Amnesty International veut que le Sénégal cesse de réprimer les voix dissidentes alors que 2 manifestants ont été tués

Les forces de sécurité sénégalaises doivent cesser de réprimer de manière violente les voix dissidentes, a déclaré Amnesty International lundi 30 janvier après la mort de deux personnes lors d’une manifestation dans la ville de Podor.

Les forces de sécurité sénégalaises doivent cesser de réprimer de manière violente les voix dissidentes, a déclaré Amnesty International lundi 30 janvier après la mort de deux personnes lors d’une manifestation dans la ville de Podor.

Un manifestant et une passante ont été abattus par la gendarmerie. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur une foule qui manifestait contre la décision de la Conseil constitutionnel de valider la candidature du président Abdoulaye Wade à un troisième mandat lors de l’élection présidentielle qui doit se tenir le mois prochain.

« Les morts d’aujourd’hui constituent une escalade dramatique dans la violence qui a marquée la période pré-électorale au Sénégal », a déclaré Salvatore Saguès, chercheur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’ouest.

« Alors que de nouvelles manifestations sont prévues pour demain, nous appelons les autorités à ne pas tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques. »

Mamadou Sy, âgé d’environ 20 ans et Bana Ndiaye, âgée d’environ 60 ans, ont été tués lundi lors d’une manifestation dans la ville de Podor, à environ 500 km au nord de la capitale Dakar.

Un témoin a confié à Amnesty International : « Nous étions en train de marcher pacifiquement lorsque tout à coup des forces de sécurité habillées en bleu et appartenant à la gendarmerie ont tiré sur les manifestants à balles réelles. Des personnes sont tombées sous mes yeux ».

Les manifestations ont éclaté au Sénégal après que le Conseil constitutionnel eut décidé vendredi 27 janvier de valider la candidature du président Wade à un troisième mandat. Aujourd’hui, le Conseil a rejeté les appels déposés par l’opposition demandant l’annulation de cette décision.

Les manifestations de vendredi ont conduit à des affrontements entre manifestants et forces de sécurité au cours desquels un policier a été tué.

Au cours de ces manifestations, trois journalistes ont été passés à tabac par la police : un correspondant de l’Agence France Presse (AFP) et deux femmes journalistes travaillant pour le quotidien le Populaire. L’une d’elles, Aminatou Ahane, a dit à Amnesty International :

« Un policier est descendu d’une voiture et a couru vers nous. Nous avons crié que nous étions des journalistes. Il a saisi les mèches des cheveux de ma collègue, il l’a giflée et il l’a renversée par terre. Il m’a ensuite donné des coups de pied et m’a jetée par terre tout en m’injuriant. Un policier est venu à notre rescousse. »

Amnesty International s’inquiète également de la détention d’Alioune Tine, président de la Rencontre Africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) et coordinateur du Mouvement du 23 juin (M23) qui milite contre un troisième mandat du président Wade.

« Alioune Tine est détenu par la police depuis le samedi 28 janvier et personne ne l’a vu depuis lors. Il a besoin de soins médicaux quotidiens et nous craignons que ses conditions de détention ne mettent sa santé en péril » a déclaré Salvatore Saguès.

Un autre militant, le chanteur Daddy Bibson, a été enlevé par des personnes habillées en civil le samedi matin, quelques heures après la manifestation. Il a été passé à tabac par des personnes inconnues qui l’ont menacé.

Daddy Bibson, qui a été libéré 10 heures plus tard, a précisé que ses ravisseurs lui avaient dit que les chanteurs de rap n’allaient pas décider de l’avenir du pays.

Daddy Bibson est l’un des dirigeants du M23 et a récemment sorti une compilation de chansons contre la candidature du président Wade.

« La liberté d’expression est menacée au Sénégal au moment même où la nécessité d’un dialogue ouvert est cruciale » a déclaré Salvatore Saguès.

« Tous ces incidents doivent faire l’objet d’une enquête appropriée et les auteurs présumés de ces actes doivent être traduits en justice ».

« Les forces de sécurité doivent éviter de recourir à un usage excessif de la force lors de manifestations », a déclaré Salvatore Saguès.

« Toutes ces attaques visent à dissuader et à intimider toute personne qui veut exprimer des critiques envers les autorités à la veille de l’élection présidentielle ».

PRE01/046/2012
30 janvier 2012

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