Défense de Gbagbo à la CPI Vergès et Dumas reviennent

Leur silence était troublant. On ne les a pas revus ni entendus depuis le transfèrement de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, à la Haye. Pas une seule déclaration, ni une interview ou une prise de position publique. Rien. Les partisans de l’ancien chef de l’État ivoirien espéraient les voir assurer sa défense lors de sa première comparution devant les juges de la Cour Pénale Internationale (CPI), le lundi 5 décembre 2011, à l’audience de présentation du prévenu ; mais il n’en a rien été. Maîtres Roland Dumas et Jacques Vergès, car c’est d’eux qu’il s’agit, sont restés aphones depuis que Laurent Gbagbo a été arrêté le 29 novembre par la CPI et écroué le lendemain 30 novembre 2011 à la prison hollandaise de Scheveningen. Alors qu’ils ont été très actifs durant la crise post-électorale au côté de l’ancien chef de l’État de Côte d’Ivoire, on n’a pas vu les deux éminents juristes et avocats français se mobiliser pour défendre la cause de Gbagbo à la CPI. Or, dans le feu de la contestation qui a suivi la présidentielle du 28 novembre 2010, l’ancien président du Conseil constitutionnel français et celui qui est surnommé «l’avocat du diable» ont effectué deux voyages à Abidjan. De retour en France, Dumas et Vergès ont investi les plateaux de radios et télévisions et ont donné plusieurs interviews, pour apporter leur soutien à l’ex-président ivoirien, alors voué aux gémonies par la communauté internationale. Leur retrait a suscité beaucoup de commentaires, et de nombreux pro-Gbagbo se sont même interrogés sur les raisons de ce «lâchage». Une source judiciaire proche du dossier et basée à Paris, a tenu à les rassurer sur la question. «Je comprends leurs inquiétudes, et je trouve qu’elles sont fondées et légitimes. Parce que Me Jacques Vergès et son confrère Roland Dumas sont deux avocats très expérimentés et même très redoutés de toutes les juridictions au plan international. Mais qu’ils se rassurent, ces deux icônes qui maîtrisent les arcanes de la justice internationale n’ont pas laissé tomber le Président Gbagbo. Et je peux même trahir un secret : Mes Vergès et Dumas préparent une petite surprise au Chef !», nous a confié lundi au téléphone, notre source avec une certaine hilarité. De fait, Me Roland Dumas et Jacques Vergès se rendront très bientôt à La Haye, courant février ou début mars, pour rendre visite à Gbagbo. Après une concertation fin janvier à Paris, avec d’autres personnalités et intellectuels africains et occidentaux qui partagent le combat de Laurent Gbagbo, les deux avocats français sont arrivés à la conclusion suivante : «Nous ne pouvons pas abandonner notre ami, alors qu’au regard des faits, de la réalité du terrain et des instruments juridiques internationaux, il a pleinement raison. Nous allons donc faire quelque chose à notre humble niveau pour lui venir en aide et le faire sortir de là. Sa cause n’est pas perdue», nous a rapporté notre source. Ainsi, au cours de cette prochaine rencontre avec le prisonnier le plus célèbre de Scheveningen, une stratégie d’actions sera dégagée. Et sûrement Mes Dumas et Vergès vont aller s’inscrire au Barreau de la Cour Pénale Internationale, avec d’autres avocats internationaux. A l’effet de renforcer l’équipe de défense de Laurent Gbagbo et augmenter ses chances de libération, à l’issue de l’audience de confirmation des charges qui aura lieu du 18 au 28 juin 2012. Il faudra donc certainement s’attendre à voir les «centenaires», comme les ont baptisé ironiquement certains journaux ivoiriens, au prétoire de la CPI.

ANASSE ANASSE

L’Inter

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