« Alassane Ouattara prend la tête de la CEDEAO (…). Ouattara est désormais le président des présidents de l’Afrique de l’Ouest. C’est tout à l’honneur et au prestige de la Côte d’Ivoire certes ».
C’est avec ces termes élogieux que les partisans du « président reconnu par la communauté internationale », décrivent sa désignation à la tête de la Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les reportages des envoyés spéciaux à Abuja au Nigéria, les commentaires pompeux et les images diffusées, n’en finissent pas. Tous les médias d’Etat ont été mobilisés pour couvrir cet évènement qualifié d’exceptionnel et présenté comme « un retour de la Côte d’Ivoire au premier plan, dans le concert des Nations ». Et patati et patata.
Avec Alassane Ouattara, on est habitué à ce genre de tapage médiatique. On sait que l’homme a « la frime facile ». On reconnait qu’il aime les projecteurs et adore se faire dérouler le tapis rouge. N’a-t-il pas évincé d’un tour de bras, son premier Directeur de la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne) lorsque celui-ci manqua de couvrir le retour d’un de ses intempestifs voyages ?
Alassane Ouattara président en exercice de la CEDEAO, c’est un fait. Mais l’ivoirien lambda, celui qui, chaque jour voit et vit les tristes réalités de son pays, s’interroge : « Et puis après » ? En d’autres termes, qu’est ce que cette présidence d’Alassane Ouattara apportera de mieux à son hypothétique quotidien ? D’autre part, qu’est ce que Ouattara pourra apporter de positif à la CEDEAO, alors que la Côte d’Ivoire, ce pays qu’il est censé diriger, sombre de jour en jour dans un abîme socio-politique ? Question simple et logique. L’occasion est alors belle pour citer ce célèbre proverbe à notre homme fraîchement bombardé président : « La charité bien ordonnée, commence par soi-même ». Une façon de dire en substance à Monsieur Ouattara : « Commence d’abord par régler la pagaille que toi et tes alliés avez jetée en Côte d’Ivoire, avant de prétendre te pencher sur ceux de la CEDEAO ».
La CEDEAO, ce ‘’machin’’ sous-régional dont les Etats membres sont pour la plupart tourmentés par de multiples crises à n’en point finir, a certes besoin d’un ‘’sauveur’’. Au Sénégal, le ‘’grand-père’’ Wade, qui aurait dû prendre une retraite bien méritée dans son village et siroter à l’ombre, un bon thé, est confronté, du fait de sa candidature-de-trop, à une virulente contestation de sénégalais indignés. Good Luck Jonathan au Nigéria, n’a pas plus de chance que son ainé. Tout occupé qu’il est à désamorcer les bombes assassines de secte Boko Haram. Au Mali, les rebelles Touaregs ont juré de mener la vie dure à Toumani. Le ‘’beau’’ Blaise quant à lui, bénéficie, pour le moment, d’un sursis, avant d’être éjecté par les burkinabés. Bref, la CEDEAO broie du noir.
Alassane Ouattara sera-t-il donc pour la CEDEAO ce ‘’messie’’ tant attendu ? Car ici en Côte d’Ivoire, des ivoiriens scrutent encore l’horizon, espérant voir arriver le ‘’messie’’ tant annoncé. Alassane Ouattara leur ayant, à maintes reprises, démontré qu’ils ont eu tort de croire au conte de fée dont il est le ‘’brave tchè’’ (homme brave). A défaut donc d’être à la hauteur des attentes des ivoiriens, ce dernier ne fait actuellement que dans du sensationnel, avec à la clé des promesses, rien que des promesses.
Alassane Ouattara, président de la CEDEAO. Une tâche supplémentaire, alors que la situation socio-politique en Côte d’Ivoire est préoccupante : affrontements récurrents entre populations et FRCI ; insécurité galopante ; licenciements en masse ; discriminations ethniques ; exclusions politiques ; décès en série des exilés politiques, notamment ceux proches de Laurent Gbagbo. Après Gnan Raymond, Bohoun Bouabré, c’est au tour de Gomont Diagou (ex-maire de Cocody). Qui sera le prochain exilé dont Ouattara est le ‘’co-auteur indirect’’ de la mort ? Or, la Constitution ivoirienne recommande qu’aucun ivoirien ne soit contraint à l’exil. Ouattara semble l’ignorer, tout pressé qu’il est de diriger la CEDEAO. Ignorerait-il que la CEDEAO dispose aussi d’une Charte qu’il devra respecter et faire respecter ? Comment donc appliquer la Charte de la CEDEAO, alors qu’il foule aux pieds la Constitution ivoirienne ? Assurément Alassane Ouattara est cet homme à qui l’on devrait citer ce passage de la Sainte Bible : « Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l’œil de ton frère ». (Matt. 7 v. 5)
La situation alarmante que vit la Côte d’Ivoire est tellement flagrante que certains alliés politiques et non des moindres, ont décidé de perdre leur langue de bois. Au nombre de ces personnes, Kouadio Konan Bertin dit KKB, du PDCI, ce parti qui s’est fait complice du désordre mis en œuvre par Ouattara. Ses propos pleins de réalisme, ont provoqué un véritable tollé au sein du PDCI, au point qu’il a dû faire face à une levée de boucliers dans son propre parti. Extrait des propos de KKB : «Il y a un profond malaise dans notre société. Les Ivoiriens se regardent en chien de faïence. On a encore du chemin à parcourir. Si on aime la Côte d’Ivoire, on ne va pas installer à sa tête quelqu’un pour régler les comptes. Le mal profond dont souffre la Côte d’Ivoire, c’est le tribalisme». Pour une fois que le bon sens et la raison viennent habiter un cacique du RHDP ! Celui que KKB décrit comme ‘’quelqu’un installé à la tête de la Côte d’Ivoire pour régler les comptes’’, n’est nul autre qu’Alassane Ouattara, l’instigateur du tribalisme.
C’est ce Monsieur-là qui est aujourd’hui à la tête de la CEDEAO. Cet homme qui entend voir la paille dans l’œil de ses homologues, alors qu’il ne voit pas la poutre qui l’aveugle !
Marc Micael
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