Discrimination ou « Rattrapage » dans la mort ?
L’Etat célèbre les femmes martyres d’Abobo et oublie les danseuses d’adjanou de Sakassou
Par Soukalo de Kibouo – Source: lebanco.net
Le 19 septembre 2002 alors que le président Laurent Gbagbo est à Rome, son régime est attaqué par des assaillants. La tentative de coup d’Etat orchestrée par des déserteurs de l’armée échoue, mais déterminés à porter l’estocade dans le sein de la mère patrie, les mutins d’un jour, devenus rebelles pour toujours, coupent le territoire en deux, dans leur repli. Pendant plusieurs années, ils occupent 60% du territoire et multiplient par la même occasion les massacres qui forgeront leur triste célébrité : assassinat d’une soixantaine de gendarmes désarmés et des membres de leurs familles, arrestations à Sakassou et massacre à Bouaké de danseuses paisibles d’Adjanou, meurtre par asphyxie de jeunes civils dans des conteneurs à Korhogo, etc.
Mars 2011, changement de lieu. Nous sommes dans la partie sud du pays, sur le territoire du fils de Zepe Koudou qui refuse de reconnaitre sa défaite électorale. Une manifestation des femmes aux mains nues, engagées pour le respect du suffrage du peuple, est violemment réprimée à l’arme lourde par les hommes de Dogbo Blé. La Côte d’Ivoire, pardon le monde entier est sous le choc.
La semaine passée les femmes d’Abobo ont fait la « une » de la presse ivoirienne à l’occasion de la journée de la femme, hommage a été rendu aux femmes martyres de cette commune. Le député maire Adama Toungara natif du Guemon (Duékoué) ne rate aucune occasion pour parler de ces femmes. Par contre, à la journée des femmes, personne au sommet de l’Etat ne parle de cette tragédie des danseuses d’Adjanou. Cette attitude est d’autant plus surprenante que même les femmes ministres ni les femmes députés, ne les évoquent. Aucun passage du discours de la ministre de la Femme, Raymonde Coffie ne fait allusion à ces danseuses d’Adjanou. Alors que comme pour les femmes d’Abobo, nous avons des veufs, des orphelins. Ceux qui est tué ont certainement connu des promotions, le chef des Forces nouvelles himself, Soro Kibafory s’apprête même à être le deuxième personnage de l’Etat.
Pourquoi alors deux poids, deux mesures ? Une femme de Sakassou, tuée de façon atroce et injuste ne vaut-elle pas une femme d’Abobo, tuée elle aussi de façon atroce et injuste ? Du « rattrapage » même dans la mort ? Vivement qu’après, cette injustice souveraine, l’Etat pense aux familles des danseuses d’Adjanou. Et que Dieu (Allah) ait pitié de nous tous !
Soukalo de Kibouo
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