GUILLAUME SORO
Comme on s’y attendait, l’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro a été élu hier à l’unanimité, président de la toute nouvelle Assemblée nationale ivoirienne. Une nouvelle responsabilité qui fait de lui, la seconde personnalité du pays, et en même dauphin constitutionnel d’Alassane Ouattara. Avec ce nouveau poste, l’ancien patron des Forces nouvelles poursuit une carrière courte mais bien remplie.
Quelques observateurs voient dans cette ultime ascension de Guillaume Soro, le résultat d’un opportunisme politique évident. Par contre, d’autres estiment que le nouveau président du parlement ivoirien, récolte là les fruits d’une responsabilité et d’une maturité dont il a fait montre dans ses diverses fonctions de responsabilité, malgré son jeune âge.
C’est exactement dans 52 jours que Guillaume Soro soufflera ses 40 bougies. Dans les conditions normales, il n’est pas qualifié pour occuper la fonction qui est la sienne depuis hier.
En fait, il est stipulé dans la constitution ivoirienne, qu’il faut au minimum être âgé de quarante ans révolus pour trôner au perchoir du côté de la Côte d’Ivoire. Mais l’enfant de Kofiplé, manifestement sous sa bonne étoile, a su contourner cet obstacle constitutionnel. En effet, il a été élu presqu’elu à l’unanimité par les 253 nouveaux parlementaires ivoiriens.
Ce nouveau sacre est certainement une des plus importantes étapes d’une carrière qui a véritablement commencé en 2002. Parce que c’est cette année-là qu’à la tête des Forces Nouvelles, il orchestre une rébellion contre le pouvoir d’Abidjan incarné à l’époque par Laurent Gbagbo. La négligence et l’indifférence affichées par les dirigeants ivoiriens à l’endroit de la partie septentrionale du pays avaient été invoquées comme raison de cette prise d’armes.
Si jusque-là Soro etait plutôt connu comme agitateur au sein de la puissante FESCI, son statut de chef de rebelles du FN, va lui ouvrir les chemins d’une carrière foudroyante. En partie parce que contrôlant la moitié nord du pays, les armées des FN avaient réussi à imposer leur prise en compte dans la gestion politique du pays. Soro a alors tout naturellement gravi les échelons, les uns après les autres. De sorte qu’il s’est retrouvé en fin mars 2007 au poste de chef de gouvernement.
Mais en réalité, son combat militaire n’a jamais été absolument indépendant de la bataille politique d’Alassane Ouattara. En effet, s’il avait été globalement dit que la rébellion de 2002 était consécutive au sentiment d’exclusion ressenti dans le nord du pays, il faut rappeler que le refus systématique qui avait été imposé à la candidature du président du RDR, a toujours été vécu comme l’incarnation de cette même exclusion.
De même, la cause du divorce entre Guillaume Soro et le putschiste Robert Gueï n’avait-elle eu pour origine que le fait qu’Alassane Ouattara ait été écarté de la course au fauteuil présidentiel en 2000 ? Le ralliement de Soro à la cause d’Alassane Ouattara au lendemain des élections de novembre 2010, n’avait donc pas surpris grand-monde.
Cependant, au-delà de cette tactique politique, Guillaume Soro aura, au gré de ses fonctions, su offrir de lui-même l’image d’une certaine responsabilité et d’une maturité. Des caractéristiques d’autant plus séduisantes que ce n’est pas tous les jours que l’on voit sur le continent africain, un jeune du même âge que Guillaume Soro agir de telle sorte. Il a su se bâti une stature d’homme d’Etat, en se montrant structuré et fin manoeuvrier, en faisant preuve de rigueur dans l’administration des hommes et des services.
Les résultats que son récent gouvernement a su engranger en presque un an en font éloquemment foi. Et c’est certainement sa dimension de meneur d’hommes qui aura davantage milité en faveur de sa désignation au poste de président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Une étape dans sa carrière qui s’annonce encore plus prometteuse, mais tout aussi délicate, car pour beaucoup sa place pourrait bien etre la CPI. Et sa presence au perchoir pourrait aussi servir à verrouiller une telle perspective. Parce qu’à ce rythme, rien n’interdit qu’il se retrouve un de ces jours à la place où se trouve aujourd’hui Alassane Ouattara.
Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info
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