Après sa bastonnade: KKB raconte « J’ai fait le mort »

«Aucun militant du Pdci ne peut me porter main, j’ai porté plainte»

Soir Info

C’est un Kouadio Konan Bertin (KKB) mal en point que nous interrogé, le dimanche 26 février 2012, à son domicile à Cocody-Angré. En dépit de son visage tuméfié, de son bras droit supporté par une bande, le président national de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire nous a expliqué, dans les détails, la bastonnade dont il a été l’objet, samedi 25 février 2012, à Bonon.

Qu’es- ce qui s’est passé samedi dernier à Bonon après le meeting que vous y avez animé ?

Kouadio Konan Bertin : Je me suis rendu à Bonon pour soutenir le candidat du Pdci-Rda à la demande du parti. Le candidat indépendant en question est issu du Pdci-Rda. Il n’avait pas eu la caution du parti au premier tour. Au second tour, le candidat du Pdci, qui n’était pas en bonne position, a rallié le candidat indépendant à la demande de la direction du parti. Le candidat indépendant est devenu le candidat du parti. Il nous a donc été demandé d’aller le soutenir. A preuve, je suis parti avec le délégué départemental Pdci de Bouaflé, Yves N’Dia. On est arrivé sur les lieux. On a fait un bon meeting. Il n’y a eu aucune animosité. Tout s’est bien passé.

Et après le meeting ?

K.K.B : Quand on a fini le meeting, les militants se sont dispersés. Nous sommes allés au déjeuner. C’est quand on a fini le déjeuner et qu’on devait retourner que le délégué Yves N’Dia a demandé qu’on aille rendre une visite de courtoisie à la Cei. Tout s’est passé dans une bonne ambiance. C’est au moment où on sortait qu’on a été encerclé par des militants du Rdr, avec à leur tête, le candidat de ce parti (aux législatives partielles à Bonon, Ndlr)…

Avez-vous reconnu le candidat du Rdr ?

K.K.B : Je l’ai reconnu. Je lui ai même dit : « Mais qu’est-ce qui se passe ? Je tombe des nues. Je ne comprends pas cette animosité ». En plus, j’ai entendu des propos du genre : « Nous, on a fini avec Gbagbo, ce n’est pas vous-là. On va finir avec vous. Tuez-le ! Tuez-le ! Tuez-le !».

Qui tenait ce genre de propos ?

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K.K.B : Mais, tous les militants du Rdr qui étaient là avec le candidat de ce parti qui a donné le ton en menaçant : « Tuez-le ! Tuez-le ! ».

Outre le fait que vous dites avoir reconnu le candidat du Rdr, qu’est-ce qui vous fait dire que les autres agresseurs étaient de ce parti ?

K.K.B : Ils étaient tous habillés en pagne Rdr avec l’effigie du président Alassane Ouattara que nous aimons tous.

Que répondez-vous à ceux qui disent que c’est plutôt des militants du Pdci qui vous ont agressé ?
K.K.B : Ça ne peut pas être des militants du Pdci. Aucun militant du Pdci ne peut me porter main. Soyons sérieux ! Soyons honnête ! J’ai été bastonné par des militants du Rdr à Bonon.

Et comment avez-vous fait pour sortir de leurs griffes ?

K.K.B : Il a fallu que je fasse le mort. Quand à un moment donné, ils ont pensé que j’étais mort, ils ont pris un peu peur et j’ai profité de ce moment-là pour prendre la fuite. Déséquilibré, je n’avais plus de force. Il y a à peine deux policiers qui étaient venus. Mais vous savez nos policiers ne sont pas en arme, les gendarmes ne sont pas en arme. Dès que la foule est immense, ils sont débordés. Ils ne peuvent plus rien faire. Il y a deux jeunes policiers qui, bien qu’ils n’étaient pas en arme, ont bravé la foule. Moi, j’ai pris la fuite.

Où vous vous êtes retrouvé après votre fuite ?

K.K.B : Quand ils ont su que je n’étais pas mort, ils ont commencé à me poursuivre. J’ai dû
me chercher une cachette. Ils ont organisé une battue. Ils sont venus barrer la route du côté de Bouaflé pour ne pas que je sorte de la ville. Je suis rentré à la mairie avec la voiture d’un ami. Ils ont encerclé le véhicule dans lequel, j’étais arrivé. Mon chauffeur a eu le temps d’aller prendre la petite voiture de location avec laquelle j’ai effectué le voyage et il m’a récupéré de l’autre côté. C’est ainsi que j’ai pris la direction de Daloa.

Qu’est-ce que vos agresseurs vous reprochaient?

K.K.B : Tout ce que j’ai entendu, c’est qu’ils disaient : « De quel droit, le Pdci peut battre la campagne d’un candidat indépendant ?». Or, il n’est pas candidat indépendant. Même si c’est le cas, le Rdr lui-même bat la campagne d’Alain Lobognon, candidat indépendant à Fresco. Le Rdr bat la campagne de Siguidé Soumahoro à Biankouma. Alors pourquoi les militants du Rdr peuvent reprocher au Pdci de battre la campagne de qui il veut ?

Quelle suite comptez-vous donner à cette affaire ?

K.K.B : J’ai porté plainte à la Gendarmerie de Daloa. J’ai pris un certificat médical. Je me suis battu pour que Gbagbo s’en aille, c’est pour qu’un Etat de droit s’instaure, pour que la démocratie s’instaure. Si tant est que nos alliés veulent prendre les postes, ils n’auraient pas dû ouvrir la compétition. On allait leur donner les postes cadeaux.

Quelle a été la réaction de votre parti, le Pdci, après votre bastonnade ?

K.K.B : Je voudrais remercier le Secrétaire général, Djédjé Mady, qui a compati à ma douleur tout le temps que j’ai passé là-bas.

Ne pensez-vous pas que votre bastonnade va impacter négativement sur l’alliance entre le Rdr et le Pdci ?
K.K.B : Je ne peux pas présager de ce qui va se passer par la suite. Mais si vous épousez une femme et que vous passez votre temps à la battre, elle finira un jour par demander sa liberté.

Vous souffrez de quoi après votre bastonnade ?

K.K.B : Heureusement, j’ai fait les radios. Elles n’ont pas montré de fracture. Mais vous voyez bien mon œil. Mon épaule a pris un coup. Ce qui fait que je n’arrive pas à la soulever pour l’instant. Le médecin m’a demandé d’observer d’ici à 48 h. Si les parties ne désenflent pas, on va faire un scanner pour voir s’il n’y a pas de fracture.

Pourquoi animez-vous une conférence de presse demain lundi (aujourd’hui, Ndlr) ?

K.K.B : J’ai été en mission pour le compte du parti. J’ai été frappé. Je reviens à Abidjan. Il faut que je rende compte à ces milliers de militants qui n’ont pas la véracité des faits. Pour éviter qu’ils soient intoxiqués, je prendrai la presse à témoin.

Réalisée par SYLLA Arouna

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