Côte d’Ivoire: des pro-Gbagbo libérés plaident la cause des autres prisonniers

 

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REUTERS/Thierry Gouegnon
Par RFI

En Côte d’Ivoire, des membres de l’ancien régime libérés en novembre dernier par la justice ivoirienne sont allés plaider la cause de leurs anciens codétenus face au ministre de l’Intérieur. En décembre plusieurs demandes de libération conditionnelle avaient été rejetées par le tribunal d’Abidjan. Il reste une soixantaine de prisonniers pro-Gbagbo à attendre un procès.

C’est Gervais Coulibaly, l’ancien porte-parole de Laurent Gbagbo qui mène la délégation. Une dizaine de proches du précédent régime, dont trois ont été emprisonnés à la fin de la guerre civile.

L’ancien ministre Gnamien Yao prend la parole, il a fait quatre mois à Bouna, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire. « Mes nuits sont hantées et troublées par le regard du président Affi N’guessan et de mon jeune frère Michel Gbagbo en train de me dire « au revoir » quand je me rappelle que nous les avons quittés et qu’ils sont restés tous les deux dans cette prison. Aucun sacrifice n’est de trop pour nous pour que nous puissions aider à libérer nos camarades. »

Le ministre de l’Intérieur affirme que le gouvernement a la main tendue vers l’opposition mais pour Hamed Bakayoko, ce plaidoyer pour la libération des prisonniers de l’ère Gbagbo est encore prématuré.

« Il ya des gens qui portent encore le deuil et de part et d’autre, explique Hamed Bakayoko, donc à chaque fois qu’ils voient un acte d’apaisement ils ont un sentiment que c’est de l’injustice. Donc nous devons voir plus loin et nous devons donner le courage de nous réconcilier. Pour se réconcilier faut être deux. »

La justice ivoirienne instruit des dizaines de dossiers sur les crimes commis pendant la crise post-électorale. Les premiers procès devraient commencer dans quelques semaines.

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Encadré:

LE MINISTRE GNAMIEN YAO, porte-parole de cette délégation, a dit placer cette rencontre sous le signe de l’exception ivoirienne « faite de pardon, d’amour, d’humilité et de responsabilité». « Au regard des charges que nous avons assumées dans ce pays, conscient que nul ne peut vivre sans nuire et que l’objectif de tous et de chacun
est de vivre en nuisant le moins possible, nous voudrions avoir à la bouche, le pardon de l’offense et plaider pour que la famille ivoirienne se retrouve dans sa diversité. (…) Nous avons une seule doléance, faire ce plaidoyer nécessaire pour la libération de nos sœurs et frères encore détenus afin qu’ensemble, dans la diversité renouvelée, nous donnions un sens au dialogue et au ‘’vivre ensemble’’, si chers à chacun de nous. Qui mieux que nous, peut plaider pour la libération de nos sœurs et de nos frères encore détenus ? Qui mieux que vous, monsieur le ministre d’Etat, peut accepter de s’investir dans ce processus complexe mais salutaire, vous dont la mission auprès du Président de la République est de donner quotidiennement le cap que doit prendre le navire ivoire dans l’espoir de garantir la paix sociale Le min FPI à l’intérieur de chacune des familles et au sein de la grande famille ivoirienne. Nous vous prions d’intercéder auprès du Président de la République», a plaidé l’ancien ministre de l’Artisanat. Avant de révéler : «Mes nuits sont troublées par les regards du président Affi N’guessan et de Michel Gbagbo lorsqu’ils me disaient au revoir quand je quittais Boundiali». Le ministre Hamed Bakayoko a dit être sensible à ce message soutenu, complété par la force et la justesse des mots. «Je me suis félicité de cette visite qui permettra de relancer le dialogue. Je transmettrai fidèlement l’entièreté de votre message au Président de la République», a répondu le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur. Hamed Bakayoko.

L’Intelligent d’Abidjan

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