Attribution du marché de collecte des ordures: Anne Ouloto s’explique et s’enfonce

« C’est un appel d’offres qui a suscité beaucoup d’intérêt ; peut-être parce qu’il s’agit de gros sous. Donc, qu’on ne nous fasse pas l’injure de dire que nous avons dealé avec l’opérateur Satarem Greensol. Son choix est le résultat d’un travail technique qui a été fait par la commission ». Ces propos sont ceux de la ministre de la Salubrité publique, Anne-Désirée Ouloto. Elle les a tenus en marge de la rencontre qu’elle a eue, le mercredi 1er février dernier, à son cabinet, avec les gouverneurs de district et les maires.

Si son intention était de justifier le choix de Satarem Greensol comme seul opérateur pour la gestion des ordures dans le district d’Abidjan, elle doit se rendre à l’évidence qu’elle est complètement passée à côté de la plaque. Tant ses arguments sont trop légers pour convaincre qui que ce soit.
Sinon, comment comprendre qu’une entreprise radiée en France puisse remporter un appel d’offres en Côte d’Ivoire. Car, si la ministre l’ignore, Satarem connaît de réelles difficultés. Et la décision de justice prise le 18 novembre 2010 est claire : «clôture pour insuffisance d’actif». Alors de quoi parle Anne-Ouloto quand elle soutient : «Il s’agit d’une entreprise qui a une bonne expérience et il faut éviter de tomber dans les bassesses» ? Quelles sont les garanties que Satarem a bien pu présenter pour que le choix de la commission se porte sur elle? Et, quelle est cette «autre entreprise de bonne réputation» à laquelle elle est associée, comme tente de le faire croire maman Bulldozer ? Satarem Greensol ? Là encore, la ministre devrait faire profil bas. Car, quand on a pour collègue et camarade de parti un certain Adama Bictogo dont le grand frère, Salif Bictogo, était jusqu’au 30 décembre 2011 président du conseil d’administration de Greensol, structure sur laquelle s’est arrimé Satarem pour remporter l’appel d’offres, on ne doit pas en être fière. Quand, à cela, s’ajoute toute cette gymnastique qui a consisté à remplacer au dernier moment le nommé Salif Bictogo à ce poste par un homme-lige, Poby Angbomin Eric, il n’ y a plus de doute que Satarem Greensol n’a pas été choisie sur une base objective. Et, cela s’appelle un délit d’initié.
Faut-il encore en douter, la Côte d’Ivoire a reculé. Fini le temps où, sous le président Gbagbo, les marchés publics étaient attribués en respectant scrupuleusement les directives de l’Uemoa auxquelles le pays avait adhéré en se dotant en août 2009 d’un code. Aujourd’hui, le gré à gré et les pseudos appels d’offres ont pris le relais. Au mépris de tous ceux qui militent pour le respect des règles de bonne gouvernance.

Koné Modeste konemo2002@yahoo.fr
Notre Voie

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