Par Géraldine Diomandé – Source: Aujourd’hui
Mal servi dans le partage du gâteau présidentiel par son allié, le Rdr, et dérouté par les dernières législatives, le PDCI a mal à sa cohésion et à ses ambitions. Avec notamment un KKB, qui porte aujourd’hui le visage de la contestation et qui dispose de gros soutiens au sein de la maison Bédié
Les cadres qui se cachent derrière KKB
Depuis quelques jours, les éclats de voix fusent de la maison PDCI. Des sons discordants qui attestent éloquemment de l’état de cohésion des troupes sous l’autorité du président Aimé Henri Konan Bédié. C’est d’abord, Kouadio Konan Bertin dit KKB, le bouillant président de la jeunesse du parti, qui n’a pas craint d’envoyer des piques à « N’zuéba », le prince des Nambè à qui il reproche de vouloir aliéner le PDCI au RDR. Et le tout nouveau député de Port-Bouët, de réclamer en sus un congrès afin de redistribuer les cartes et de garder « sauf », l’héritage laissé par feu Félix Houphouët-Boigny. La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre. Celle-ci a été portée, quelques heures après la sortie de KKKB, par Kouassi Abonoua, dit « Empirus », député de Brobo, sorti de l’écurie Bédié pour donner le change au patron de la Jpdci. Il sera appuyé dans la mission par Koné Issa, président du Forum des jeunes du vieux parti. Tous deux n’ont pas eu de mots assez forts pour descendre en flamme leur camarade jeune coupable à leurs yeux, d’avoir manqué de respect au père de famille. Pas sûr que cela ait tempéré l’ardeur de KKB qui, de bonnes sources, multiplie en interne les rencontres pour élargir le front du refus contre la vieille garde accusée de vouloir vendre le PDCI à Ouattara. Dans ce combat qui pourrait s’apparenter facilement à un parricide, -tant KKB se comportait jusque-là comme le fils de Bédié auquel il a emprunté et le physique et le timbre vocal-, le leader de la Jpdci n’est pas seul. Il dispose de solides appuis au sein de la maison Bédié, qui eux préfèrent avancer masqués, laissant KKB dans le rôle de celui qui secoue le cocotier. Au rang de ceux-ci, on cite Gaston Ouassenan Koné, Alphonse Djédjé Mady, Aka Aouélé et autres Emile Constant Bombet pour n’indiquer que les plus connus des frondeurs. Des cadres qui ont chacun, plus d’une raison de se liguer contre la conduite des affaires du parti par Henri Konan Bédié, même si tous ont en commun le blues né de la boulimie de Ouattara et les siens qui ne laissent que des miettes au Pdci auquel ils doivent pourtant leur accession au pouvoir. Le premier de la « short list », Ouassenan, ancien ministre sous Houphouët puis Bédié, avait souhaité prendre la Présidence de l’Assemblée Nationale en vue de défricher les dernières pistes qui mèneraient à la présidence du PDCI-RDA et nourrir des ambitions plus grandes en 2015. Malheureusement pour lui, le RDR est sorti majoritaire des législatives. Et dans ces conditions, seul un congrès, à l’heure actuelle peut l’aider à succéder au sphinx de Daoukro et se mettre ainsi sur orbite dans l’optique de la future présidentielle, sous la bannière du Pdci. Ceci, pour rompre avec la tradition qui veut que ce soit toujours un Akan qui porte l’étendard du vieux parti à l’élection présidentielle. Dans un tel schéma, OUASSENAN rapprocherait ainsi, l’axe Nord Sénoufo et TAGBANAN du Centre Baoulé. DJEDJE MADY, secrétaire général du PDCI-RDA, nourrissait également les mêmes velléités de contrôle du parlement. Mais la débâcle des siens aux législatives, a vite fait baisser les prétentions de l’homme. Surtout que dans la foulée, il lui est revenu que Bédié et Ouattara ne sont nullement motivés à l’idée de lui faire un tel honneur. Or Djédjé Mady a toujours eu pour ambition de gravir des échelons et de succéder à BEDIE à la tête du PDCI-RDA. Tous les militants présents la dernière fois à la maison du Pdci ont pu observer le pilatisme du député de Saïoua quand KKB, devant une assistance médusée, et en présence de l’ancien ministre AMON TANOH LAMBERT a attaqué la direction du parti avant de réclamer un congrès avant les municipalités. Vice-président du Pdci et ministre sous Gbagbo, Aka Aouélé ne manque pas non plus d’ambitions. Ce pharmacien à qui l’on prête une large surface financière, n’aurait pas apprécié sa mise à l’écart par ’’N’zuéba ‘’. Il veut aujourd’hui se relancer au sein de l’appareil du parti, en jouant non plus les seconds couteaux mais les premiers rôles. Apprécié par les militants en général, il pense pouvoir jouer une carte importante au prochain congrès. Super ministre sous Bédié, Emile Constant Bédié rêve également du grand jour, au Pdci car il est conscient comme les trois premiers cités, que le scénario d’un Bédié allant à Canossa,- en fondant le Pdci dans un Rhdp unifié-, ne lui donne aucun rôle à jouer surtout que dans l’affaire, le Rdr lui garde une dent vengeresse pour avoir déchu feu Innocent Djéni Kobena de la nationalité ivoirienne un jour de 1995. Dans ces conditions, récupérer la présidence du PDCI-RDA reste un challenge immense pour l’enfant de Bangolo. Mais en face, il y a le sphinx de Daoukro qui ne semble pas encore avoir dit son dernier mot. Fort de son nouveau statut de « président de la République honoraire » et premier conseiller d’Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié renforce son emprise sur le parti en décidant du choix des cadres du Pdci à promouvoir dans l’Administration. Un joker qui lui permet de conserver toute son influence sur le parti. Mais pour combien de temps encore ?
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