L’ancien maire Fpi de Cocody trouve la mort
Le Front populaire ivoirien (Fpi) vient d’être frappé par un autre deuil. Alors que la dépouille de Paul Antoine Bohoun Bouabré gît encore dans les chambres froides d’Ivosep Treichville, c’est un autre baron de l’ancien régime qui est arraché à l’affection des siens depuis la matinée du vendredi 17 février 2012. Jean Baptiste Gomont Diagou, qui s’était donné le surnom de «Petit Gbagbo», est décédé au Ghana des suites d’un accident vasculaire cardiaque (Avc) plus connu sous le nom de crise cardiaque. Jean Baptiste Gomont Diagou était le maire de la commune de Cocody élu en 2001. Ingénieur en robotique, le natif de Blockauss (commune de Cocody) et ancien cadre à Nestlé, était un des piliers du régime de Laurent Gbagbo en sa qualité de maire de la stratégique commune de Cocody. Au Fpi, il forçait admiration et respect, connu pour son franc-parler et sa loyauté à son inspirateur, Laurent Gbagbo. Il est arrivé au Ghana après la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011. Sa mort plonge le milieu des exilés ivoiriens dans le désarroi. L’un d’eux, Steve Beko a écrit ceci sur son mur Facebook : ‘’restons divisés, livrons-nous à des guerres de clans, partageons l’éléphant avant de l’avoir tué. Cherchons le plus beau, le plus légitime, le plus riche. On va tous mourir en exil et ça n’ira nulle part. Il n’y a pas plus sourd que celui qui refuse d’entendre. Dieu ne parle pas le Français’’. La nouvelle de son décès arrive au moment même où son parti, le Fpi, s’apprêtait à commémorer aujourd’hui le 18 février 1992, une date symbolique dans les annales du parti de Laurent Gbagbo. Comme un vent contraire, c’est au moment où le parti cherche ses repères, qu’il perd ses maillons les plus importants. Hier, c’était Gnan Raymond, l’ancien argentier Bohoun Bouabré et aujourd’hui Jean Baptiste Gomont Diagou, le frère de l’autre Diagou PDG de Nsia qui est lui, cadre du Pdci. La dépouille mortelle du maire Gomont Diagou a été accompagnée hier vers 19 h temps universel, à la morgue de l’hôpital militaire Thirty Seven d’Accra, selon des témoins sur place dans la capitale ghanéenne. Son épouse et ses deux filles étaient soutenues par les ministres Koné Katinan et Kadet Bertin. Ervé Siaba, ex-conseiller du Président Gbagbo, Thiery Bouikalo-Bi, ex-directeur général de l’imprimerie nationale et Konaté Navigué, président de la jeunesse du FPI étaient également présents.
Débailly
Encadré
Marie Odette Lorougnon, présidente de l’OFFPI :
‘’Nos gens sont en train de se résigner dans la mort et la misère devant le comportement sans pitié du gouvernement Ouattara’’
Marie Odette Lorougnon Gnabry a accepté de se prononcer hier sur la mort de l’ex-maire de Cocody, décédé le vendredi 17 février 2012 au Ghana, des suites d’une crise cardiaque. Les autres leaders politiques, notamment ceux du RHDP, n’ont pu réagir car ils étaient en réunion.
«Gomont est mort d’une crise cardiaque provoquée par la situation que nous vivons actuellement en Côte d’Ivoire. Gomont est mort d’une crise cardiaque parce qu’on leur a tout bloqué, ils n’ont pas droit à se soigner. On a bloqué tout leur argent, leurs biens ont été détruits (…) Nos gens sont en train de se résigner dans la mort et la misère, devant le comportement sans pitié du gouvernement Ouattara. Des cadres supérieurs qui ont géré la nation sont en train de se résigner dans la mort. La crise cardiaque arrive quand tu n’as plus d’issue (…) Tous ceux qui entourent Ouattara aujourd’hui, ont été membres du gouvernement de Laurent Gbagbo. Pourquoi ne sont-ils pas dans la même situation ? Pourquoi n’ont-ils pas droit à cette punition ? Pourquoi ce sont les pro-Gbagbo, les militants du FPI et de La Majorité Présidentielle qui doivent payer le lourd tribut ? Qu’avons-nous fait ? Est-ce que Ouattara nous prend vraiment pour ses compatriotes ? Si nous étions vraiment ses compatriotes, il ne nous aurait pas traités comme ça. Gbagbo a traité les Ivoiriens comme ses compatriotes. Gbagbo n’a pas traité Ouattara de la sorte, quel que soit ce qu’ils ont fait. Quelle que soit la violence qui est leur programme de gouvernement, Gbagbo ne les a pas traités comme ça. Il est temps qu’ils révisent leur position, qu’ils sachent qu’il y a un Dieu et que ce n’est pas en tuant une partie de l’élite ivoirienne que la Côte d’Ivoire va leur appartenir éternellement, parce que les élites se remplacent. Je suis tout simplement triste et j’ai mal pour mon pays de voir qu’il y a à la tête des gens sans pitié qui ne pensent qu’à eux seuls, à leur notoriété et non à la Côte d’Ivoire (…) Il faut que le pouvoir actuel se ressaisisse (…) Si Ouattara est président aujourd’hui, qu’il salue Gbagbo. Les Ivoiriens ne voulaient pas de la candidature de Ouattara, mais Gbagbo les a convaincus. Il n’a donc pas le droit d’éliminer tous les collaborateurs de Gbagbo ».
Propos recueillis par Olivier Dion
L’Intelligent d’Abidjan
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