Par Hervé Blahyon Tabio
Abidjan, 12 mars (AIP)- Village cosmopolite de plus de 5.000 âmes, situé à 5 km de Duékoué (Ouest, Région du Guémon), sur l’axe Duékoué-Daloa, Niambly porte bien sa caractéristique, faisant cohabiter harmonieusement, autochtones Guéré, allochtones Baoulé et Malinké, ainsi que des allogènes maliens et burkinabé, en dépit d’une profonde fissure désormais du tissu social effiloché par les meurtrissures, engendrées par la crise postélectorale.
Théâtre d’affrontements particulièrement violents entre autochtones et allogènes, qui ont engendré de nombreuses pertes en vies humaines, la destruction et le pillage de plusieurs habitations, Niambly est, aujourd’hui, à l’heure du bilan, un village martyr en pleine reconstruction. Le temps de ce processus, chaque camp se rejette réciproquement la faute.
Assise devant une maison inachevée, dame B.J, autochtone Guéré, se remémore le « calvaire » qu’elle a vécu durant ces affrontements meurtriers. « Si je suis encore en vie, c’est la grâce de Dieu, deux de mes grands-frères sont morts dans ces combats », raconte-t-elle, accusant les allogènes burkinabé et maliens d’être les responsables de tous leurs malheurs. « Ce sont les Burkinabé et les Maliens; ils ont tué et pillé notre maison; regardez où je suis assise aujourd’hui », fulmine-t-elle encore.
Côté allogènes, ces accusations sont rejetées en bloc. « Ce n’est pas vrai, c’est eux, les miliciens Guéré qui nous ont attaqués; ils ont dit vouloir en découdre avec nous, et nous faire repartir d’où nous venons pour notre prétendue appartenance politique », rappelle M. Z.M, un allogène burkinabé. Pour sa part, dame K.G, allochtone Baoulé, tranche en rejetant la faute sur les deux camps. «Tout le monde est fautif. Dans chaque camp, il ya eu violence, ces combats n’ont épargné personne. Nous avons tous perdu des parents. Aujourd’hui, plusieurs personnes se retrouvent dans des camps de réfugiés, parce que leurs habitations ont été saccagées, tout ceci pourquoi ?», peste-t-elle, souhaitant que plus jamais pareille barbarie ne s’empare des ivoiriens pour quelque raison que ce soit.
L’entrée en scène de Solidarités International
Dame K.G salue, à l’occasion, l’action de l’ong Solidarités International qui, depuis son arrivée à Niambly, œuvre activement au retour des déplacés en réhabilitant les habitations détruites. C’est au mois de Novembre 2010, précisément à la mi- novembre, que l’Ong « Solidarités International » pose ses valises à Niambly avec pour objectif d’aider les populations en détresse, et désirant retourner volontairement dans leur village.
Selon cette Ong, sur 18 000 abris détruits et identifiés par les acteurs humanitaires, 10 000 ménages ont besoin d’être assistés dans la reconstruction de leur maison. Cependant faute de moyens, seulement 4100 abris pourront être pris en compte dans la première phase du projet. A ce jour, « Solidarités International » est déjà intervenue auprès de 125 ménages, réhabilitant 37 habitations et construisant complètement 88 maisons dans plusieurs quartiers de Niambly, dans le cadre d’un projet dénommé « Projet Abris », indique-t-on.
L’impact du projet Abris…
Ce projet est entièrement fondé sur la participation des ménages aux travaux de reconstruction. «Les ménages prennent une part active dans la reconstruction des maisons aux côtés d’ouvriers qualifiés pour effectuer les travaux techniques. Ils confectionnent les briques, vont chercher le sable pour le mortier qui sert de joint entre les briques, et le bois nécessaire à la toiture », indique un responsable de l’Ong.
« Cette approche vise in fine à rapprocher les ménages, à les amener à revivre ensemble, et à ne plus se regarder en chien de faïence », soutient-il, relevant que le Projet Abris, outre son aspect construction et réhabilitation revêt un volet réconciliation et cohésion sociale. Ainsi, aussi bien dans la sélection des bénéficiaires que dans la réalisation des travaux de réfection ou de reconstruction, aucune communauté n’est laissée pour compte, afin d’éviter tout risque de frustration et de tension communautaire. Selon les responsables de l’ong « Solidarités international », le projet Abris rencontre l’adhésion des populations. Plusieurs ménages déplacés du fait de la guerre seraient rentrés à Niambly, prêts à apporter leur pierre à la reconstruction de ce village jadis havre de paix.
Un grand nombre de ménages qui n’a pas eu la chance d’être sélectionné pour cette première phase du projet Abris, attendrait avec impatience son tour. Au vu de l’intérêt manifeste exprimé par les populations, l’Ong fait mains et des pieds, en liaison avec des acteurs humanitaires locaux, pour trouver les moyens financiers, en vue de l’exécution de la seconde phase de ce projet qui garantirait le retour effectif des déplacés dans leur village.
(AIP)
hb/seba/nf
Commentaires Facebook