Par Emmanuel T. ZAGBLA
Le séisme catastrophique qui a sécoué durement nos frères et soeurs d’Haiti, visiblement peinés par cette situation, nous emmène à la question de l’éminent Professeur, feu Joseph Ki-Zerbo. « A quand l’Afrique? ».
D’aucuns se demanderont le motif de cette combinaison. L’Afrique et la situation d’Haiti ont un lien commun. Ainsi, nous allons tenter, finalement, de repondre à cette question qui affecte l’existence morale et intellectuelle de tous les Africains et déscendants d’Africains dans le monde.
L’évocation de la situation d’Haiti rentre dans notre nouvelle vision de l’Afrique au sens large. Le rapprochement des liens entre le continent et tous ses fils de la diaspora, est la condition sine qua non pour repositionner l’Afrique sur l’échiquier international. Le continent doit maintenant assumer ses propres responsabilités au regard de ses descendants dans le monde. Bob Marley ne disait-il pas que tout Noir, de partout où il se trouve, est un Africain ? C’est dans ce contexte que nous voyons le drame Haïtien. En effet, c’est l’Afrique qui devrait assumer la coordination de l’aide internationale au sécours de ce pays frère, sécoué par le grave séisme. Tout comme la défense des droits de tous les Africains dans le monde serait de la responsabilité du continent noir. Alors, à quand l’Afrique ? Dans son mémorable discours d’Accra, le premier Président noir des États–Unis d’Amérique avait mis l’accent, d’une manière génèrale, sur le problème de la fragilité institutionnelle. Plusieurs pays africains fêtent cette année le cinquantenaire de leur indépendance dans un continent divisé par les conflits armés, des querelles territoriales. Un continent qui montre son insensibilité au regard d’une politique comune, apte à changer radicalement et positivement son existence. Un continent, dont la jeunesse investit son avenir uniquement dans les migrations massives, en essuyant en retour les plus incroyables humiliations humaines dans certains pays hôtes. L’immobilisme a déjà trop duré. Alors à quand l’Afrique ?
Plusieurs pays africains sont littéralement assis sur le feu: la Somalie, le Soudan, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la République démocratique du Congo, etc. Au Niger, nous venons d’assister à l’éternel coup d’état militaire qui fait la honte de notre continent. En Côte d’Ivoire, l’intolérance politique règne comme la continuation de la tentative du coup d’état avorté du 19 Septembre 2002. Suite à l’échec catastrophique des « accords machiavelliques de Linas Marcoussis », l’APO, (Accord de Paix de Ouagadougou) semble également trainer ses pas. Encore une fois, ce pays est repoussé dans les cendres de l’incertitude politique.
La Somalie, oubliée et désintégrée par ses propres fils se dirige vers l’inconnu. Le Soudan et son Darfur ne font plus de bruits parce qu’il n’y a rien de nouveau…. La République Démocratique du Congo, devenue terre de prédateurs inconsolables, reste impuissante devant ces mille fauteurs de troubles. Devons-nous continuer la liste ? A quand l’Afrique ? Notre terre, bénie de Dieu, laisse ses propres fils vivre de la mendicité internationale, dans une misère économique et sociale que le continent n’aurait dû connaitre…L’Afrique est entrainée dans la misère intellectuelle et morale par ses propres fils, ceux-là qui manquent totalement de dignité. D’aucuns s’accrochent au pouvoir non seulement pour se servir, mais pire, pour servir leurs patrons qui en ont déjà autant ! Des dirigeants, des opposants, les rebellions : tous sont coupables des mille problèmes du continent. Et les populations africaines meurent de faim et des plus banales des maladies sur cette terre. Non, nous ne pouvons pas accepter dans l’indifférence, cette mort lente du continent. Nous ne sommes pas tous abonnés au silence mortel qui tue notre avenir et celui de nos enfants. Alors, à quand l’Afrique ? Sommes-nous peut-être dans l’attente du sauveur de notre patrie ? Une patrie qui représente, en même temps, le réservoir mondial des matières premières à bon marché, et la poubelle de l’abondance où sont déversés, dans la plus grande immoralité, des déchets de toutes sortes et de toutes provenances…Et nous continuons à nous entretuer comme si notre monde était un cirque bienveillant pour les autres. Pourqoi nous le faisons?
Nous avons tant de potentialités économiques et humaines ; de l’Egypte en Afrique du Sud, du Sénégal à l’Ethiopie, de la Lybie à la Côte d’Ivoire, en passant par le Maroc, le Congo, le Nigeria, la Tunisie, le Cameroun, le Gabon, le Rwanda, etc. Quel Pays africain se trouverait-t-il, en temps normal, totalement démuni ? Aucun ! Et alors, pourqoi cette incroyable situation du continent ? Pourquoi acceptons-nous de jouer cette scène indigne alors que nous méritions la première place sur cette terre? Partout dans le monde, les africains ont tendance à tendre la main, alors que les accords bilatéraux et multilatéraux d’aides au développement ne cessent de s’accroître sur le continent au fil de nouveaux sites miniers ou pétroliers. Alors, qu’ils nous disent à quand notre développement !
La première remède est la mentalité. Il faudrait que nos écoles enseignent l’Afrique. En Europe l’on étudie encore le fascisme et le nazisme; celà aide à comprendre les méfaits du passé et construire l’avenir. En Afrique, Kwamé N’krumah, Thomas Sankara et Patrice Lumumba rentrent difficilement dans les écoles. Et pourquoi cette négation de notre histoire? Sont-ils des révolutionnaires? Alors il faut expliquer aux élèves et étudiants ce qu’ils voulaient faire! Au niveau politique, les jeunes démocraties à l’occidental sont presque toutes en difficultés. Si nous croyons que la démocratie occidentale est un frein à notre épanouissement, alors, faisons un pas en arrière, un retour vers le passé: optons pour la démocratie du Baobab, qui représente une garantie du respect des hiérarchies. Sinon, pourquoi cherchons-nous à copier toujours les autres ? Lorsque nous parlons de mentalité, nous faisons bien allusion à l’anarchie créée par certains systèmes politiques dans nos pays. La démocratie comme nous la voyons en Afrique est un grand danger contre notre existence : de peitis pays avec plus de cent partis politiques, pour ne pas dire de cent partis tribalistes ou religieux ! Où allons-nous avec tout ceci ? Nous sommes perennement en difficulté économique alors que nos gouvernements ne cessent de s’accroitre : 20, trente, voir 40 ministres, pour quoi faire ? Et les bailleurs de fonds nous laissent faire : le cercle vicieux de l’endettement ne parle plus de bonne gouvernance…mais applaudit à cette démocratie imbécile : «divide et impera».
Eh bien, nous n’allons pas continuer à critiquer ce qui ne va pas. Conscients de nos sincères sentiments, nous venons humblement vous annoncer, avec la plus grande sincèrité intellectuelle et la plus grande fierté que l’Afrique est arrivée! Oui, chers frères et soeurs, notre continent est arrivé avec le discours de son premier fils, devenu Président de la plus grande puissance mondiale.
D’aucuns ont mal interpreté le choix du Président Barack Obama pour sa première visite en Afrique noire. Dans son discours, le prèsident américain a mis l’accent sur la nécessité de former de solides institutions démocratiques sur le continent. En choississant de se rendre au Ghana, Mr Obama a indirectement demandé aux Africains de suivre l’unification de l’Afrique pronée par le Ghanéen Kwamé N’krumah au temps des indépendances. Il n’y a aucune solution au sous- développement sans l’unification politique de l’Afrique. D’où, la nécessité de former de solides institutions, capables de contrer toutes tentatives de futures destabilisations.
En s’exprimant librement aux Africains, le Président américain ne pouvait trouver meilleure tribune que le Ghana de l’inspirateur de l’Unité Africaine.
2010-2020: UNE DECENNIE D’ACTIONS CONCRETES
La grande solidarité africaine au regard de la situation haitienne démontre que nous avons les capacités de résoudre nos problèmes sans toujours attendre l’aide extérieure. Toutefois, nous avons vu encore une fois, la dispersion de nos forces et énergies. L’aide à Haiti n’a suivi aucune politique de coordination. Partant de ce fait, nous allons mener une action portant création immédiate d’une institution indépendante, gérée par des africains, de toutes tendance politique, raciale, sociale et réligieuse. L’Afrique a besoin de tous ces fils pour rélever les innombrables défits. Ainsi, l première institution qui verra le jour pour la nouvelle l’Afrique sera le Fonds Africain de l’ Emergence et de la Coopération (The African’s Emergency and Co-operation Fund – AECF). Nous ne voulons plus créer des sigles, mais des institutions dynamiques et fontionnelles à l’image et nécessités de nos populations. Ce fonds sera à la longue l’unique institution qui s’occupera de tout, de manière parallèle et indépendante à toutes les autres institutions qui opèrent sur le continent. Tous les Africains, de toutes sensibilités, sont invités à s’investir dans la nouvelle vision que nous entendons apporter pour changer l’image du continent. Soyons sincères dès le départ: nous ne serons pas disponibles aux discours inutiles, ni à l’attention de tous ceux, conscients de nos bonnes intentions, chercheront des voies nuisibles pour éteindre ce flambeau de l’Afrique retrouvée.. Nous voulons des hommes et des femmes d’action. Des personnes qui aiment mettre en valeur leurs idéaux d’une Afrique respectée et solidaire, consciente de ses forces.
La première action à entreprendre sera la lutte contre la corruption et le renforcement de la justice dans tous les pays d’Afrique. Le Fonds Africain de l’Emergence et de la solidarité est l’affaire des Peuples africains, de tous ceux qui souffrent dans le silence la double faces d’un continent riche, mais pauvre, solidaire mais toujours en guerre. Nous allons obliger les gouvernements et les institutions étatiques à nous suivre. On gouverne pour le Peuple, pas contre le Peuple. On est opposant pas pour des idées personnelles, mais pour la défense des intérêts de la communauté. Le Fonds Africain pour l’Emergence et la Coopération sera la voie du Peuple et des Diasporas africaines. La structure du Fonds sera définie et diffusée dans tous les pays du monde afin que les africains et descendants d’africains puissent en savoir les finalités. Oui, l’Afrique est arrivée ! Nous déclarons tout de suite nos intentions : nous entendons mener une guerre efficace contre notre pauvreté, notre misère, nos divisions.
LUTTE EFFICACE CONTRE LA CORRUPTION
Notre action sera celle de sensibiliser tous les Africains contre la corruption endemique qui tue nos pays. Nous allons instituer dans tous les pays africains des observatoires contre toutes les formes de corruption. Nos actions seront illimitées, et dans tous les domaines :
Corruption, Justice, Education, Santé, Affaires étrangères, environnement, etc. Tous nos programmes seront publiquement définis afin que chaque Africain, de partout où il se trouve, puisse apporter sa contribution.
Ainsi donc, chers frères et soeurs, nous vous invitons déjà à prendre connaissance avec la nouvelle réalité africaine. Personne ne viendra travailler gratuitement pour le bonheur des Africains. Nous avons tendance à parler de transfert de technologie. Il faut savoir ce qu’il faut faire avec la technologie. Que pourrons nous faire avec la technologie d’un pays fortement industrialisé? On ne peut pas nous tranférer la technologie nucléaire pour l’utiliser à recolter notre cacao ou notre café! La technologie s’adapte à une situation conséquente. Il revient aux africains produire la technologie nécessaire pour travailler le café et le cacao, tout comme la conservation de la banane plantain ou de l’igname. Nous avons les produits du sous sol, alors formons nos chercheurs afin qu’ils puissent trouver l’outil adaptables à la transformation de ces produits. Voilà ce que la nouvelle Afrique entend faire. Nous avons tous les instruments nécessares et les modalités opérationnelles. Notre fierté d’être africain passe à travers l’adoption de nouvelles mentalités de coopération. Nous serions encore plus fier lorsqu’on verra unis des Egyptiens et Algériens, Ethiopiens et Eritréens, Rwandais et Burundais, Lybiens et Tchadiens, des Chrétiens et Musulmans Nigérians, tous unis autour d’un même projet de développement pour l’Afrique.
Faites-nous confiance, ce jour arrivera et aucun enfant mourra de faim en Afrique. Voici notre mission: oui, l’Afrique est arrivée. L’Afrique Maintenant-Africa Now! D’autres initiatives suivrons.
Emmanuel T. ZAGBLA
ezagbla@yahoo.com
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