Source:
Pour un Nouveau Parti Anticapitaliste
Editions: Pascal Galobe
Si le Capitaine N’TCHORERE, originaire du Togo, a sacrifié sa vie le 7 Juin 1940 à Airesne, petit village de la somme, il n’en fut pas de même pour beaucoup d’entre eux qui choisirent le camp des nazis.
Nous sommes en 1968 à Bordeaux, la grève bat son plein et le Général De Gaulle promet de battre la « chienlit ». Les dockers sont tous en grève, sauf un, malade qui reste au fond de son lit. Il s’agit de Norbert Désirée, guadeloupéen, arrivé en 1942 et ex membre de la Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme. Il veut intégrer la Waffen SS, mais n’étant pas aryen, ni même blanc, il sera envoyé …. en camp de concentration.
Il avait pour modèle, le Capitaine de vaisseau Camille MORTENOL, qui commanda la défense aérienne de Paris contre les attaques nocturnes de l’aviation Allemande pendant la guerre de 14-18.
C’est à la faveur d’une rumeur de cession des colonies françaises des Caraibes aux USA, que N. Désirée, et d’autres de sa générations embarqueront pour la France. Il ignore qu’avec quelques uns de sa couleur il sera bientôt, avec l’émergence du nazisme et du fascisme, confronté aux mêmes choix et aux mêmes décisions. Collaborer ou résister.
Et si la communauté afro-antillaise est sensible à la lutte des républicains espagnols et de l’anticolonialisme, tel le socialiste Raphael Elizé (1), ou le chanteur franco-ivoirien John William (2) qui s’engageront auprès des FFI, d’autres, comme Henry LEMERY, Ministre de la Justice en 1934, combattra le communisme en soutenant le régime Franquiste.
Tous les pays en guerre en Europe, connaitrons leur nazis noirs. Beaucoup agiront pour le compte du IIIème Reich en Afrique ou en Amérique du Sud, uniquement par haine des colonisateurs. L’Afrique du Sud jouera un role prépondérant par son ralliement au III Reich.
Beaucoup d’intellectuels afro-caraïbéens apporteront, souvent à leur tort, une « collaboration » au régime de Pétain. C’est le cas de Damas qui lisait ses contes guyanais à Radio-Vichy, mais s’engagea au Front National de l’Indépendance de la France, un mouvement de résistance, il en sera même décoré alors que la cantatrice Germaine Lubin, métisse afro-kabyle, qui interprétera Isolde de Wagner à Bayreuth en 1938 accompagnée par Herbert Von Karayan (membre du Parti Nazi) et dont Hitler fera « sa petite princesse noire ». Elle sera condamnée pour collaboration en 1945.
C’est aussi un « nègre-blanc », Lawrence Dennis qui inspirera dès 1929 le mouvement nazi américain, dont Georges Lincoln Rockwell, un blanc sudiste, assurera la promotion lors du fameux interview accordé en 1962 à Alex Haley, pas encore auteur de « Racines », pour le magazine « Play Boy ».
Serge Bilé, à travers cet ouvrage, pose une bombe en révélant ce coté sombre de la présence afro-caraibéenne en France. Loin de juger ses hommes et femmes, il tente de démontrer le mécanisme qui pousse certains à collaborer avec leur propre bourreaux, quitte à en devenir un. Haine de l’autre, processus colonial d’auto-dévalorisation, peuvent entre autre expliquer ce phénomène.
Mais n’oublions pas qu’ils furent plus nombreux, célèbres ou anonyme à payer de leur vie leur engagement au sein de la résistance mais aussi de l’Armée de De Gaulle, tels Joséphine BAKER ou Félix EBOUE sans qui le débarquement en Afrique et en France n’auraient pas eu lieu et sans lesquels nous ne serions pas libres.
Et comme le disait Raphael Elizée : « Bon dieu qu’ils nous tuent tous, et que la terre soit débarrassée de ces sauvages ».
Mariam SERI-SIDIBE
(1) Raphael Elisée, premier Maire Noir de France. Elu à Sablé-sur-Sarthe (actuellement dirigé par François FILLON) de à 1929 à 1943. Membre de la résistance il fut déporté sur dénonciation à Buchenwald le 9 Février 1945 ou il mourut le soir-même. Il exerça également en tant que vétérinaire à Hirson (Aisne, ma ville d’adoption) de 1939 à 1940.
(2) John William, de son vrai nom Ernest Charles Huss, né à Grand Bassam en Cote d’Ivoire, de mère ivoirienne et de père alsacien. Résistant communiste, déporté à Neuengame (Hambourg, Allemagne). Président de l’Association des Déportés de France, Chevalier de la Légion d’Honneur le 16 Décembre 2005.
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