Un proche d’IB fait des révélations et accuse: « Nous allons combattre le régime Ouattara avec toute notre énergie » « Nous avons transmis à la Cpi des preuves sur les charniers de Korhogo »
Kader Doumbia, porte-parole du collectif pour la justice sur l’assassinat de Ib (CJA-IB) Plusieurs mois après l’assassinat de l’adjudant chef major Ibrahim Coulibaly, ses partisans ont décidé de saisir la Cour pénale internationale en vue d’obtenir justice. Kader Doumbia, porte-parole du collectif pour la justice sur l’assassinat de Ib(CJA-IB) s’est confié à abidjandirect.net
Abidjandirect: Vous êtes le porte parole du collectif pour la justice sur l’assassinat de IB, vous dites avoir déposé une plainte auprès de la Cpi. Contre qui est-elle adressée et qu’avez-vous obtenu de la part de la Cpi ?
Kader Doumbia: Je vous remercie, pour l’intérêt que vous nous accordez en nous ouvrant les portes de votre journal. Le CJA-IB a effectivement porté plainte à la Cpi contre x, pour crime de guerre dans l’assassinat du général Ibrahima Coulibaly(IB) et de ses proches. En outre le CJA-IB, a demandé à la CPI de prendre en compte tous les crimes commis en côte d’ivoire depuis 2002, car cette période a été une des plus meurtrières dans l’histoire de notre pays. Nous avons transmis à la Cpi des preuves sur les charniers de Korhogo (des centaines de personnes ont étés enfermées dans un conteneur exposé au soleil.), de Bouaké et de mankono. Ces personnes ont étés assassinées, car elles étaient proches du général IB. Ce sont des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, nous ne saurons nous taire là dessus.
Abidjandirect : Pouvons-nous avoir des précisions sur les charniers dont vous parlez et qui en sont les auteurs ?
K D: C’est un exercice difficile que vous me demandez. Pendant près de dix ans les populations ont constatés le résultat catastrophique des ambitions insensées des dirigeants des forces nouvelles. Sans aucune retenue, ils ont défié les règles de base de la justice internationale. Mais que ceux-ci sachent qu’on ne peut impunément défier la conscience humaine. Le 21 juin 2004 une centaine de personnes a été enfermées dans un conteneur de 40’( pied) à Korhogo par les responsables des FN. Qui ont mis du gaz lacrymogène, de la poudre à minutions et laisser le conteneur exposé au soleil. Quelques heures plus tard toutes ces personnes trouvèrent la mort. L’armée française découvre le charnier dans la zone de ferké. Le même 21juin 2004 plusieurs personnes ont été également massacrés à Bouaké .Le 22juin 2004 le chef militaire Djalman et ses éléments ont été arrêtés à Mankono puis exécutés. Il ya également l’assassinat de Koné moussa dit barbu pour qui le célèbre chanteur tiken djah est personnellement intervenu auprès des autorités des FN pour que son cousin soit épargné mais c’était sans compter avec la détermination de Guillaume Soro et de ses chefs de guerre.Il y a aussi les larmes de cette pauvre dame, la mère de Koné bakary dit bakus demandant pardon aux mêmes nervis de soro pour que la vie de son unique enfant soit épargnée mais elle apprenait quelques heures plus tard l’assassinat de son fils.Le crime reproché à toutes ces personnes tuées était d’avoir partagé les valeurs qu’incarnait IB.Je rappelle que les différents massacres et tortures que nous venons de citer ont fait l’objet d’une enquête par l’Onu. Mais ce rapport n’a jamais été rendu public. Ce rapport met en cause les responsables des FN notamment Guillaume Soro et Fofié Kouakou. Parler de cette période est toujours difficile pour moi car je suis une des victimes et rescapé des massacres de Soro et de ses nervis des forces nouvelles
Abidjandirect:Pouvez-vous revenir sur les conditions de l’assassinat de IB puisque vous parlez de torture ?
K D: Je ne peux pas évoquer les conditions de l’assassinat de IB d’une part , nous sommes tenus par le secret de l’instruction et d’autre part par le respect pour la famille de IB car celle-ci n’a toujours pas réussi à faire son deuil, le corps d’IB étant toujours confisqué par le gouvernement ivoirien. les ivoiriens ont le droit de savoir que monsieur Ouattara et son gouvernement ont dit des contre vérités au peuple sur les circonstances de l’assassinat de IB. IB n’est pas mort au combat comme l’a affirmé le président dans le jeune Afrique n°2629. Pour nous, le président Ouattara à deux choix soit il se comporte en président civilisé en apportant la justice, la démocratie et l’état de droit à la Côte d’Ivoire dans ce cas nous l’aiderons ;soit il décide de soutenir le manque de démocratie, l’impunité, l’injustice en protégeant les criminels de son régime dans ce cas nous allons le traiter de président criminel et nous allons le combattre avec toute notre énergie.Prenez le cas de Nelson Mandela qui a limogé et divorcé d’avec sa femme Winnie Mandela parce qu’elle a été citée dans un meurtre. C’est ça un homme état.
Abidjandirect: Aujourd’hui, vous portez plainte. Croyez-vous en vos actions et ne craignez vous pas d’être poursuivi par les ivoiriens pour avoir cautionné celui qui a installé à Abobo le commando invisible qui a fait de nombreuses victimes parmi les éléments des ex- forces de défense et de sécurité ?
K D: Nous croyons en nous, nous croyons en notre combat, nous sommes déterminés, la justice triomphera sur le mensonge et l’impunité. Il faut prendre de la hauteur sur tous ce qui a pu se passer entre le commando invisible et les ex fds. l’important aujourd’hui c’est qu’est ce que nous voulons faire face à un pouvoir qui est anti démocratique, un pouvoir qui réprime les manifestations, un pouvoir qui maintient en détention des personnes sans jugement, un pouvoir qui protège ses propres criminels. Trouvez-vous normal que Gbagbo soit la seule personnalité qui soit aujourd’hui transférée à la Cpi ? Tandis que des personnalités du régime Ouattara mises en cause par toutes les organisations internationales des droits de l’homme bénéficient d’une totale impunité. Cela me révolte.
Abidjandirect : On sent votre colère contre le régime Ouattara en ce moment. N’est-ce pas parce que votre « mentor » a été assassiné et que vos objectifs n’ont pas été atteints. Parlant des rétributions bien sûr.
K D: En colère non, déçu oui ! Nous sommes déçus, car IB méritait mieux que ce qu’il a connu. Nous sommes déçus par le comportement de M Ouattara, le mépris avec lequel, il a traité IB, et continue de traiter IB.C’est l’occasion pour le CJA-IB de porter à la connaissance du peuple ivoirien que M.Ouattara et son gouvernement ont confisqué la dépouille de Ib et de son petit frère Soualio assassiné également à Abobo. Nous sommes indignés de voir un président de la république qui se comporte en procureur de la république tout en affirmant dans une parution de jeune Afrique : je cite « IB est mort au combat » .Ce que M Ouattara ne dit pas aux ivoiriens, c’est qu’il confisque le corps d’IB pour faire disparaitre les traces de tortures. Mais nous demandons aux ivoiriens de rester tranquille, nous avons des éléments de l’autopsie. Dites moi, comment un président peut affirmer de telles grossièretés. Pour le respect de la fonction présidentielle, M. Ouattara doit se dédire et présenter des excuses à la famille de IB et le réhabiliter.
Abidjandirect: Dans le combat que Ib menait, pensiez-vous obtenir gain de cause dans la mesure où il était en rupture de ban avec ses camarades de la rébellion ?
K D: Nous sommes fiers du parcours de IB , il a mis sa vie au service de la démocratie en Côte d’Ivoire. Nous sommes d’autant plus fiers, car le nom d’IB ne sera jamais associé au nom des personnes qui ont plusieurs crimes à leur compte. IB a compris le bien fondé de la démocratie. Dans tous ses discours il a toujours appelé les ivoiriens à la réconciliation. Laissez moi faire comprendre aux ivoiriens que le but du combat d’IB n’était pas d’avoir des rétributions. Son seul but c’était de faire de la Côte d’Ivoire un état de droit.
Abidjandirect : Je voudrais qu’on revienne sur celui pour qui vous réclamez justice. Expliquez-nous le sens du combat qu’il a engagé et pour lequel il a ouvert les hostilités contre le régime de Gbagbo à Abobo ?
K D: IB voulait la démocratie et la justice pour tous en côte d’ivoire. C’est pour cela qu’il a combattu tous les régimes qui ont offert à la côte d’ivoire l’impunité.
Notre combat n’a jamais été dirigé contre une personne mais contre un système. Les mêmes raisons qui nous ont poussées, à combattre le système Bédié, ce sont les mêmes également qui nous ont poussées, à combattre le système Gbagbo. Nous constatons malheureusement, que le pouvoir Ouattara est une dictature. Il y a des violations massives des droits de l’homme.
Abidjandirect : Votre souhait en ce moment est d’obtenir réparation pour IB. En ce moment la commission nationale d’enquête est à pied d’œuvre pour établir la vérité sur la crise postélectorale. Croyez-vous en sa crédibilité et surtout en son efficacité?
K D: Non soyons sérieux, dites moi si cette commission d’enquête a une valeur juridique ? Cette commission va-t-elle se substituer à la justice ? En ce qui concerne le CJA-IB, nous n’avons aucune confiance en cette commission, aucun témoin, aucune victime, aucune famille de victimes n’ira se livrer à la mort car nos proches continuent d’être enlevés, torturés. En procédant ainsi, le pouvoir veut protéger ses propres criminels, après le transfèrement de Gbagbo. Nous demandons même aux ivoiriens de ne pas s’adresser à cette commission.
Abidjandirect: Pensez-vous au terme des enquêtes de cette commission que justice sera rendue aux victimes?
K D: Nous croyons en la justice à moins que la Cpi ne soit une institution politique, à la solde des grandes nations, si tel est le cas nous avons d’autres recours pour notre combat juridique. En ce qui concerne la commission, elle ne peut pas se substituer à la justice.
Abidjandirect: Le président Ouattara n’a de cesse de clamer qu’il veut réconcilier les ivoiriens, y croyez-vous et pensez-vous qu’il parviendra à le faire ?
K D: Avant de parler de réconciliation, il faut que le pouvoir arrête les arrestations arbitraires, la chasse aux proches d’IB. Il faut d’abord garantir la sécurité à tous les ivoiriens. Par ailleurs, il faut que la justice fasse son travail. Il ne peut pas avoir de réconciliation sans justice. Toutes les victimes doivent obtenir réparation.
Abidjandirect: Aussi, une commission dialogue, vérité et réconciliation que dirige Konan Banny a été créée. Quels commentaires faites-vous?
K D: Nous avons confiance en la personne de monsieur Konan Banny et à sa volonté de réussir cette tâche mais nous nous interrogeons sur la sincérité du président Ouattara et son gouvernement à vouloir réconcilier les ivoiriens. Nous, (CJA-IB) informons la communauté nationale et internationale qu’aujourd’hui en Côte d’Ivoire être un proche de IB est désormais un délit passible d’emprisonnement, torture ou assassinat. Le mépris du régime en vers son opposition est un véritable problème pour la réconciliation. Il faut dire que la tâche de Banny est très difficile surtout que le pouvoir souhaite que la réconciliation soit à sa couleur.
Abidjandirect : Lors de son récent voyage en France, le président Alassane Ouattara a qualifié ses nominations à connotation nordiques de « rattrapage ». Vous qui êtes originaire du nord, confirmez-vous que sous le régime de Gbagbo les nordistes n’étaient nommés à aucun poste de responsabilité?
K D: Le président de la république étant le garant de l’unité nationale, devrait faire abstraction de ses émotions. La tenue de tels propos est dangereuse pour la cohésion nationale, et peut mettre en péril la réconciliation nationale. Dois- je rappeler que la Côte d’Ivoire est un état laïc, multiculturel, multi-ethniques, donc tous les ivoiriens doivent bénéficier des mêmes traitements. Le CJA-IB constate avec amertume que de tels propos viennent du président de la république.
Abidjandirect : Quel commentaire faites-vous des accusations de déstabilisation du régime par les pro IB et pro gbagbo ?
K D: Si le régime Ouattara n’est pas à mesure de résoudre les problèmes des ivoiriens qu’il le dise plutôt que d’inventer des coups d’états à longueur de journée.
Quand le mensonge d’état devient vérité officielle, il semble que rien n’arrête la surenchère et l’imagination. Le pouvoir Ouattara est atteint par son anachronisme.
Il voit des complots par tout, il crée des complots pour justifier ses violations massives des droits de l’homme. Les proches d’IB ne sont menés à aucune tentative de déstabilisation de la côte d’ivoire, nous sommes plutôt préoccupés par notre survie car nous devons nous cacher à longueur de journée pour échapper au régime Ouattara. Les proches d’IB que nous sommes avons fait le choix du combat juridique car nous croyons aux valeurs de la justice. La côte d’ivoire reste et demeure une prison à ciel ouvert et un camp de torture pour les proches d’IBRAHIMA COULIBALY L’exemple le plus récent est celui de l’arrestation et de la disparation d’hamed sanogo dont nous sommes sans nouvelles jusqu’à ce jour. Le vrai ennemi du régime Ouattara ce n’est ni les proches d’IB ni les proches du président Gbagbo. C’est monsieur Guillaume Soro. Permettez-moi de vous dire qu’il ne peut y avoir deux rois pour le même royaume. Il n’est caché à personne que la plus profonde ambition de Guillaume Soro est de devenir le président de la côte d’ivoire. Ce triste personnage est aujourd’hui pressenti pour être le président de l’assemblée nationale. Alors que le président de la Côte d’Ivoire, selon la constitution en cas de vacance du pouvoir c’est le président de l’assemblée nationale qui exerce la fonction du président de la république. Dans ce conteste Guillaume Soro président de cette institution devient une menace directe et un danger permanent pour monsieur Ouattara. Nous trouvons par ailleurs étrange l’incendie des locaux de la primature à quelques jours du départ de l’encombrant premier ministre de monsieur Ouattara de cette institution. Nous pensons que le but de cet incendie était de faire disparaitre certains dossiers compromettant tel que le dossier SAGEM , les pièces comptables de la gestion de la primature etc… je suis même tenté de dire que le ministre DESIRE TAGRO a été assassiné pour éviter certainement qu’il révèle des choses dans ce dossier SAGEM et sur bien d’autres choses.
Abidjandirect: Quel bilan faites-vous des neuf mois du président Ouattara ?
K D: Neuf mois après la prise du pouvoir de monsieur Ouattara , la situation de la Côte d’Ivoire n’a pas changé, la côte d’ivoire reste un pays où il ya de nombreux violations des droits de l’homme. Une liberté de la presse sous contrôle. Nous assistons à une institutionnalisation de l’impunité. Une réconciliation galopante sans véritable engagement de l’état. Le quotidien des ivoiriens n’a pas changé ; les denrées alimentaires sont très chers et les ivoiriens ont beaucoup de difficultés pour se nourrir, se soigner et se vêtir. Pendant que le train de vie du gouvernement reste très élevé. Les universités sont toujours fermées ce qui est d’ailleurs préjudiciable pour la Côte d’Ivoire car cela handicape nos élites de demain dans la compétition de la mondialisation. Nous assistons à une attribution des marchés publics sans véritable appel d’offre par exemple le cas le plus flagrant est l’attribution du marché octroyé à la société SATAREM GREENSOL qui appartient à des proches du pouvoir par la ministre de la salubrité urbaine Anne Désirée Ouloto. Dans une démocratie normale la ministre Anne Désirée Ouloto, devrait démissionner.Dieu seul sait comment le marché d’exploitation du café cacao a été attribué à la société Afrique d’Armajaro dont le directeur général est monsieur Loïc Folloroux qui est le beau fils du président. Dans les sociétés d’états comme la Sotra et la Rti font des licenciements abusifs au lieu de donner du travail aux ivoiriens. Par la voix du ministre de la santé qui a informé les ivoiriens du fait que les soins gratuits des ivoiriens ne peuvent plus continuer car en neuf mois cela leur à couté 30milliards de Fcfa. Nous pensons que le chef de l’état et son triste premier ministre devraient plutôt réduire leurs budgets de souveraineté qui est très énorme pour la côte d’ivoire. Au lieu de laisser le peuple à la merci des maladies. En neuf mois, le président n’a pas encore démissionné comme président du RDR et n’a jamais déclaré ses biens au peuple.
Abidjandirect: De plus en plus, le président Ouattara lance un appel aux ivoiriens exilés pour leur retour. Quelle interprétation faites-vous de cet appel et êtes-vous prêt à revenir au pays?
K D: On ne peut pas tenir dans la main gauche les emprisonnements, la torture, les assassinats, les massacres, l’impunité et tenir dans l’autre, une invitation pour demander aux exilés de rentrer. On a tous envie de revenir dans notre pays pourvu que nous soyons en sécurité. Mais les conditions sécuritaires et démocratiques n’étant pas réunies en côte d’ivoire je continuerai de squatter les bords de la seine.
KONE Gbèlè
source : abidjandirect.net
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