la Cpi promet !

Alain BOUABRE
Soir Info

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