L’avènement du régime Alassane Ouattara à la tête de l’Etat ivoirien n’est que souci et hantise pour les populations dont le pouvoir d’achat s’amenuise de jour en jour à cause de la flambée des prix des produits de grande consommation.
«Les prix ne cessent de grimper tous les jours que Dieu fait. Nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Nous sommes obligés de manger, autrement nous allons mourir de faim », déclare dame Sarah Koné qui vient du marché de Bingerville. Elle ne sait pas pourquoi les prix des produits de grande consommation connaissent régulièrement une hausse. Dame Batoua M.R., révèle, pour sa part, que ses faibles moyens financiers ne l’encouragent pas à s’aventurer au marché.
Au marché de Bingerville en question, le kilo de viande avec os est vendu à 2000 FCFA, au lieu de 1800 FCFA prix officiel. La même quantité sans os est vendue à 2200 FCFA, au lieu de 2000 FCFA. Quatre gousses de piment frais coûtent 100 FCFA. Le sac de riz brisure Uncle Sam de 25 kg est vendu à 11.500 FCFA au lieu de 9000 FCFA.
Au marché Forum, dans la commune d’Adjamé, un carton de poissons Tilapia coûte 14.000 FCFA au lieu de 11.000 FCFA. Un sac de riz Uncle Sam de 25 kg est vendu à 11.500 FCFA au lieu de 9000 FCFA. Quatre aubergines sont commercialisées à 200 FCFA. Le kilo de viande avec os coûte 2000 FCFA au lieu de 1800 FCFA. Le kilo de viande sans os est vendu à 2200 FCFA au lieu de 2000 FCFA. Quatre tomates coûtent 200 FCFA. La boîte de Milo est commercialisée à 2000 FCFA au lieu de 1500 FCFA. Le beurre Blue band est vendu à 500 FCFA au lieu 350 FCFA. Les prix des produits sont pratiquement les mêmes sur le marché d’Anono, dans la commune de Cocody. Mme Kanga A., qui fait le marché au Forum, dit ne pas comprendre pourquoi les prix augmentent au fil du temps.
«Les autorités doivent prendre leurs responsabilités pour amener les opérateurs à respecter les prix homologués. Si les prix ne sont pas respectés, ceci démontre l’incapacité des autorités à exercer le pouvoir», fait-elle remarquer.
Au grand marché de Koumassi, le kilo de viande sans os est vendu à 2200 FCFA. Et le kilo avec os coûte entre 1700 et 2000 FCFA. L’un des vendeurs a expliqué que la crise au Nord du Mali a un impact sur l’approvisionnement du marché ivoirien en bétail. «C’est pour cela que nous augmentons le prix puisqu’il se pose un problème d’offre», a-t-il dit.
Le prix de la bouteille de gaz domestique, même subventionné par l’Etat, a aussi flambé. A Anono, non loin du terrain de football, la bouteille B12 est vendue à 5000 FCFA, au lieu de 4000 FCFA. Derrière le chawarma Riffat, le même produit est vendu à 4500 FCFA. A Aboboté, dans la commune d’Abobo, sur la route qui mène à Abobo Baoulé, la bouteille B6 est commercialisée à 2300 FCFA au lieu de 1800 FCFA.
Kanga A. (rien à voir avec le premier nom) un agent de communication au sein d’une structure privée, a révelé qu’avant avril 2011, il dégageait un budget de 40.000 FCFA par mois pour les dépenses de nourriture. «Maintenant je dépense 72.000 FCFA par mois pour ce même chapitre. Dans ces conditions, on ne peut plus économiser. Même les médicaments en pharmacie connaissent une hausse vertigineuse», se plaint-il.
Mme Fatou Koné, elle, espère que l’Etat va prendre des mesures, comme l’a promis le ministre du Commerce, à l’encontre des opérateurs qui ne respectent pas les prix homologués. «Je dépensais 32.000 FCFA par mois pour le marché avant les dernières vacances. Depuis cette période, je dépense 44.000 FCFA mensuellement parce que le coût de la vie est élevé. Dans ces conditions, je suis contrainte de me priver de certaines dépenses», indique-t-elle.
Augmenter les salaires pour compenser la hausse des prix des produits
Le président de la Fédération des associations de consommateurs de Côte d’Ivoire (Fac-ci), Doukoua Godé, ne comprend pas pourquoi malgré la baisse continue des cours internationaux des denrées alimentaires, les prix des produits alimentaires de grande consommation et généralement importés, connaissent jour après jour une hausse continue sur les marchés de quartiers du district d’Abidjan. Il a pris le cas du kilo de sucre qui est vendu entre 850 et 950 FCFA, au lieu de 800 FCFA. «Les salaires étant bloqués, depuis plus de 30 ans en Côte d’Ivoire, l’Etat ne dispose que de l’instrument de lutte contre la flambée des prix pour protéger le faible pouvoir d’achat des consommateurs», explique-t-il. Il soutient que si l’Etat augmente les salaires, ce facteur pourra compenser la hausse anarchique des prix sur le marché, à défaut de pouvoir contrôler la baisse des prix. «Puisque les opérateurs ne respectent pas les clauses des accords, nous ne voyons pas l’utilité des ces accords qui sont signés au prix de plusieurs efforts», s’indigne-t-il. Doukoua Godé propose, en outre, l’instauration d’un taux de Tva réduit pour les produits de grande consommation. «Encore faudrait-il que les opérateurs baissent les prix de leurs produits même quand la Tva sera réduite», s’interroge-t-il. Il propose l’adoption rapide du projet de code de la consommation par le gouvernement ivoirien.
Le ministre ivoirien du Commerce, Dagobert Banzio, a avoué son impuissance face à la flambée des prix des produits de grande consommation. Il a même reconnu que le kilo de piment frais qui était de 2000 FCFA en décembre dernier est passé à 4762 FCFA en février 2012. «Soit une hausse de 138%», déplore-t-il. Il a promis que des mesures seront prises pour sanctionner les opérateurs véreux qui ne respectent pas les prix homologués sur le marché.
Gomon Edmond gomonedmond@yahoo.fr
Notre Voie
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