Fpi Hommage des militants à Bohoun Bouabré-Entre douleur et procès du régime Ouattara

Miaka Ouretto qui écrase une larme, Laurent Akoun qui appelle à une solidarité militante autour des enfants Bouabré, Marie-Odette Lorougnon pensive, la tête entre les mains. Les images ne suffisent pas pour décrire l’ambiance qui prévalait dimanche dernier au siège du Cnrd de Cocody à l’occasion d’un après-midi d’hommage au ministre d’Etat Paul Antoine Bohoun Bouabré. «Mourrez, on vous découvre des talents», a dit l’artiste. Les camarades de Paul Antoine Bohoun Bouabré n’ont pas manqué d’évoquer ses talents au-delà de ce que l’on savait de lui. De son entrée à la faculté des sciences économiques de l’université d’Abidjan Cocody à Clairmont-Ferrand (France) où il soutint une thèse de doctorat option économie du développement, Paul Antoine Bohoun Bouabré a marqué son chemin. Rassembleur, travailleur, bon footballeur, politicien policé, le gaucher de charme sur les terrains de football, homme d’Etat transethnique comme l’a présenté le professeur Dédy Séri, ces qualificatifs ne sont pas exhaustifs pour parler du natif de Niakia. Les grandes douleurs sont muettes, dit-on. Pourtant les camarades de parti de Paul Antoine Bohoun Bouabré n’ont pas voulu passer sous silence ses hauts faits de ce serviteur de l’Etat et de militant de première heure du Front populaire ivoirien. Laurent Akoun parlera d’aventure épique, s’agissant du parcours de l’homme. Miaka Ouretto le présentera, de mémoire de député et président de la commission des affaires économiques et financières de l’Assemblée nationale, comme l’inventeur des notions de budget sécurisé, l’inspirateur des logiciels de gestion comme Aster et du Document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp). La douleur était à son comble. L’illustre disparu est avant tout politique et les circonstances de sa mort deviennent du coup le prétexte d’un procès en règle du régime Ouattara. Un message du professeur en exil, Néa Kipré, n’a pas ménagé Charles Diby Koffi. Il lui est reproché de s’être fait complice de la mesure du gel des avoirs de celui-là même qui était son ancien patron et qui a même contribué à son émergence. ‘’Aura-t-il le courage de se rendre aux obsèques à Saioua ?’’, s’est interrogé l’universitaire dans son message posté. Miaka Ouretto dans son discours puisera dans l’action gouvernementale du disparu pour critiquer le régime Ouattara. ‘’Le point d’achèvement qui devrait être atteint en mars 2012 par l’action de Bohoun Bouabré a été reporté à juin 2012. Et ce n’est pas encore certain parce qu’à ce niveau les choses ne sont pas encore au point. Comment peut-on atteindre le point d’achèvement quand la contrainte majeure comme la pauvreté frappe ? Au marché, toutes les ménagères pleurent. Les prix passent du simple au double voire même au triple. Quand les gens ne peuvent pas se soigner, quand ils perdent leurs emplois, c’est ça la grande pauvreté. (…) Pourquoi devons-nous toujours nous autodétruire dans cette Afrique des grandes contradictions. Que voulons-nous ? Devons-nous rester toujours à la traîne des autres ?’’, s’est interrogé Miaka Ouretto. Le professeur Dédy Séri stigmatisera ce qu’il qualifie de tribalisation du pouvoir en présentant Bohoun Bouabré comme un homme au-dessus des ethnies qui n’avait pas que des Bété dans son cabinet et qui est allé plus loin, révèle Pr. Dédy en tissant une solide amitié avec le département de Transua dans le Zanzan. Léa l’épouse, sanglée dans un ensemble noir et les enfants Bohoun : Kévin, Sarah, José…ont trouvé le temps d’un après-midi consolation et solidarité avant l’ultime séparation de Niakia le samedi 31 mars 2012.

S. Débailly
L’Intelligent d’Abidjan

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