Il est désormais seul à la prison de Bouna. De la dizaine de prisonniers membres de l’ancien régime, au lendemain du conflit post électoral, notamment Diabaté Bêh, Gnamien Yao, Serges Boguhé, Affi N’Guessan reste le seul détenu politique pro Gbagbo à Bouna. Et ce, après la récente évacuation de Michel Gbagbo, le fils de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, à la Polyclinique Sainte Anne Marie (PISAM) d’Abidjan pour des raisons de santé. Selon certaines confidences, le départ de Michel de Bouna a été éprouvant pour Affi N’Guessan, qui se trouve ainsi plongé dans la solitude, dans cet univers carcéral. Il vit seul dans une cellule et n’a pas de contact avec les autres prisonniers, sauf quelquefois aux heures de sport, dans un espace aménagé à cet effet au sein de la prison de Bouna. La solitude n’a cependant guère changé les habitudes du président du Front Populaire Ivoirien. Côté repas, il affectionne la plupart des mets ivoiriens, dont le poulet kedjenou, le foutou, le riz, la sauce arachide, l’attieke, l’alloco. En outre, raconte-t-on, Affi consacre beaucoup de temps à la lecture. Grâce à une autorisation délivrée par le 3ème cabinet d’Instruction du Tribunal d’Abidjan Plateau, Affi N’Guessan peut recevoir des visites. La plus récente, a-t-on appris, est celle de son épouse, qui viendrait régulièrement à Bouna. Côté santé, le président du FPI est bien traité. Il reçoit, trois fois par semaine, la visite d’un médecin pour examiner son état de santé. En dépit de tout cela, la solitude d’Affi N’Guessan reste totale après le départ de ceux qui ont partagé avec lui aussi bien les mêmes convictions politiques, que le calvaire de l’univers carcéral.
Michel Gbagbo
Sur le cas Michel Gbagbo, on en sait un peu plus sur son évacuation à Abidjan. Selon des témoins, ce sont des agents de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), venus d’Abidjan le mercredi 07 mars 2012, qui ont embarqué Michel Gbagbo pour la Pisam. On le sait, le fils aîné de Laurent Gbagbo souffrait d’un mal de dent. En octobre dernier, le mal s’est déclenché et a valu à Michel Gbagbo d’être conduit au Centre Hospitalier Régional (CHR) de Bondoukou pour y recevoir des soins. Le malade avait été soulagé, avant de piquer quelques mois plus tard, une autre crise qui l’a conduit cette fois à la polyclinique d’Abidjan. Quelques semaines avant son évacuation à la PISAM, Michel aurait reçu la visite d’une délégation du consulat français. «La délégation est arrivée autour de 14h et s’est rendue directement à la prison civile, où elle est restée pendant une demi-heure, avant de quitter la ville autour de 15h par avion», nous a rapporté notre informateur qui a requis l’anonymat. Par ailleurs, note-t-il, Michel aurait été surpris par l’annonce de son évacuation à Abidjan, alors que des dispositions avaient été prises pour le faire soigner à Bondoukou. De sources concordantes, «Michel Gbagbo n’affichait pas l’air d’un individu souffrant d’un quelconque mal. Il avait plutôt bonne mine», a souligné un autre témoin. Notons que la prison civile de Bouna se trouve au quartier administratif. Elle compte sept (07) cellules dont cinq destinées aux hommes, une (01) aux femmes et une autre (01) aux mineurs. Depuis le 13 décembre dernier, environ une dizaine de prisonniers occupent les cellules de la prison de Bouna. Parmi eux, Affi N’Guessan reste le seul détenu pro-Gbagbo.
Solange Koblan,
envoyée spéciale
Source L’Inter
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