ABIDJAN LE 16 FEVRIER 2012 © koaci.com – Quand le Malheur veut arriver il ne vient jamais seul pourrait se dire cette victime de la furie de supporters zélés. Battue à sang pour avoir dit, suite à la défaite des Éléphants en finale, qu’Ado porte malheur, son drame révèle qu’à Abidjan, tout ne se dit plus à haute voix.
C’est au lendemain de la défaite des Éléphants en finale face aux Chipolopolos de la Zambie que cette femme dont nous avons reçu le témoignage a été violentée par des jeunes supporters. De foot ou du président Allassane Ouattara? À chacun de tirer sa conclusion. Toujours est-il que cette commerçante a été rudoyée par ses bourreaux, tout simplement parce qu’elle a soutenu en public que le chef de l’Etat ivoirien a porté poisse aux Éléphants en se rendant au stade.
On se souvient tous qu’à l’avant veille du match devant opposer Didier Drogba et ses coéquipiers à la brillante équipe de la Zambie, le chef de l’Etat s’était envolé pour Libreville au Gabon en vue d’assister à cette finale. Avant son départ celui-ci avait ouvertement soutenu qu’il y allait pour ramener le trophée en Côte d’ivoire. La suite est connue de tous. Les Éléphants ont été battus aux tirs au but (7-8) et sont rentrés avec la médaille d’argent.
Ce fut la consternation dans le pays qui avait placé beaucoup d’espoir dans cette victoire. Des milliers d’ivoiriens n’avaient même pas voulu imaginer qu’un match de football ne se gagne pas dans la bouche comme le chante des burkinabés depuis quelques jours. Hélas, ceux-là n’ont eu que leurs yeux pour pleurer à chaudes larmes. Cette jeune femme dont nous racontons l’histoire a eu le malheur de dire tout haut ce que plusieurs avaient pourtant pensé tout bas avant le match. Pour elle, la présence du mentor du RDR sur le stade avait mis plus de pression sur l’équipe ivoirienne que toute autre chose. Elle avait ajouté que la réaction du public gabonais dans les gradins, largement en faveur des chipolopolos, était due à cette présence du “Brave tchè” dans les tribunes.
C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ce lundi 13 février 2012 à Yopougon, jour déclaré chômé et payé par le président Allassane Ouattara afin de permettre à la population de sortir massivement à la rencontre des héros malheureux. Les supporters dont on se garderait ici de dire s’ils étaient supporters d’Ado ou supporters des Éléphants de Côte d’ivoire se sont jetés sur la pauvre femme qui parlait devant sa marchandise, la rudoyant de coups jusqu’à ce qu’elle ait le visage ensanglanté. Après quoi les badauds vont saccager sa marchandise avant de se fondre dans la nature.
Comme elle, plusieurs autres personnes ont été battues par des individus dont certains n’ont pas hésité à dire qu’il ne fallait pas parler en mal du nouveau chef de l’exécutif. Décidément, on aura tout vu en Côte d’ivoire avec le changement de régime. Vive la liberté d’expression, vive le vivre ensemble dans la diversité d’opinion!
François Mérouze
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