Moralisation de la vie publique, la fin de l’impunité ? (Analyse)

Les ministres Ouleto et Mabri

ABIDJAN (Xinhua) – Les nouvelles autorités ivoiriennes se montrent de plus en plus déterminées à mettre en oeuvre la bonne gouvernance, faisant ainsi de la moralisation de la vie publique leur cheval de bataille.

Pour de nombreux observateurs, les nouvelles règles imprimées de manière progressive à tous les niveaux de la société ivoirienne devraient marquer la fin de l’impunité dans le domaine de la gestion des affaires publiques.

Sous la houlette du chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, des autorités étatiques ont pris le taureau par les cornes pour mettre le holà à la gabegie qui constitue un « frein » au dynamisme de la « machine administrative ».

Dans cette mouvance, le Secrétariat national à la Bonne gouvernance et le ministère de la Fonction publique ont convenu d’une charte d’éthique et de déontologie des agents du public.

Pour le ministre ivoirien de la Fonction publique Gnamien Konan, il est grand temps que les responsables au plus haut niveau de l’Etat s’approprient cette charte qui vise à mettre fin à l’enrichissement illicite, et qu’ils donnent l’exemple par des actes.

« La différence entre les nations s’explique par la différence entre les principes et les valeurs que ces nations se donnent et qu’elles respectent », avait souligné M. Konan, lors de la réception officielle du projet de charte.

Sur cette lancée, le gouvernement a exprimé à plusieurs occasions sa volonté d’assainir la gestion économique de la Côte d’Ivoire.

Le ministre ivoirien de l’Economie et des finances Charles Koffi Diby s’est lui aussi inscrit dans cette dynamique, en annonçant lors de la rentrée budgétaire 2012 la création d’une brigade anti-corruption.

TRAQUER LES MAUVAIS GRAINS

A en croire celui-ci, la structure principalement chargée de combattre la corruption sous toutes ses formes reflète la volonté du gouvernement de traquer et réprimer la mauvaise gestion.

« La brigade va contribuer à la bonne gouvernance en favorisant l’optimisation de la dépense publique et l’amélioration du climat des affaires en Côte d’Ivoire », avait-il expliqué, faisant état d’une « mesure très attendue pour une économie plus forte ».

Le nouveau Premier ministre ivoirien Jeannot Ahoussou n’en est pas moins déterminé.

Pour celui-ci, il faut changer de comportement à tous les niveaux et faire preuve d’un sens élevé du devoir et du service.

« Dans ce sens, la lutte contre la corruption sous toutes ses formes sera une de nos priorités. Car il nous faut extirper cette gangrène de notre société et de nos administrations afin de donner un nouveau visage au service public », a promis M. Ahoussou.

« Pour notre part, membres du Gouvernement, nous entendons nous adosser résolument à la charte d’éthique que nous avons adoptée afin de donner nous mêmes l’exemple par une gestion transparente et responsable des biens publics », a-t-il insisté.

LES HAUTS RESPONSABLES INVITÉS ONT DONNER L’EXEMPLE

Ces divers engagements réjouissent le président ivoirien Alassane Ouattara qui ne manque aucune occasion de réitérer sa résolution à assainir la gouvernance et la gestion tous azimuts.

« Vous avez tous signé une charte d’éthique. Vous vous êtes engagés devant la Nation à respecter des règles, des valeurs morales et des principes déontologiques qui devront guider votre action. Je tiens au respect scrupuleux de cette charte et je n’hésiterai pas à mettre fin aux fonctions des ministres qui en violeraient les règles ou pour qui des preuves seraient avérées », avait-il prévenu lors du conseil des ministres du 14 mars qui faisait suite à la formation du nouveau gouvernement et à la désignation du nouveau Premier ministre.

Pour le chef de l’Etat ivoirien, il s’avère tout à fait que la lutte contre la corruption commence par le sommet afin que les hauts responsables puissent constituer une poche de moralité et servir d’exemple et de modèle.

« La fonction ministérielle est l’une des charges les plus élevées au sein de l’Etat, et les ministres ont des devoirs vis-à- vis de nos concitoyens et de la Nation entière. J »attends donc que le comportement de chacun d’eux soit exemplaire et compatible avec les principes, les valeurs, les règles et les mesures contenus dans la charte d’éthique du gouvernement », avait-il alors souligné.

DES SANCTIONS POUR TOUS LES CONTREVENANTS

Pour les dirigeants ivoiriens, il importe de relever le défi de la bonne gouvernance pour la notoriété du pays et le bien-être des populations.

Les sanctions sont ainsi prévues à tous les niveaux, afin que les coupables de malversations soient sévèrement punies, quelle que soit leur fonction et quel que soit leur statut.

« C’est le prix d’une reconstruction réussie et d’un redécollage économique de notre pays », a commenté Léandre Konin, enseignant des sciences économiques à l’université de Cocody.

La Côte d’Ivoire tente de sortir d’une crise post-électorale aigüe qui a secoué le pays cinq mois durant.

Les nouvelles autorités ivoiriennes se sont engagées à juguler la gabegie et corruption pour assainir les finances du pays.

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