L’expression
Après des années de difficultés qui ont malheureusement débouché sur la mise à liquidation de la « Société Nouvelle Air Ivoire », les nouvelles autorités, fortes de l’expérience passée, ont considéré qu’il était indispensable de récréer une compagnie nationale forte en synergie avec l’Aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan pour redonner à la capitale économique un hub, outil indispensable au rayonnement de la Côte d’Ivoire.
M. le Président, après des années de difficultés qui ont vu les sociétés Air Ivoire, Nouvelle Air Ivoire naître et disparaître, les nouvelles autorités ont pris la décision de créer une compagnie forte. Vous êtes le président du conseil de pilotage chargé de la mise sur pied de la nouvelle compagnie nationale. Pouvez-vous nous dire en quelques mots le sentiment qui vous anime ?
Un sentiment de fierté… M. le président de la République m’a demandé, suite à la liquidation d’Air Ivoire, d’étudier la possibilité de créer une nouvelle compagnie nationale. J’ai pris contact avec un nombre d’Ivoiriens et aussi des partenaires techniques. Nous travaillons jour après jour pour la mise sur pied de cette compagnie. J’ai dirigé Air Ivoire de 1979-1994, je me suis donc occupé d’aviation puis les années suivantes, il y a eu une rupture jusqu’en 2000 où j’ai été nommé ministre des Transports. Fort de cette expérience, je pense qu’il y a beaucoup à faire dans ce domaine et je suis fier d’entreprendre cette mission qui aura un heureux aboutissement. Au total, en créant une compagnie nationale forte, on crée un hub à Abidjan, et c’est notre ambition.
M. le Président, quelles stratégies allez-vous déployez afin que la nouvelle compagnie nationale ne retombe pas dans les travers du passé ?
Je préfère ne pas m’engager maintenant. Je voudrais signaler qu’il y a un préalable qui est de créer la compagnie avec de bons partenaires, ensuite, nous allons définir les missions de cette compagnie et lui donner les moyens et les meilleurs dirigeants afin d’éviter qu’elle ne subisse le même sort que les compagnies précédentes. Une fois cela fait, nous dévoilerons au moment venu notre stratégie.
Quels sont vos partenaires face à ce défi majeur?
Notre partenaire c’est Air France qui dessert depuis des années notre capitale. Air France est une grande compagnie qui a une grande expérience de l’Afrique. Il est bon pour les petits que nous sommes de travailler avec des grands. Les discussions au niveau du partenariat sont enrichissantes. Nous allons certainement aboutir à de bons accords. Nous avons à nos côtés quelques anciens cadres d’Air Ivoire qui travaillent avec nous que nous saluons au passage pour leur courage et surtout leur abnégation.
A quand le premier vol?
Nous allons opérer le premier vol au dernier semestre 2012. Nous allons faire des vols régionaux et des vols domestiques.
Peut-on avoir une idée de la flotte de notre future compagnie nationale?
Nous aurons une flotte digne d’une compagnie nationale. Nous effectuerons les vols régionaux avec des Airbus(A319) et les vols domestiques avec des avions de type ATR42 ou EMBRAER 120
Un petit mot sur la gestion des ressources humaines qui demeure une des conditions de réussite de nos compagnies africaines. N’est-il pas nécessaire d’apporter du sang neuf à un secteur mis à mal par une mauvaise gestion du capital humain ?
La compagnie qui va voir le jour dans quelques semaines n’a rien à voir avec Air Ivoire. Nous n’allons pas faire du nouveau avec de « vieilles casseroles ». Il faut du nouveau sang. En matière de gestion des ressources humaines, il y a des ratios à respecter. Le recrutement est lié au nombre d’avions et au nombre d’escales. Nous ferons tout dans les règles de l’art. Bien sûr, nous allons offrir des emplois à nos compatriotes, nous prendrons aussi les meilleurs éléments de l’ancienne structure, mais nous veillerons à ne pas tomber dans les travers du passé.
Vous êtes conseiller du chef de l’Etat dans tout ce qui touche au domaine aéroportuaire et vous avez été nommé président du comité de pilotage de la nouvelle compagnie Air Côte d’Ivoire. Quel sont les changements à venir?
Pour l’instant, je ne suis que le président du comité de pilotage de la future Air Côte d’Ivoire. En ma qualité de Président du Conseil d’administration d’AERIA, je pense que la présence d’une compagnie nationale va créer un hub à Abidjan ; ce qui va augmenter le chiffre d’affaires d’AERIA. Ce changement permettra à AERIA d’investir à Abidjan dans le cadre de sa nouvelle convention de concession. Nous attendons des investissements dans le domaine aéroportuaire notamment :
• le domaine hôtelier : de grandes chaînes hôtelières telles que Radisson, Kempinski pourront construire sur notre aéroport des hôtels 5 étoiles.
• le domaine immobilier: des investisseurs pourront faire des logements pour les travailleurs de la plate-forme aéroportuaire.
• le domaine de la formation : des investisseurs permettront la création d’une académie des métiers de l’aérien et de la météorologie etc.
Autant d’investissements qui ont pour gage de réussite une synergie totale entre la compagnie nationale et l’aéroport.
Un petit mot sur la certification de l’Aéroport international Félix Houphouët-Boigny ?
La certification relève du domaine régalien. Il relève du pouvoir de l’aviation civile qui a un Directeur général ouvert et ayant pour objectif d’obtenir la certification de notre aéroport. C’est un challenge! En ce qui nous concerne, nous allons apporter notre soutien financier et notre technicité à travers notre partenaire technique de référence qui est le Groupe EGIS. Nous pensons qu’en conjuguant nos forces, nous obtiendrons la certification très rapidement.
Il est de plus en plus question de créer, conformément aux normes de l’Organisation internationale de l’aviation civile(Oaci), un cadre unique de gestion de la sûreté et de la sécurité au niveau de l’aéroport d’Abidjan qui sera chargé de la mise en œuvre des mesures de sûreté et de sécurité et de la coordination de l’ensemble des acteurs qui en ont la charge sur l’aéroport d’Abidjan. Quelle est votre analyse.
Le constat est triste: beaucoup d’entités dans cet aéroport fonctionnent sans aucune coordination les unes avec les autres. A ce sujet, le gouvernement a l’intention de créer une haute autorité qui va permettre une synergie entre les différentes structures présentes afin de faciliter la certification notre aéroport.
Croyez-vous en l’avenir de l’Aéroport international Félix Houphouët-Boigny en cette période de sortie de crise?
Je suis optimiste quant à l’avenir de l’Aéroport International Félix Houphouët Boigny d’Abidjan. En regardant l’histoire de cet aéroport, nous remarquons que ce bel outil de développement a connu une augmentation de son trafic depuis 1996 pour atteindre un pic en 1999 avec 1 250 000 passagers. Avec la crise, notre aéroport a connu un recul important, il est tombé à 700 000 passagers en 2004 au moment où ses concurrents tels que Dakar, Accra, Lomé étaient en croissance exponentielle. Nous sommes convaincus qu’avec la normalisation de la situation sociopolitique, nous allons récupérer la place qui est la nôtre. Nous avons, à cet effet, un aéroport doté d’infrastructures modernes et la création d’une compagnie nationale forte en synergie avec l’Aéroport international Houphouët-Boigny d’Abidjan va redonner à Abidjan un hub, outil indispensable au rayonnement de la Côte d’Ivoire dans la sous-région.
Extrait de Magazine Aéroport d’Abidjan N° 001
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