ABIDJAN (Xinhua) – L’annonce par les agents du secteur médical et paramédical public d’aller en grève le 3 avril pourrait traduire une rupture de la trêve sociale et sonner la fin de l’état de grâce pour le gouvernement ivoirien.
Les personnels exerçant dans les hôpitaux publics ont déposé vendredi un préavis de grève à l’issue d’une assemblée générale tenue par 14 syndicats de la santé regroupant les médecins, les infirmiers, les sages-femmes, les techniciens d’imagerie médicale et autres praticiens de soins.
La plate-forme réclame le paiement intégral des indemnités de fonction accordées en 2007 aux cadres supérieurs et aux personnels techniques de la santé, le paiement intégral de 36 mois d’arriérés de la moitié des indemnités de fonction qui ont pris effet depuis janvier 2009 et la poursuite du glissement catégoriel des cadres supérieurs de la santé, suspendu depuis 2007.
Elle souhaite également voir doter le personnel soignant d’un statut particulier valorisant, la signature du décret portant profil de carrière des infirmiers et sages-femmes, l’ouverture du concours spécial d’intégration à la Fonction publique des agents d’hygiène (filles et garçons de salle).
« Les camarades ont constaté avec regret et indignation que malgré les vives interpellations du gouvernement depuis le 7 janvier, la moindre solution n’a été apportée à aucun des points de la plate-forme de revendications », explique le porte-parole des syndicats, Ernest Boka.
« La période de deux mois de patience et de discussions que la coordination des syndicats de santé s’est imposée depuis janvier 2012, s’est soldée par un échec total, qui n’est pas de nature à garantir un apaisement du front social dans notre secteur », a-t-il menacé.
Au nom des sages-femmes, Hélène Gnionsahé, a appelé le gouvernement à ne pas « jouer à cache-cache » avec les personnels de santé.
« Pendant qu’il est encore temps, le gouvernement doit ouvrir le dialogue social pour dégager ensemble des solutions efficaces et durables et éviter une fermeture des hôpitaux », a-t-elle souligné.
Dans une interview à la télévision nationale, l’ex-Premier ministre, Guillaume Soro, se félicitait de la patience des syndicats.
« Il y a tellement de conditions que nous devons d’abord lever, franchir avant de procéder à la redistribution de richesses. Mais je suis content que les syndicats comprennent l’urgence. Aujourd’hui, la priorité des Ivoiriens, c’est de faire leur réconciliation, de procéder à la reconstruction du pays, de créer les emplois, de rendre dynamique le secteur privé pour accompagner le processus », avait-il dit.
Guillaume Soro a démissionné de son poste et un nouveau gouvernement a été formé mardi avec à sa tête Jeannot Ahoussou Kouadio nommé Premier ministre.
Le premier gouvernement mis en place le 2 juin dernier par le président Alassane Ouattara n’avait fait face qu’à de sporadiques et intermittentes actions de mécontentement de groupuscules à Abidjan avec, notamment, une manifestation d’élèves sourds-muets et l’occupation de la route menant à Grand-Bassam par des femmes protestant contre les coupures intempestives de l’électricité dans la commune de Port-Bouët.
Des étudiants de l’Institut national de la formation des agents de santé (Infas) avaient également manifesté pour réclamer le paiement d’arriérés de bourses tout comme des doctorants.
Ces manifestations de peu d’envergure tranchent avec la grève annoncée des personnels de santé dont de précédents arrêts de travail avaient causé de réels désagréments à la population et la mort de plusieurs patients.
Avant les personnels de santé, des fonctionnaires et agents de l’Etat réunis au sein du Mouvement des fonctionnaires redéployés de Côte d’Ivoire (Moforci) ont saccagé les locaux de deux directions régionales de l’Education nationale et paralysé début février l’école à Bouaké et Katiola (centre) pour réclamer le paiement d’arriérés de primes estimés à près de deux milliards de FCFA.
Le réveil des syndicats de la santé est sans nul doute un premier test majeur pour le Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio.
Et peut-être le signe annonciateur d’un réchauffement du front social.
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