L’Inter
L’arbre n’a pu cacher la forêt. Le retour triomphal des Eléphants au pays lundi 13 février dernier n’a pu éclipser le drame qui se jouait à Arrah depuis la veille. Alors que des Ivoiriens laissaient éclater leur joie tout au long du trajet parcouru par le Onze national, d’autres se terraient à Arrah, de peur d’être victimes des violences interethniques qui ont éclaté dimanche 12 février dans cette localité. Dans cette cité d’ordinaire sans histoire, des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) se sont de nouveau illustrés négativement. Une fois encore, ils sont cités dans des incidents les opposant aux populations et qui ont occasionné de nouvelles pertes en vies humaines. On croyait pourtant ces dérives des Frci désormais derrière nous, surtout après que le président Alassane Ouattara eut haussé le ton au lendemain des incidents de Vavoua, qui ont fait plusieurs morts. On se souvient que le samedi 16 décembre 2011, de violents affrontements avaient opposé des populations de Vavoua au détachement des Frci basé dans cette localité. La réaction jugée disproportionnée des Frci avait entraîné des morts et d’importants dégâts matériels du côté des civils. C’était la goutte d’eau qui fera déborder le vase et susciter une vigoureuse réaction du chef de l’Etat, qui avait sommé la hiérarchie militaire de mettre au pas les auteurs de cette énième dérive des Frci. C’est que les incidents de Vavoua étaient survenus à environ une semaine après d’autres violences du même genre qui ont éclaté à Sikensi, dans lesquelles les militaires étaient encore impliqués. C’en était trop, a estimé Ouattara, qui avait alors tapé du poing sur la table. Le chef de l’Etat avait demandé, le lundi 18 décembre 2011, que tous les éléments soient encasernés dans les 48h et qu’il soit mis fin au rodéo auquel ils se livrent dans les rues à bord de véhicules estampillés Frci. La Police militaire qu’il a créée le même jour et à la tête de laquelle il avait nommé le commandant Koné Zackaria, s’était immédiatement mise au travail. Après près de deux mois de traque aux « éléments non immatriculés » et autres « jeunes associés qui ont bafoué la discipline militaire »( la formule est du ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi), on croyait ce type d’incidents définitivement derrière nous. Mais voilà que l’on assiste au retour des vieux démons. Chasser le naturel, il revient au galop, serait-on tenté de dire après les violences qui viennent d’endeuiller Arrah. Une fois encore, les Frci sont impliquées dans ces incidents. En rééditant ce qui s’est passé à Sikensi et Vavoua, on peut dire que certains éléments des Frci défient le chef de l’Etat, dont ils ont visiblement déchiré les décisions prises au lendemain des affrontements de Vavoua. Cette fois, selon certaines sources, tout est parti de l’immixtion d’un élément des Frci dans un litige entre civils, celui-ci ayant répondu favorablement à la sollicitation d’une connaissance impliquée dans le litige. A Arrah comme dans bien d’autres incidents rapportés par la presse par le passé, la pratique est toujours la même : des éléments Frci, sollicités par leurs parents, amis ou connaissances, prennent sur eux d’aller rendre justice, au mépris de la discipline militaire et des règles de l’art. Il faut, une fois pour toutes, mettre fin à cette façon de faire, qui donne l’impression que notre armée n’a pas de chef ni de chaîne de commandement. Le chef de l’Etat doit monter à nouveau au créneau pour mettre définitivement au pas toutes ces brebis galeuses, qui « gâtent son nom » en croyant le servir. Au risque de voir ces voyous nuire gravement à son image.
Assane NIADA
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