L’armée ivoirienne fait sa mue pour relever le défi de la sécurisation

ABIDJAN (Xinhua) – La hiérarchie militaire ivoirienne multiplie des actions visant à donner à l’armée ivoirienne les rudiments pour relever le défi de la sécurisation et de la paix durable après la crise post-électorale aigüe qui a secoué le pays. Des tournées dans les casernes et des réunions tactiques des officiers se sont succédées, sous la houlette de l’état-major général des armées.

A ces différentes occasions, le chef d’état-major général de l’armée ivoirienne le général Soumaïla Bakayoko a insisté sur la nécessité de former une armée unifiée, solidaire et disciplinée.

« Les ex-Forces de défense et de sécurité (FDS, ex-forces pro- Gbagbo) et les Forces armées des forces nouvelles (FAFN, ex- rébellion et ex-forces pro-Ouattara) composent désormais les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) », a rappelé le général Bakayoko, plaidant pour une armée républicaine au service des institutions du pays.

LA TRAQUE AUX MAUVAIS GRAINS

Avec des exactions perpétrées par des éléments se réclamant des FRCI, la hiérarchie militaire au plus hait niveau a vu la nécessité de mettre de l’ordre dans les rangs des soldats.

Le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, chef suprême des armées, est lui-même monté au créneau en annonçant des mesures pour traquer les militaires indélicats.

Il s’est agi notamment de la consignation des militaires dans les casernes et de la création d’une police militaire pour mettre les éléments indisciplinés au pas.

Pour les responsables de l’armée, l’on a affaire non seulement aux mauvais grains militaires qui ont un comportement en déphasage avec l’armée par manque de formation, mais aussi aux mauvais grains civils qui arborent des tenues militaires pour commettre des exactions et jeter l’opprobre sur l’armée.

IDENTIFIER LES VRAIS SOLDATS ET DÉMASQUER LES FAUX

Au cours de sa tournée dans les casernes du pays, le chef d’état-major général a ainsi annoncé la confection d’une nouvelle tenue pour identifier les vrais militaires.

Aux dires de l’officier, Cette opération doublée d’un établissement de nouvelle cartes permettra de voir qui est militaire et doit être par conséquent pris en compte dans la nouvelle armée, et qui ne l’est pas et doit être par conséquent écarté et mis hors d’état de nuire.

La volonté de redorer le blason de l’armée après la « salve » d’incidents a amené les autorités militaires à organiser le week-end dernier dans la ville de Grand-Bassam (sud) un séminaire-bilan afin de voir le chemin parcouru et les challenges à affronter.

DES PROGRÈS RÉALISÉS

« Des efforts énormes ont été accomplis pour lutter contre l’insécurité, notamment le racket, les braquages et autres fléaux », s’est réjoui le ministre ivoirien délégué à la Défense Paul Koffi Koffi lors des assises.

A en croire celui-ci, l’on est passé de 10 braquages par jour en juin 2011 à quatre braquages en septembre 2011 et « aujourd’hui » à deux braquages par jour.

Le ministre a par ailleurs fait état d’un renforcement de la discipline au sein des FRCI en général, et surtout au niveau des jeunes associés volontaires.

Toutefois, les menaces contre les « hors-la-loi » invétérés sont sans ambages.

« Ceux qui continuent de détenir illégalement des armes doivent les rendre car bientôt un ratissage national sera lancé, alors la loi va s’appliquer dans toute sa rigueur contre ces contrevenants », a averti Paul Koffi Koffi.

LES CHANTIERS POUR UNE ARMÉE NOUVELLE

De source officielle, le gouvernement ivoirien prépare activement la réforme du secteur de la sécurité et de la défense. La mise en place de la réserve pour occuper les jeunes associés volontaires ainsi que le désarmement et la démobilisation de ceux- ci constituent des préoccupations. Selon le ministère délégué à la Défense, le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro procédera « dans les semaines à venir » au lancement du processus de réforme de l’outil de défense.

Ce processus comprend plusieurs chantiers tels que les visites de terrain, des rencontres de réflexion sur les réformes pour le statut des militaires, le format des effectifs, l’équipement des casernes, les outils et l’environnement de travail, le renforcement de la lutte contre l’insécurité, le renforcement de la coopération pour contenir les menaces, les actions à mener pour le retour des militaires en exil.

« Les FRCI et la gendarmerie nationale s’engagent véritablement pour une nouvelle armée » a estimé le ministre Paul Koffi Koffi, insistant sur la formation et la culture du résultat qui devraient permettre d’avoir une armée ivoirienne moderne, efficace et performante.

Cette mue aurait pour avantage de donner aux forces ivoiriennes la capacité de relever le défi « majeur » de ramener la quiétude et la sécurité dans le pays qui a secoué plusieurs mois durant par une grave crise post-électorale. La constitution d’une nouvelle armée composée d’ex-belligérants, la sécurisation et la réconciliation nationale se présentent comme des chantiers d’envergure qui attendent les populations.

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