Le chef de l’Etat a accordé hier un entretien-vérité à la RTI sur les questions d’actualité, sur sa gestion de l’Etat durant les un an de son mandat et sur la réconciliation. Nous vous proposons en intégralité cette interview sans faux-fuyants.
Entretien radio-télévisé du Président Alassane…
Question : Monsieur le président, la CEDEAO que vous présidez a répondu au coup d’Etat au Mali par la fermeté. Pourquoi ?
ADO : Je voudrais vous remercier, Agnès et Pascal pour cette opportunité. Parce que cela fait presqu’un an que j’ai été élu au suffrage universel par nos compatriotes. C’est un honneur, c’est une charge et je pense que le moment est venu de parler à mes compatriotes. Et de leur dire comment j’ai trouvé la Côte d’Ivoire, ce que nous avons pu faire depuis un an. Et surtout, indiquer où est-ce que nous allons et comment nous allons y arriver ? C’est une opportunité dont je me réjouis personnellement. Je dois signaler que j’avais souhaité le faire depuis plusieurs mois, mais à maintes occasions, nous avons été obligés d’en faire le report. Mais ce soir, je dirais à nos compatriotes, la situation. Commençons par le Mali, un pays voisin de la Côte d’Ivoire. C’est un grand pays. C’est un pays fondateur de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. C’est un pays qui a toujours eu d’excellentes relations avec la Côte d’Ivoire. Je dirais même au plan personnel que quand ma mère a été exfiltrée pendant la grande crise en 2002, c’est au Mali qu’elle a trouvé refuge. Ceci crée des liens. Nous sommes préoccupés par la situation au Mali pour deux raisons. La première, ce qui s’est passé est un coup d’Etat contre la démocratie. Le Mali était une fierté pour tous les démocrates, qui a fait vingt années d’élections normales, paisibles, un environnement d’Etat de droit. Et aussi, c’est un pays qui, malgré ses difficultés, allait de l’avant et faisait des progrès. Ce processus a été interrompu par un coup de force. Cela est inacceptable. D’autant plus que c’est un mauvais exemple. Nous étions fiers, il y a quelques mois, de dire qu’en Afrique de l’Ouest, les régimes démocratiques sont maintenant en majorité et que les quelques cas qui nous restent que je ne citerais pas, sont des cas que nous allons traiter à l’occasion du mandat que les pairs ont bien voulu me confier, et nous voilà devant ce drame. La deuxième raison, c’est que le Mali est menacé de partition. Nous ne pouvons pas accepter cela ! Ni au niveau de la CEDEAO, ni au niveau du continent africain. Nous devons, à tout prix, préservé l’intégrité territoriale du Mali. Je m’emploie personnellement à faire cela avec mes pairs de la CEDEAO et nous devons réussir, parce que si le Mali est divisé et morcelé, c’est un mauvais exemple. Je considère que cette fermeté est dans l’intérêt du Mali et des Maliens. Evidemment, nous souhaitons tous qu’on n’en arrive pas à l’application des sanctions. C’est très simple de ne pas y arriver. La junte militaire qui a fait un coup de force doit rendre le pouvoir aux autorités constitutionnelles et qu’ensemble, nous puissions trouver des voies et moyens de faire en sorte que la légitimité soit installée, que nous puissions nous consacrer au problème du développement du Mali, et que nous puissions régler le problème de préservation de l’intégrité territoriale du Mali.
Q : Quand vous dites légitimité, c’est soit le retour d’ATT, soit le président de l’Assemblée nationale pour assurer l’intérim ?
ADO : Pour moi, l’analyse est simple. Les Maliens ont élu un président après avoir mis en place une Constitution. Les Maliens ont également élu des députés. Dans la Constitution, les choses sont claires. Le Président de la République va jusqu’au terme de son mandat. Il reste deux mois de mandat à ATT, il devrait être remis en selle pour terminer ses deux mois. Maintenant il lui appartient, compte tenu des circonstances et je crois qu’il a dit sur les radios que sa personne importe peu, de décider. En ce moment là, le jeu constitutionnel doit se mettre en œuvre. Cela s’est produit dans d’autres pays. Une fois que ce problème est réglé, il faut effectivement un gouvernement d’union nationale qui permette à tous, d’avoir confiance et de faire en sorte que les élections aient lieu dans les délais rapprochés. La Constitution malienne est à peu près comme la nôtre. En cas de vacance du pouvoir, en cas de démission du chef de l’Etat, les élections doivent être organisées 21 jours au moins et 40 jours au plus. Il appartiendra à la classe politique de voir si cela est possible. Autrement, la CEDEAO sera disponible pour donner un délai supplémentaire mais pas de très longue durée.
Q. : Aujourd’hui, nous savons que Kidal est tombée entre les mains de la rébellion touarègue. Personne ne peut prédire jusqu’où elle ira. Que ferait la CEDEAO pour empêcher l’avancée de cette rébellion ?
ADO : Nous avons mis en alerte les forces d’attente au sein de la CEDEAO. Nous avons 2000 hommes, nous avons des équipements, nous avons demandé à la communauté internationale de nous appuyer, d’appuyer le Mali et les soldats maliens. Notre souhait, c’est d’éviter la guerre. Si la légitimité est rétablie et que les mouvements armés se rendent compte qu’il y a une obligation régionale et internationale, ils quitteront Kidal tout de suite parce qu’ils connaissent les conséquences de ce qui pourrait leur arriver.
Q : Est-ce qu’à ce jour, vous pourrez rassurer les Maliens que demain une armée ouest-africaine pourrait venir à leur secours ?
ADO : l’armée ouest-africaine doit venir au secours des Maliens. Ce qui arrive au Mali, nous arrive tous. Un dérapage va atteindre nécessairement les pays voisins. Regardez le nombre de réfugiés déjà au Burkina et au Niger et même en Mauritanie. Nous devons tout faire pour préserver l’intégrité territoriale du Mali et en tant que président en exercice de la CEDEAO, je mettrai tout en œuvre pour atteindre cet objectif. Bien entendu, cela va de pair avec le retour à l’ordre constitutionnel.
Q : D’après les décisions que la CEDEAO a prises, si les militaires ne cèdent pas le pouvoir jusqu’à lundi, vous actionnerez l’embargo à la fois diplomatique et financier. Le risque de ce genre de situation, c’est que ce sont les populations qui prennent souvent le coup. Ce sont les innocentes personnes qui sont victimes de cette situation.
ADO : C’est vrai. Je pense que ces jeunes gens de la junte doivent comprendre. Qu’est-ce qu’ils nous ont dit, Qu’est ce qu’ils ont dit à nos ministres et à nos chefs d’état-major ? « Nous avons fait ce coup de force parce que les populations souffrent. Parce que nous sommes humiliés de voir qu’une partie de notre territoire est en proie à être détachée du Mali, le coût de la vie est très cher, etc. » Vous savez, nous, nous sommes soucieux d’alléger les souffrances des populations. Ces jeunes gens qui disent qu’ils aiment tant le Mali doivent rentrer dans l’ordre constitutionnel. C’est une obligation pour eux s’ils sont sincères dans ce qu’ils disent. ATT devrait partir dans deux mois, le 08 juin. Qu’est ce que cela leur apporte de rester à la tête d’un Etat et de faire souffrir les Maliens ? Je souhaite pour ma part, et j’ai eu l’occasion de parler au capitaine Sanogo. Je lui ai dit que c’est très dangereux, c’est très grave, intolérable et inacceptable. La place des militaires est dans les casernes. Ce n’est pas au palais présidentiel et je crois que nous- nous sommes compris.
Q : La rébellion au nord du Mali, coup d’Etat à Bamako, des attentats au Nigeria, quelle est la parade de la CEDEAO par rapport à toutes ces violences qui secouent notre région ?
ADO : Vous pouvez ajouter des menaces ailleurs, en Guinée Bissau, etc. La CEDEAO est un espace communautaire. Et mon mandat, je le place sous le sceau de la paix et de la sécurité et également bien sûr, du développement. Le problème de Boko Haram par exemple, le Nigéria a déployé des mesures très fortes. Cette lutte contre le terrorisme est en train de réussir au Nigeria. Nous devons réussir ce qui se passe au Mali et c’est ce que nous sommes en train de faire. Demain (aujourd’hui, ndlr) j’envoie une mission en Guinée Bissau dirigée par le président de la commission de la CEDEAO, avec le chef d’état-major de Côte d’Ivoire et celui du Nigéria pour faire le point. Egalement en Guinée Bissau, nous allons agir. L’objectif de la CEDEAO, c’est d’élargir la démocratie et de l’installer de manière définitive dans notre sous-région. Nous voulons être fiers de constater que notre sous-région a fait un bond spectaculaire en matière de démocratie et d’Etat de droit. Mon mandat est placé sous cet auspice et je ferais tout pour que nous puissions réussir. Jai le soutien des autres chefs d’Etat pour le faire.
Q : De ce point de vue, ce qui s’est passé au Sénégal vous réjouit-il Monsieur le Président ?
ADO : Bien sûr, c’est une fierté ! Heureusement que ces derniers jours, il y a eu le Sénégal. D’abord, ces élections qui ont été paisibles se sont passées dans une ambiance de tranquillité. Je salue le peuple sénégalais. Je ne suis pas surpris. Je salue le Président Wade qui été très élégant et qui, avant même la publication des résultats provisoires, a appelé Macky Sall pour lui dire : « Jeune frère, vous avez gagné et c’est vous le président ». Dix minutes après qu’il eut parlé à Macky Sall, je lui ai parlé et je peux vous dire que j’ai parlé à Macky Sall également. Je crois que la transition va se passer de manière exemplaire. Nous en sommes très fiers. Je félicite le président Wade, je félicite le président Macky Sall. Les liens entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont des liens historiques. Nous sommes très proches, très liés et le Sénégal peut compter sur la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens.
Q : Revenons un moment sur la crise ivoirienne. On vous voit très impliqué dans la recherche de solutions. C’est vraiment le retour de la diplomatie ivoirienne ?
ADO : Tout à fait ! La Côte d’Ivoire a un rôle moteur à jouer dans la sous- région. Et nous devons nous ouvrir. Vous constaterez que depuis le mois de mai que j’ai été effectivement en fonction, j’ai visité douze des quinze pays de la CEDEAO. Pourquoi je l’ai fait ? Pour d’abord indiquer à ces Etats, à ces peuples que la Côte d’Ivoire est un pays d’hospitalité, que nous sommes un peuple hospitalier et que ce qui s’est passé est dépassé. Et que nous voulons nous tourner vers l’avenir. Parce que certains de leurs concitoyens qui ont été brutalisés, qui ont été tués durant cette crise postélectorale. Ce n’était pas facile au début, maintenant que ces Etats, à l’unanimité, m’aient demandé d’assurer la présidence de la CEDEAO, montre que ces voyages ont contribué à donner à la Côte d’Ivoire, la place qu’elle mérite. Je continuerai. La Côte d’Ivoire a des liens non seulement privilégiés mais également la CEDEAO est un marché pour la Côte d’Ivoire. Si nous voulons avoir une extension économique très forte, il faut des marchés d’exportation. Donc il y a un aspect diplomatique, un aspect économique mais surtout, il y a notre volonté de créer une CEDEAO des peuples. Il faut que toutes ces institutions travaillent pour les citoyens des Etats. Il ne faut plus qu’il y ait des difficultés pour un Ivoirien de se rendre au Ghana ou de se rendre au Nigéria avec toutes sortes de paperasseries, d’obstacles. Quand il a son petit commerce, des barrages à tout point de vue. Il faut abolir tout cela pour que nous ayons un espace ouvert comme en Europe. Et c’est comme cela que nous rendrons service à nos peuples.
Q : Monsieur le président, parlons de l’Union africaine, blocage constaté des capacités des chefs de l’Etat à choisir un président de la Commission. Où est-ce que vous allez dans ces dissensions ?
ADO : Nous n’en sommes pas fiers. Je pense que nous aurions dû élire le président de la commission de l’Union africaine à Addis-Abeba. Beaucoup de choses se sont passées, je ne reviendrai pas là-dessus. Pour moi, la démocratie, c’est 50 % + 1 vote. Jean Ping a gagné trois fois de suite les scrutins qui se sont déroulés. Il y a eu un blocage parce que les textes de l’Union africaine sont très compliqués. Nous nous sommes réunis récemment à Cotonou et nous avons trouvé une solution. J’espère qu’au mois de juillet, nous allons pouvoir élire le président de la Commission de l’Union africaine. Nous avons demandé aux deux pays qui avaient des candidats notamment, le Gabon et l’Afrique du Sud, de se retrouver et de nous faire des propositions. Nous pensons qu’ils sont en train de se concerter. Ils nous ont promis de venir vers nous avec une proposition de solutions.
M. le Président, il y a de l’insécurité en Afrique de l’Ouest. La Côte d’ivoire est concernée. Dans le nouveau Gouvernement, vous avez pris vous-même en main, le ministère de la Défense. Qu’est ce que cela induit?
ADO : D’abord, permettez-moi de vous rappeler que je suis le chef suprême des Armées selon notre Constitution.
Q: En tant que Président de la République, vous l’êtes…
ADO : En tant que président de la République, je le suis.
Q : Cela n’était pas suffisant ?
ADO : Je ne suis pas à la recherche de pouvoirs exceptionnels. Maintenant, j’avais un Premier ministre qui avait réussi à tisser des rapports très étroits avec les deux armées qui se sont battues. Parce que je suis un homme d’engagement et de parole, j’ai cédé le poste de Premier ministre au PDCI. Et Guillaume Soro est maintenant président de l’Assemblée nationale. Et nous avons une importante restructuration à faire au niveau des forces de défense et de sécurité. La question de la sécurité s’améliore. Mais, je veux construire une armée forte. Une armée professionnelle, une armée dont nous serons fiers, une armée républicaine comme son nom l’indique d’ailleurs. Et à partir de là, ce n’est pas seulement la protection de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens. Je veux aller au-delà. Je veux que notre armée par exemple, vous parlez de la situation au Mali, que notre armée puisse aller aider les Maliens quand ils ont des difficultés avec ce qui se passe avec les mouvements armés. Je veux qu’à l’avenir, notre armée puisse donner des soldats, des sous-officiers et même des officiers y compris des officiers généraux pour les forces de maintien de la paix dans d’autres pays, sur d’autres continents. Je veux que la Côte d’Ivoire rayonne, qu’on sente que la Côte d’ivoire est un pays qui compte. Je ne dis pas que c’est par l’armée que cela se fait mais nous devons restructurer le système. J’ai réglé le problème économique, le PPTE nous en parlerons car c’est dans quelques semaines, je pense que les grands travaux sont lancés. Je pense que nous avons encore quelques chantiers importants, c’est vrai. Mais la défense est un point où je veux m’impliquer, donner les orientations. Je veux présider moi-même la restructuration. Je veux connaître tous les échelons dans l’armée. Que ce soit les généraux, les colonels, les commandants etc. je veux pouvoir faire les promotions dans l’armée. Que l’armée se dise : voilà, nous avons maintenant un chef suprême qui est juste, qui tient compte de la compétence, du mérite, de l’ancienneté avant de promouvoir les uns et les autres. Je veux donner confiance à l’armée.
Q : M. le Président de la République, dans votre posture de ministre de la Défense, est-ce que vous ne désavouez pas un peu la hiérarchie militaire ? Vous avez dit à un confrère étranger et je vous cite : « j’ai convoqué, il y a peu tous les généraux pour leur dire ceci : s’il n’y a pas d’amélioration en la matière d’ici trois mois, parlant de sécurité, je mets un terme à vos fonctions ». Est-ce que ce n’est pas pour ne pas mettre un terme à leurs fonctions que vous avez décidé de porter vous-même le costume de ministre de la Défense ?
ADO : Non ! Point du tout. La preuve, il y a une amélioration. C’était exactement le 19 décembre. J’ai eu cette réunion dans ce bureau même. J’étais tout à fait choqué par ce qui est arrivé à Vavoua. C’était la suite de plusieurs événements. Et j’ai indiqué aux responsables que leurs responsabilités étaient engagées. Comme la mienne. En allant vers nos compatriotes pour devenir président de la République, je leur ai dit que je les protégerais. Alors, je ne peux pas accepter une situation de désordre, de tueries et autres par rapport à nos concitoyens et à d’autres personnes qui vivent sur notre territoire. J’ai considéré que c’était leurs responsabilités, ils l’exercent très bien. Je suis satisfait de mes responsables et les choses se passent très bien. Mais vous savez, il y a eu deux armées qui se sont combattues. Nous devons restructurer l’armée. Vous savez, restructurer une armée, cela veut dire les intégrer, leur trouver du matériel, des avions, des bateaux, toutes sortes de munitions et ainsi de suite. Et ceci demande aussi un programme économique en réalité. Donc, si je prends en charge le ministère de la Défense ce n’est pas par défiance des responsables militaires bien au contraire, c’est pour les appuyer. C’est pour les aider à faire en sorte que très rapidement, notre armée soit une armée moderne.
Q : C’est vrai qu’en général, lorsque le Président prend le ministère de la Défense, c’est que le pays est en situation d’exception….
ADO: Non ! Point du tout. J’ai été élu démocratiquement. On ne peut pas parler d’exception en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas du tout le cas.
Q : Nous avons compris, la sécurité s’améliore. M le Président, beaucoup d’ivoiriens ne sont pas rassurés par des actes de certaines Frci qui ressemblent à de la défiance. Comment mettre fin à cela ? Comment les ramener dans le droit chemin ?
ADO: Vous savez, je comprends les questions d’insécurité, même si ça s’améliore, il y en a toujours surtout dans les grandes villes. Qu’est-ce que nous avons fait ? J’indiquais tout à l’heure à Agnès, la réunion que nous avons tenue ici le 19 décembre. Et en quelques semaines, nous avons amélioré la situation à Abidjan. Certaines de ces personnes que vous appelez FRCI, mais qui sont de faux FRCI, quelquefois, ce sont des combattants, il y a des miliciens, il y a des anciens prisonniers etc. qui se sont déportés à l’intérieur et là, nous avons également mis en place un programme. Et quand ils ont vu que les grands axes routiers étaient protégés, qu’est-ce qu’ils ont fait, ils ont pris les routes latérales. Après les routes latérales, c’était les pistes. Et nous allons faire en sorte que les Ivoiriens soient protégés et soient tranquilles, même à l’intérieur et cela continuera avec la restructuration qui est en cours.
Q : Comment reconnait- on un faux RFCI d’un vrai ?
ADO : Pour le moment, je ne peux pas le faire, parce que les uniformes ont été volés pendant la crise. On a donné des numéros matricules aux vrais FRCI, en tout cas ceux qui ont été recrutés, ceux qui étaient déjà au niveau des FANCI. C’est pour cela que des unités ont été constituées pour vérifier l’identité de ceux qui sont arrêtés. Ce système m’a permis de retirer plus de 400 personnes qui se faisaient passer pour des FRCI alors qu’ils n’étaient pas de vrais FRCI. Bien entendu, nous avons les quotas additionnels pour recruter un certain nombre de jeunes combattants parce qu’ils ont participé à la crise.
Certains ont pu être recrutés, à peu près 1000. Mais, la difficulté, c’est que beaucoup ont dépassé l’âge pour devenir militaire. D’autres n’ont pas le niveau intellectuel nécessaire pour être recrutés. Il y a des règles à mettre en place. Et en fonction de celles-ci, nous continuerons le recrutement. Et nous ferons en sorte que ces combattants ou anciens combattants qui ont contribué à la sortie de crise, puissent avoir un avenir. Cela ne veut pas dire qu’ils vont tous entrer dans l’armée. Il faut que ces jeunes gens comprennent qu’il n’y a pas que l’armée, il y aura beaucoup de grands projets. Nous avons enregistré beaucoup d’entre eux dans les projets spécifiques et nous continuerons de le faire pour qu’ils aient un avenir et qu’ils abandonnent les armes. Parce que, ne doivent porter les armes que ceux qui en ont le droit, c’est-à-dire les militaires. Nous allons désarmer tous ceux qui ne doivent pas avoir des armes.
Q : Pourquoi la nouvelle armée tant attendue tarde à voir le jour?
ADO : Ce sont des questions complexes, il faut le temps pour bien les régler. Si vous ne le faites pas, vous créez une situation d’instabilité. Quand j’ai véritablement pris fonction, les anciens de l’armée sont venus faire allégeance et depuis, ils se comportent de façon totalement républicaine. Je viens de proposer au président Ali Bongo d’accréditer le général Philippe Mangou comme ambassadeur au Gabon, il l’a accepté. J’ai proposé à Wade que le Général Kassaraté soit l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Sénégal, il l’a accepté. D’ailleurs, il voyage avec moi ce week-end pour aller à l’investiture du nouveau président. Ces généraux, après le 11 avril, je les ai reçus individuellement, j’ai parlé avec eux. Ils m’ont dit des choses que je garde pour moi. J’ai été ému pour beaucoup, j’avais beaucoup de contraintes. Ce sont des hommes bien pour la plupart d’entre eux. Mais, vous savez, si on vous menace, pas vous-mêmes, parce que vous êtes militaires, et vous êtes censés vous battre, mais on menace votre femme, vos enfants, vos filles.
Pardonnez-moi de le dire Madame, mais, on menace de violer vos enfants, des choses comme ça. A un moment donné, vous craquez. Donc, je ne voudrais pas revenir sur cette crise qui nous a tant traumatisés. Mais je veux faire la part des choses. J’ai reçu près de 200 chefs militaires avant de procéder aux nominations dans l’armée, y compris d’ailleurs les anciens commandants de zone en présence du Premier ministre Guillaume Soro en son temps. Parce que je voulais leur dire des choses concernant notre pays. Moi, je ne suis pas le président d’un groupe, j’ai été élu démocratiquement avec un score important. Je suis le président de tous les Ivoiriens. Vous avez servi un autre président, mais c’était votre devoir. Maintenant, il y a un nouveau président, vous devez le servir avec loyauté. Et je suis satisfait de leur comportement.
Q : Vous êtes en train de caser certains généraux, d’autres sont en train de s’interroger sur leur avenir, je pense aux commandants de zone. La CPI est en train de mener ses enquêtes. Si demain certains Commandants de zone sont mis en cause, est-ce que cela ne présentera pas une menace pour votre régime ?
ADO : Pas du tout ! Je considère que c’est un faux procès que certains de ces structures de Droit de l’Homme font. J’ai montré ma détermination à respecter l’Etat de droit. Nous avons créé une commission nationale d’enquête qui est à pied d’œuvre, qui va terminer son travail dans deux ou trois mois. Et à l’issue de son travail, le document sera rendu public. Si certaines personnes ont commis des crimes, ces personnes iront devant le juge.
Q: Justement, vous venez de nommer la présidente de cette Commission, ministre déléguée à la Justice, est-ce qu’il n’y a pas de raison, qu’on doit avoir un doute sur l’objectivité de cette commission ?
ADO: Point du tout, moi je cherche le meilleur à chaque fois que je dois nommer quelqu’un en donnant la préférence aux femmes d’ailleurs. Je connais les reproches qu’on me fait et je m’améliore puisque le nouveau Garde des sceaux est une femme. Qu’est-ce qui s’est passé, la Commission nationale d’enquête a été mise en place. Le ministre de la Justice est venu nous proposer une liste de magistrats, elle était la plus gradée. Elle est, je crois hors série, impeccable par son travail, son objectivité, sa compétence et elle a été nommée à ce poste. A l’occasion du changement du gouvernement avec Maître Ahoussou Jeannot comme Premier ministre, je souhaitais qu’il continue de garder la Justice parce qu’il y fait du bon travail. Et nous avons des dossiers importants à gérer. Je lui ai dit donc : cherchons un Garde des sceaux, de préférence une femme. Et notre choix s’est porté sur elle. J’attends qu’il (le Premier ministre, ndlr) me fasse des propositions à nouveau pour la présidence de la Commission d’enquête.
Les populations empruntent les routes ivoiriennes la peur au ventre. Les jours passent, nous voyons des drames, des morts par la faute des coupeurs de route. Cela est vrai, nous y travaillons. Et il y a des résultats. Tous les matins, je reçois des rapports de la gendarmerie de l’état major me disant il y a eu tel nombre de braquages, de coupeurs de routes. Je peux vous dire, depuis une dizaine de jours, je n’ai quasiment plus d’éléments sur les coupeurs de routes. Il y a trois semaines, c’était 10 par jour.
Q : Peut être un repli stratégique de leur part ?
ADO : Non, nous sommes déterminés à éradiquer ce phénomène et nous allons le faire. Mais, s’il y a quelque chose qui nous gène, c’est le problème de l’embargo. Pour régler ces problèmes, il faut des armes aussi. Quelquefois, ces coupeurs de routes sont mieux armés que l’armée elle-même ou la gendarmerie. Nous allons faire des démarches au près de l’ONU pour avoir ce qu’il faut. Je pense que les choses vont se régler rapidement. Nous montons en puissance et nous allons régler ce problème. Je peux en donner l’assurance à mes compatriotes.
Q : On va parler du problème des moyens de la police et de la gendarmerie chargée de la sécurité des Ivoiriens. Mais, il y a aussi le problème de logement qui revient de manière récurrente. Des policiers qui sont mal logés, qui sont menacés d’être vidés de leur logement. On leur demande d’assurer la sécurité ce n’est pas évident.
ADO : Ce problème de baux administratifs, je l’avais réglé il y a 20 ans. Il y a beaucoup de malversations, il y a beaucoup qui ne sont pas clairs là-dedans. Nous, nous réglerons ce problème, mais, nous voulons faire un audit, nous voulons savoir si des maisons qui sont censées être baillées, sont véritablement baillées. Quelquefois, il y a des adresses qui sont vides et pourtant l’Etat paye des millions à des personnes pour cela. Une fois cet audit sera terminé, et que nous saurons tant de policiers logent dans tant de maisons, ces baux seront régulièrement réglés et les arriérés seront également payées sur une certaine période comme nous le faisons dans tous les secteurs. Nous voulons assurer les policiers que c’est important qu’ils aient un minimum de confort quand ils rentrent chez eux. Ces gens font un travail difficile. Quand ils rentrent chez eux et qu’ils ont des problèmes avec leur propriétaire, ce n’est pas normal, ça veut dire que l’Etat n’a pas fait son travail. Je n’ai pas voulu rentrer dans une série de considérations. Mais, vous savez, j’ai trouvé un Etat déliquescent. La Côte d’Ivoire était en faillite économique et même morale. Je n’ai pas besoin de décrire les choses. Je n’ai pas besoin de donner des exemples, tout le monde le sait, c’était la honte pour mon pays. La manière dont certains dirigeants se comportaient, la Côte d’Ivoire était divisée du fait des autorités elles-mêmes. La Côte d’Ivoire s’était repliée sur elle-même. Il fallait ouvrir la Côte d’Ivoire. Il fallait rassurer nos compatriotes. Il fallait montrer des choses qui n’ont pas été faites que nous pouvons faire. Que nous pouvons reconstruire, réhabiliter les universités, les routes. Qu’il y a des emplois qui seront créés et ainsi de suite. C’est à partir de là que les Ivoiriens seront certains que l’avenir de leurs enfants est quelque chose dont ils auront des fruits.
Q : On reviendra largement sur ce que vous avez fait. Nous allons maintenant passer à un volet qui est la sécurité. Nous savons que l’insécurité règne dans notre pays et certaines régions ont beaucoup plus souffert d’autres. Notamment l’Ouest que vous allez bientôt visiter. Quel message allez-vous délivrer aux populations de cette région. D’autant que beaucoup pensent que la déstabilisation viendra de cette région.
ADO : Non, vous savez cette question de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, je la lis de temps en temps dans la presse. Mais considérez que la Côte d’Ivoire est stable maintenant et qu’il n’y a pas de risque de déstabilisation. Mais certains peuvent se faire des illusions. Maintenant comme le dit le président Félix Houphouët-Boigny, on ne peut pas empêcher quelqu’un de rêver debout. Ceci étant, à l’Ouest, il y a eu des problèmes sérieux. Il y a eu des massacres. La Commission nationale d’enquête a fait un travail important là-bas. Je n’ai pas voulu y aller en visite d’Etat il y a six mois. Moi, je ne voulais pas aller à l’Ouest pour me faire applaudir. Ce n’est pas comme cela que je vois ma fonction. J’ai demandé au Premier ministre d’alors de mettre en place un fonds spécial pour réhabiliter les écoles, les dispensaires, mettre les médicaments dans les dispensaires, reprofiler les routes, acheter des véhicules pour les préfets, reconstruire les préfectures. C’est tout ce qui a été fait et cela est quasiment bouclé. Donc j’irai dans l’Ouest dans la période du 21 au 24 avril. Mais que vais-je dire à mes compatriotes de l’Ouest ? Je vais leur dire qu’ils ont été pris dans un traquenard et manipulés. Certains politiciens les ont utilisés. Mais que cela est derrière nous et que nous sommes tous Ivoiriens et nous devons maintenant nous mettre ensemble pour reconstruire notre pays. Et que j’ai commencé à l’Ouest. J’ai fait plus d’investissements à l’Ouest que nulle part ailleurs depuis que je suis président. Et que je continuerai. D’ailleurs le nombre de réfugiés qui étaient plus de 220 mille est maintenant à moins de 90 mille. C’est que les Ivoiriens reviennent et commencent à avoir confiance. Mais je vais leur dire aussi que certes, tout cela est très dur, mais il faut se réconcilier pour vivre ensemble. Si nous n’arrivons pas à nous mettre cela psychologiquement comme objectif, nous n’allons pas pouvoir aller de l’avant. La réconciliation doit être une priorité. Pour la réconciliation, il faut le pardon et pouvoir exprimer des regrets. Ceux qui ont commis des actes criminels ou semi-criminels doivent pouvoir exprimer des regrets et demander pardon. Ceux qui ont été des victimes doivent accepter les pardons. Je vais leur dire que la priorité pour moi, sera les victimes. Quand j’ai reçu le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, je lui ai dit : « Commencez par le recensement des victimes. S’il faut que je mette pour les années à venir, 50 ou 100 milliards de FCFA, dans un compte spécial pour dédommager les victimes, je vais le faire. Parce que c’est une priorité.
Q : La réconciliation, vous l’avez dit, est une priorité. Un an après votre avènement au pouvoir, où en sommes-nous ?
ADO : Mais nous en sommes au point où la Commission a commencé à faire un travail depuis son installation en septembre, elle fait du bon travail. Parce qu’elle fait un travail d’organisation, de recensement et d’implantation. Mais je vais plus loin…
Q : Mais ce n’est pas le sentiment des Ivoiriens. Pour eux, on n’avance pas beaucoup.
ADO : Vous savez, nos compatriotes sont impatients, parce qu’il y a des choses qui se font. C’est cela qu’il faut remarquer. Parce que si rien n’était, on dirait : « De toutes les façons, comme toujours, ça ne va pas changer ». Mais quand ça bouge, les gens veulent que ça bouge plus vite. Mais moi, je ne dirai pas que très sincèrement la réconciliation n’est pas l’affaire de la seule commission. C’est notre affaire à tous. C’est l’affaire de chaque citoyen ivoirien, du gouvernement, de toutes les institutions. Et nous devons nous y mettre. Parce que si nous ne nous réconcilions pas, dans un pays de 22 ou 23 millions d’habitants, quel rôle voulez-vous que nous jouions avec une population où d’autres Africains sont venus s’installer, comment voulez-vous que nous soyons crédibles dans nos relations avec les autres. Donc la réconciliation est une priorité. Il y a une Commission qui a été mise en place. Vous dites que ce n’est pas assez. Mais cela va s’accélérer. Nous mettrons les moyens à la disposition de cette Commission et j’en appelle à nos concitoyens pour dire que la réconciliation, c’est chacun de nous.
Q : Justement, on ne voit pas beaucoup de signes de réconciliation. L’opposition est campée sur sa position. Est-ce que le transfèrement de l’ancien président à La Haye ne constitue pas le plus gros obstacle ?
ADO : Vraiment, je vois là tellement de contradictions. Voici une situation où il y a eu 3000 morts. Nous avions nous-mêmes, pendant la crise, dit qu’il y a eu des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Nous n’avions pas les outils pour le faire au plan juridique. Nous n’avions pas les juges, les tribunaux, les greffiers. Enfin, j’en passe. Et même, on nous accusait d’avoir une justice des vainqueurs. Alors maintenant qu’il y a le transfèrement à La Haye, il est clair que la justice ne peut pas être considérée comme étant impartial. Les gens devraient s’en réjouir. En plus de cela, pour montrer qu’elle est impartiale, nous avions demandé à la justice que la période d’examen soit seulement la période postélectorale. C’est-à-dire après le 28 novembre 2010. Mais la Cour pénale internationale a décidé Nous devons augmenter le montant que nous consacrons au programme de santé.
Q : Votre programme, M. le président, était porté par un slogan « ADO solutions ». Vous venez d’a vouer que l’université aurait du mal à recaser de nombreux étudiants ivoiriens. Reconnaissez quand même le non succès de la politique de soins gratuits et le problème d’insécurité est encore présent. On se dit, est-ce qu’à l’épreuve du pouvoir vous n’avez plus de problèmes que de solutions ?
ADO : Moi je trouve que j’ai apporté beaucoup de solutions aux problèmes de nos concitoyens et que nous avons fait beaucoup de choses en neuf mois. Mon mandat s’étale sur cinq ans. Donc, il me reste encore cinq ans. Je pense qu’à l’issue des 4 ans, mes compatriotes diront que vous avez tenu vos promesses.
Q : Vous avez promis de faire de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020 un pays émergent. A la question est avec quels ressorts économiques, diplomatiques et politiques ?
ADO : D’abord, je ne sais pas combien de temps nous avons. Sinon, ce sont des questions dont je peux parler longuement. Je vous ai parlé de la diplomatie, de la politique. Maintenant, par rapport à l’économie, les choses ne sont pas très compliquées. La Côte d’Ivoire est une économique qui fait aujourd’hui à peu près 25 milliards de dollars. Et mon objctif, c’est d’avoir un taux de croissance de 10% par an. Nous sommes à 8% cette année. Je crois, l’année prochaine, nous serons à 9% ou 10%. Et sur les 7 ans qui viennent, ce sera à peu près le double. Le revenu par tête d’habitant est d’à peu près 1200 dollars. Et si j’augmente cela de ¾ , je suis à peu près à 2000 dollars par tête d’habitant en 2020. Donc, ce n’est une vue de l’esprit. Ce sont des choses que nous avons calculé. Comment obtenir cette croissance ? Il y a les grands projets. Que ce soit dans le gaz, dans les autoroutes, les chemins de fer. Il y a l’investissement humain. Que ce soit dans le social ou l’éducation. Il y a également l’agriculture, l’autosuffisance alimentaire. Tous ces projets ont été évalués. Les financements, nous les avons à 80%. Et donc nous allons réussir de la faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent. Un pays émergent veut dire aussi qu’un pays qui va sur les marchés de capitaux pour emprunter et qui n’a plus besoin d’aller à la Banque mondiale ou au Front monétaire. Sauf en catastrophe. C’est pour dire, moi j’ai des ambitions pour mon pays. C’est pour cela que je voulais être président. Et je suis en train d’appliquer ce que j’ai promis à mes compatriotes. Et les premiers résultats ne sont pas mauvais et nous allons aller encore plus vite. Mais j’ai un rêve comme le disait Martin Luther King. Et mon rêve, c’est vriament que l’Ivoirien nouveau que nous devons aider à créer soit un Homme serein, qui se sente bien avec lui-même, avec son prochain. Que ce soit l’Ivoirien qui se dise que le travail est la voie du succès et qu’il faut travailler et arrêter d’aller voir les gens pour faire couloir ou se faire pistonner. Parce que le mérite sera récompensé. Pourquoi les Etats Unis sont-ils un grand pays ? Parce qu’aux Etats Unis, les gens travaillent pour sa famille pour avoir une maison et ils sont d’abord américains. Et je rêve de cela. Qu’en Côte d’Ivoire, notre première réaction de d’abord dire que je suis ivoirien. Et ne pas dire je suis ivoirien du centre, du nord, de l’est, du sud. Il faut qu’on y arrive. Et si j’ai un rêve, c’est cela que nous dépassions toutes ces divisions du passé. Qu’on se retrouve avec un pays rayonnant, respecté où on va dire ces gens sont différents d’il y a 5 ans, il y a 10 ans et qui sont sûrs d’eux-mêmes, ils en veulent, ils avancent et ils sont les troisèmes sur le continent. Voilà mon rêve pour notre pays.
Q : Un mot sur vos grands travaux qui figurent sur votre programme de campagne. Le troisième pont, le pont Henri Konan Bédié, l’autoroute du nord, le train à l’ouest. On voit quelques machines pour le troisième pont…
ADO : Vous êtes quand même sévère. On voit quelques machines après tous les investissements qui sont prévus, 160 milliards d’investissements en deux ans. Et ça vient tous les jours. Allez-y au port, vous verrez avec tous ces tracteurs…
Q : Est-ce que ces projets seront réalisés dans les délais ?
ADO : Vous savez, ce n’est pas moi. Ce sont les ministres. Et je reviens à la case de départ, si ces projets ne sont réalisés dans les délais, les ministres ne seront plus en fonction (…)
Retranscrits par
Jean-Claude Coulibaly
Kigbafory Inza
Thiery Latt
et Lacina Ouattara
Les commentaires sont fermés.