Alassane Ouattara et ses FRCI, fauteurs de troubles sociaux ! par Marc Micael

Arrah, petite ville située dans la localité de Bongouanou a été le théâtre d’affrontements sanglants entre éléments des FRCI (Forces Républicaines de Côte d’Ivoire), l’armée d’Alassane Ouattara et la population locale. Bilan, une dizaine de morts et plusieurs blessés. Depuis ‘’l’invasion’’ des villes et villages de la Côte d’Ivoire, par ces hommes en armes, c’est de façon récurrente, que l’on assiste à des altercations tragiques entre populations civiles et éléments des FRCI. Les plus récentes sont celles de Vavoua (6 morts, plusieurs blessés) et de Sikensi (4 morts, plusieurs blessés). Il y a eu aussi de Lopou, Divo et plusieurs autres villes de l’intérieur qui ont certes vécues des évènements similaires, mais qui n’ont malheureusement pas bénéficiées de la même couverture médiatique. Il y a surtout Duékoué, où ces affrontements ont été particulièrement meurtriers au plus fort de la crise post-électorale.
Comment comprendre cet épineux problème devenu monnaie courante à travers tout le pays, dans nos villes et villages ? Un quotidien proche du régime Ouattara a cru y trouver une réponse, mais comme à son habitude, est complètement passé à côté de la plaque, en barrant à sa une : « Les pro-Gbagbo ont un plan diabolique : provoquer les FRCI et déstabiliser Ouattara ». A en croire ce canard, les affrontements à répétition entre FRCI et populations civiles, feraient partie d’un plan des proches de Laurent Gbagbo pour nuire au régime d’Alassane Ouattara. De la mauvaise foi tout simplement ! Cela n’est d’ailleurs pas surprenant, venant de ce quotidien laudateur en mission commandée pour son champion Alassane Ouattara. Cette honteuse sortie de ces défenseurs du nouveau régime a naturellement pour but de blanchir coûte que coûte, les protégés d’Alassane Ouattara dont l’image reste ternie par leurs nombreux dérapages. Elle vise aussi à jeter l’anathème sur les populations victimes des hommes de Ouattara.
Pour mieux comprendre ce phénomène, il est impératif d’aller à ses origines. Comme nous ne cessons de le préconiser à tous ceux qui aimeraient saisir le sens de la crise qui secoue depuis plusieurs années la Côte d’Ivoire, il faut aller rechercher les causes des faits à leurs sources.

Un aperçu historique s’impose donc. Pour ce faire, les uns et les autres doivent d’emblée saisir le « concept FRCI » en Côte d’Ivoire. Lorsque nous parlons des FRCI, il ne s’agit ici, que de la rébellion armée dite ‘’Forces Nouvelles’’ (FN) qui subsiste en Côte d’Ivoire depuis septembre 2002 et qui, à la faveur de la crise post-électorale, s’est étoffée de nouveaux éléments recrutés au sein de la population civile. Pour la plupart, des prisonniers évadés, des repris de justice, des désœuvrés, des chauffeurs de véhicules, des apprentis ‘’gbakas’’ (véhicules de transport en commun), des cultivateurs…, bref, des hommes qui n’ont reçu aucune sérieuse formation militaire de base. Comprenez donc bien que sous le vocable ronflant de ‘’Forces Républicaines’’, se cache la rébellion armée des Forces Armée des Forces Nouvelles (FAFN) qui a porté le glaive contre la mère patrie, un certain 19 septembre 2002. Rappelons à toutes fins utiles que cette même armée a été officialisée par une ordonnance prise par Ouattara, le 17 mars 2011. Cet acte posé par Alassane Ouattara renferme, en effet, deux enjeux majeurs. D’abord, affirmer la ‘’suprématie’’ de sa rébellion armée sur les FDS (Forces de Défense et de Sécurité), l’armée régulière de Côte d’Ivoire. Une bien vicieuse façon de ‘’sanctionner’’ les FDS pour être restées loyaux, 10 ans durant, au Président Laurent Gbagbo. Ce n’est ni plus ni moins qu’une manœuvre d’inféodation de la véritable armée ivoirienne à sa rébellion. Ensuite, cette appellation ‘’Forces Républicaines’’ est toute trouvée pour masquer la laideur de cette rébellion maculée de sang de nombreux d’ivoiriens. Ces FRCI de Ouattara, se distinguent surtout par deux caractéristiques majeures. La première: c’est une armée quasiment constituée d’hommes originaires pour la plupart des régions du nord de la Côte d’Ivoire. Un aperçu de la liste (non exhaustive) des chefs de guerre de cette rébellion, précédemment appelés ‘’com-zones’’, illustre bien cet état de fait. On y trouve : Issiaka Ouattara dit Wattao, Mourou Ouattara, Touré Hervé Pélikan dit Vétcho, Chérif Ousmane dit Papa Guépard, Ouattara Zoumana, Losseni Fofana dit Loss, Aboudrahamane Traoré dit Dramane Touba, Ousmane Coulibaly dit Ben Laden, Koné Gaoussou dit Jah Gao, Fofié Kouakou Martin, etc. La seconde, c’est que ces éléments FRCI sont pour la plupart des analphabètes notoires qui ne savent manier que leur langue maternelle, le dioula et bien sûr le fusil.

A l’occasion, ils l’ont clamé haut et fort, à qui veut l’entendre. Ils ont prit les armes pour Alassane Ouattara, cet homme qui affirma en 1999: « On ne veut pas que je sois candidat parce que je suis musulman et du nord ». Ce n’est donc pas par pure coïncidence que cette milice tribale ait pris fait et cause, aujourd’hui à visage découvert, pour Alassane Ouattara.

Ce que ces FRCI et leur mentor semblent ignorer actuellement, c’est que les ivoiriens ont encore en mémoire le traumatisme collectif et profond qu’ils leur ont fait subir depuis septembre 2002.

Aujourd’hui, dans un contexte de crise post-électorale certes différent de celui de 2002, le constat est vite fait. Les populations ont visiblement du mal à cohabiter avec leurs bourreaux d’hier. Et la question que nous sommes légitimement en droit de tous nous poser, au regard de ce qui se passe dans nos villes et villages, est la suivante: comment des rebelles qui ont porté le glaive contre la nation, peuvent-ils prospérer dans l’estime de cette nation ? Les bourreaux d’hier peuvent-ils si naturellement se faire accepter après avoir aidé à porter au pouvoir un individu pour qui ils ont tué et massacré cette même population ?
Eh bien non. Pas besoin d’y réfléchir par deux fois, car une armée n’impose respect et admiration que par son sens élevé des valeurs républicaines. C’est même un abus de langage d’appeler ce groupe d’individus « une armée ». Car une armée c’est l’ensemble des troupes régulières d’un Etat. Elle regroupe en son sein, sans distinction aucune, tout national apte à porter les armes. Et non pas une milice tribale ou ethnique à l’image de ces FRCI de Ouattara qui ne savent que répandre le malheur et la désolation. Certes les FDS n’étaient pas exemptes de tout reproche. Mais nullement, depuis les différents chefs d’état qui se sont succédé à la tête de ce pays, il n’a été fait mention nulle part qu’en Côte d’Ivoire, des populations civiles s’affrontent à leur armée ou qu’ils désirent leur départ de leurs différentes localités.
Ces rebelles naguères dans les zones, du nord de la Côte d’Ivoire, se sont lancés à l’assaut des zones du sud et s’y sont installés, à la faveur de la crise post-électorale. Tantôt dans le rôle juges, tantôt dans celui de gendarmes ou de policiers quand cela leur chante, ils se sont livrés et continuent de le faire, en toute impunité, à de multiples tueries et exactions qui finissent par susciter l’indignation, la colère, et finalement les révoltes des populations. Au sujet des crimes commis par ces hommes qui ne sont guidés que par une seule loi, celle du plus fort, le Colonel Ange Kessy, Commissaire du Gouvernement avoue son impuissance. Il soutient en effet qu’il ne peut les poursuivre malgré leurs exactions avérées. Car selon lui, ils ne seraient ni civils, ni militaires.

Cet assaut des hommes de Ouattara, venus du nord, leurs agissements au sein des populations sont tout un symbole. Comment peuvent-ils alors être perçus par ces populations autrement qu’une force d’occupation dans les villes et villages de Côte d’Ivoire?

Et la bêtise ne s’arrête pas là. Alassane Ouattara, leur mentor une fois installé, s’attèlera à la tâche qui lui est dévolue : le ‘’rattrapage’’ ethnique. Après la création d’une armée tribale, c’est au tour de l’administration ivoirienne, relookée RDR, un gouvernement à forte coloration nordiste et une Assemblée Nationale quasiment ‘’rattrapée’’, de voir le jour. C’est l’avènement d’une république nordiste, une machination manifeste qui contribue dangereusement à aggraver d’avantage la fracture sociale en Côte d’Ivoire. Comment ne pas donc comprendre ces populations excédées, qui ont décidé malgré les armes pointées contre elles, de prendre leur destin en main ? Tout ceci n’est rien d’autre qu’un sentiment profond de rejet, de dégout prononcé à l’égard de ces FRCI, mais bien plus encore par ricochet, à l’égard de leur mentor Alassane Ouattara. Ce dernier à qui les ivoiriens ne cessent d’envoyer des signaux forts depuis l’élection présidentielle, en passant par les législatives. Il y a en effet, au sein de cette population martyrisée, une sourde colère, une rage étouffée, un mal qui, de jour en jour peine à être prit en patience.
Au regard de ce qui précède, où est alors ce plan qui déstabilise Ouattara (si tant il est vrai qu’il est ‘’stabilisé’’)? Qui sont donc les fauteurs de troubles ? N’est-ce pas lui-même et ses FRCI qui déstabilisent le tissu social ivoirien, en servant à la population un vase plein d’amertumes, de frustrations, de rancœurs et d’injustice ? Et quand ce vase débordera, plus rien ne pourra freiner ces vaillantes populations aux mains nues mais déterminées. Et elles ne se tromperont naturellement pas d’adversaires, qui ne sont autres que Ouattara Alassane et son armée de tueurs. Non pas leurs braves frères du nord à qui l’on veut sournoisement les opposer. Pour tout dire, le message destiné à Alassane Ouattara et ses FRCI est sans ambigüité: « Rien ne se fera dans ce pays sans le reste des ivoiriens, vous en êtes prévenus ! ».

Marc Micael

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