Le Nouveau Réveil | Denis Kah Zion
Quand les syndicats d’enseignants, à savoir, le Syndicat national de l’enseignement secondaire de Côte d’Ivoire (Synesci) d’abord, et ensuite, le Syndicat de l’enseignement supérieur et de la recherche (Synares), aidés du peuple ivoirien, ont poussé le régime du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (Pdci-Rda à proclamer le retour du multipartiste dans le pays de l’homme de la paix, le président Félix Houphouët-Boigny, le parti de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (Fpi), s’est emparé de cette victoire populaire, et en a fait sa propriété privée. Tous les 30 mai, Gbagbo et les siens fêtent « La fête de la liberté ». Au nom de la démocratie. Mais, qu’appelle-t-on, au juste, démocratie ? Le dictionnaire nous dit que « la démocratie est le régime dans lequel le peuple exerce sa souveraineté lui-même sans l’intermédiaire d’un organe représentatif (démocratie directe) ou par représentants interposés (démocratie représentative). En Côte d’Ivoire, nous avons opté pour la « démocratie représentative » puisque les députés parlent au nom du peuple. Mais alors, si tant est qu’on se dit du peuple ivoirien, pourquoi, alors, refuse-t-on ce que Laurent Gbagbo a fait, hier, en fraternisant avec les ex-Forces nouvelles, ce qui a abouti à des élections nationales, présidentielle et législative, qui ont abouti à la réunification du pays et de l’armée, le garant de notre unité nationale ? Le dialogue direct que nous avons, tous, applaudi. On ne le dira jamais, si Gbagbo avait accepté, le dimanche 28 novembre 2010, sa défaite démocratique face à Alassane Ouattara, on n’aurait pas connu de crise post-électorale. Aujourd’hui, le Fpi décline le dialogue républicain. Le refus du Fpi d’entrer dans le gouvernement participe de ce noir dessein de pousser, certainement, Ouattara à la faute, aux fins de l’empêcher de remplir sa mission pour le bonheur du peuple ivoirien. Les incessants voyages du Fpi – Miaka Oureto, le président intérimaire, était ; récemment ; en Europe, Akoun Laurent, secrétaire général par intérim, porte-parole, était au Ghana où il y a le plus grand nombre de réfugiés pro-Gbagbo- s’inscrivent dans un canevas bien précis : rendre le pays ingouvernable, selon leur expression consacrée. Ancré dans cette utopie de déstabilisation du nouveau régime, le Fpi a refusé (a) d’entrer dans le 1er gouvernement de Ouattara du juin 2011, (b) de participer aux élections législatives, (c) d’aller éventuellement aux municipales et aux régionales. Grosso modo, le parti de Gbagbo, encore si Miaka, Akoun, et autres, pour leurs ambitions personnelles, le considèrent comme leur président et leur leader, ne sera pas présent à l’Assemblée nationale. Quelle maladresse des partisans de Gbagbo quand on sait que le président de la République, Alassane Ouattara, a tout entrepris pour amener ses frères refondateurs à ne pas commettre l’erreur du Rassemblement des républicains (Rdr) en 2000.
Si le Fpi crache sur le dialogue républicain, s’il n’entre dans le prochain gouvernement, ne participe à aucun scrutin à venir, dans quel pays se trouve-t-il ? Pendant 5 ans, au moins, un parti qui a dirigé le pays pendant 10 ans, sera absent à toutes les instances de décision, par sa propre faute. Ce que le Pdci-Rda n’a pas fait après le coup d’Etat funeste de 1999. Comment interpréter une telle attitude ? Les militants du Fpi doivent se poser la question, et réagir. Si Miaka Oureto, président par intérim, Akoun Laurent, secrétaire général par intérim, Marie-Odette Lorougnon, présidente de l’Offpi, Amani N’guessan Michel, Yao Yao Jules, Koua Justin, président de la Jfpi, veulent conduire dans une impasse et leur parti et le pays, autant réagir, avant qu’il ne soit trop tard. Le Fpi, sans ministres, sans députés, sans conseillers municipaux, sans conseillers régionaux. Pendant 5 ans ! Mais enfin, on est où là ? Est-ce ainsi que les suiveurs de Laurent Gbagbo vont « enjamber son corps » (l’expression est de l’ex-chef d’Etat) pour continuer son combat ? Sans être de leur bord, nous leur disons : ce n’est pas la voie de la démocratie. Le pays du dialogue ne mérite pas ça. Le Fpi compte éventuellement sur un coup d’Etat, ce n’est point la voie.
Si le Fpi n’entre pas dans la République, il lui sera difficile de faire entendre sa voix dans les années à venir. Il court à sa propre perte. Alors, faut-il, par l’entêtement actuel des dirigeants intérimaires du parti si cher à Laurent Gbagbo, déclarer la mort du Fpi ? Il faudra le craindre. A moins que la sagesse n’habite Amani N’guessan Michel, Akoun Laurent et autres. Si les dirigeants intérimaires du Fpi sont incapables de dépassement, c’est tout à leur déshonneur. Nous pourrions affirmer, sans risque de nous tromper, qu’ils n’aiment pas leur pays. La Côte d’Ivoire appartient à tous les Ivoiriens. Nous voudrions demander aux dirigeants intérimaires du Fpi de se laisser gagner par la sagesse, et surtout aux militants de base de ce parti de ne point se laisser abuser en permettant de tuer l’œuvre gigantesque de démocratie de Laurent Gbagbo. Alassane Ouattara veut gouverner démocratiquement. Raison pour laquelle, il tend la main paternelle, aux réfugiés pro-Gbagbo à rentrer au pays. Main qu’ont saisie le maire de Yopougon, Félicien Djidan, le colonel Konan Boniface, et bien d’autres. Les radicaux de ce parti ont intérêt à s’inscrire dans cette voie, gage de leur propre survie. La Côte d’Ivoire, ne voulant plus de pratiques anti-démocratiques, il faudra, au Fpi, pour sa survie, nous le soulignons, entrer dans la République, selon le souhait du chef d’Etat, Alassane Ouattara. Toute attitude contraire sera suicidaire.
Denis Kah Zion
Le Nouveau Réveil
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