Déclaration de la CSCI relative aux événements survenus à Arrah
Les 12 et 13 février 2012, la ville d’Arrah, située dans la région du NZI, a été le théâtre d’affrontements meurtriers entre des populations autochtones, allochtones et des éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), en service dans la ville.
I-Les faits
Selon les informations recueillies auprès de la Mission d’Observation Locale de la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) et d’autres sources concordantes, les violences survenues dans la localité sont liées à la succession de faits suivants :
-l’accroissement, dans la ville d’Arrah, de l’effectif des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), venues de Kotobi et de Bongouanou ;
-la volonté manifeste des jeunes Agni d’obtenir le retrait des FRCI de leur localité;
-la réaction des FRCI, suivie du soutien des populations allochtones (Malinké).
Les conséquences sont graves : trois (3) morts, des biens publics et privés détruits pillés ou incendiés, y compris l’un des domiciles du Roi d’Arrah.
II-Notre analyse
Après les localités de Vavoua, Sikensi et Dabou, les manifestations contre les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire se succèdent et se multiplient de façon préoccupante, avec des conséquences regrettables. La répétition de ces incidents appelle quelques observations importantes.
1-La défiance observée par une partie de la population vis-à-vis des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). La CSCI note en effet qu’une frange de la population exprime une grave antipathie vis-à-vis des FRCI, nouvelle appellation donnée à l’armée nationale après la crise post électorale;
Toutefois et curieusement, la CSCI constate que cette même aversion était manifestée envers les forces de défense et de sécurité sous l’ancien régime, par une catégorie de la population ivoirienne, ce qui a expliqué, en partie, la rébellion armée.
2-La confusion constatée entre les FRCI et la population malinké pendant ces incidents.
La quasi-totalité des incidents survenus dans les différentes localités ont révélé une certaine promiscuité considérée par certains comme une complicité entre les FRCI et les populations malinké ; ce qui contribue à exacerber les violences intercommunautaires.
3-L’implication des jeunes dans ces conflits. La forte implication des jeunes dans ces conflits traduit leur frustration liée au manque d’occupation et au taux élevé de chômage et de pauvreté. Si rien n’est fait pour occuper la jeunesse, d’autres foyers de tensions pourront encore s’allumer.
4-Les réactions du Gouvernement. Le Gouvernement intervient certes promptement pour désamorcer les tensions et rétablir l’ordre, mais il n’en tire pas de conséquence susceptible d’y apporter de solutions durables. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, d’autres crises éclatent, suscitant les mêmes réactions indignées et des interventions d’urgence.
III-Notre position
Au regard de ce qui précède, la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) :
-s’incline devant la mémoire des disparues et présente sa compassion au Roi NANAN TEHUA II et à toute la notabilité de la région ;
-condamne les attitudes antirépublicaines de certaines franges de la population tendant à assimiler les FRCI à une armée d’occupation de leur localité et à défier, de ce fait, l’autorité de l’Etat;
-condamne le soutien mécanique et à connotation tribale de certaines communautés aux FRCI, tendant à confondre l’armée nationale à une milice ethnico-religieuse ;
-exhorte les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire à faire preuve, partout sur le territoire national, d’impartialité, de discipline et de rigueur professionnelle;
– interpelle le gouvernement sur la nécessité d’encasernement effectif des FRCI et d’un déploiement complet sur le terrain et dans les localités, d’éléments émanant de préférence de la gendarmerie et de la police ;
-invite le gouvernement à veiller à une plus grande transparence et à un consensus national sur la reforme de l’armée afin de rassurer tous les ivoiriens.
-invite toutes les populations ivoiriennes et en particulier les jeunes, à se détourner des voies de la violence ;
-invite la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation à donner davantage d’impact et de lisibilité au processus de réconciliation nationale qui est un gage de retour à la coexistence pacifique entre toutes les populations et à la cohésion nationale.
Fait à Abidjan, le jeudi 17 février 2012
–
Pour la CSCI, le Coordonnateur National
Dr NGOUAN Patrick
Les commentaires sont fermés.