L’opposition sénégalaise appelle à manifester contre le président Wade
DAKAR (AP) — L’opposition sénégalaise a appellé samedi la population à se soulever contre la décision d’Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat. La coalition M23, qui représente les principaux candidats de l’opposition à l’élection présidentielle du 26 février, affirme que le Conseil constitutionnel a trahi le peuple en validant la candidature du président sénégalais.
Dans un communiqué, la coalition M23 souligne qu' »une page noire vient d’être écrite dans l’histoire de notre pays par la décision de valider la candidature d’Abdoulaye Wade ». « Nous invitons la population à s’organiser et à se mobiliser pour faire face à Wade. Le combat a commencé. »
Le candidat de l’opposition Macky Sall, un ancien Premier ministre de M. Wade, a déclaré qu’ils avaient donné « l’ordre » aux gens de descendre dans les rues, tout en rejetant les risques de nouvelles violences.
La situation restait tendue à Dakar, où des émeutes ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi après la validation par le Conseil constitutionnel de la candidature du président Wade, qui brigue à 85 ans un troisième mandat.
Selon un porte-parole de la police, le colonel Alioune Ndiaye, un policier a été tué vendredi soir dans les violences. « Je peux confirmer qu’un policier a été tué. Il a été attaqué et frappé à la tête avec une brique », a-t-il déclaré.
Au pouvoir depuis 2000, Abdoulaye Wade se présente pour un troisième mandat grâce une interprétation du code électoral qui lui permet de contourner la limitation constitutionnelle à deux mandats présidentiels. Ce que conteste l’opposition, en dénonçant un coup de force.
Vendredi soir, le Conseil constitutionnel a validé la candidature de 14 candidats, dont Wade, mais rejeté celle du populaire chanteur Youssou N’Dour. L’artiste engagé et de renommée internationale ne « lâche pas » et parle de « démocratie bafouée ». « Je vais me rebeller par rapport à cette situation politique », a-t-il expliqué, en appelant la « population à se joindre » à lui. « Wade, il dégage », a lancé le chanteur. Il a ensuite précisé, à l’antenne de la chaîne de télévision privée dont il est propriétaire, qu’il déposerait un recours contre le rejet par le Conseil constitutionnel de sa candidature.
Quelques minutes après les annonces de la haute instance, de violents incidents ont éclaté entre policiers et plusieurs centaines de jeunes qui s’étaient rassemblés sur une place du centre de Dakar. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacymogènes pour disperser les jeunes, qui se sont dispersés dans des rues adjacentes avant de revenir par petits groupes jeter des pierres sur les policiers.
Abdoulaye Wade s’est adressé à la nation dans un discours, appelant à « cesser ces manifestations de mauvaise humeur qui ne conduisent à rien ». « Je n’ai rien demandé, que la loi. Et c’est la loi qui a été exprimée », a-t-il fait valoir, cité par l’agence de presse officielle.
A Paris, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, a affirmé samedi que « la France sera particulièrement attentive aux observations que pourrait faire la mission d’observation électorale de l’Union européenne sur le processus de validation des candidats ». « La France attend que le Conseil constitutionnel statue de manière claire et impartiale sur les réclamations qui sont présentées par certains candidats contre cette liste », souligne-t-il dans un communiqué.
« La France réitère son attachement au droit de manifester pacifiquement, à la liberté d’expression et à la tenue dans les délais prévus d’élections présidentielles transparentes et honnêtes », et « appelle l’ensemble des forces politiques et sociales sénégalaises au sens des responsabilités, à la retenue et à éviter toute forme de violence », ajoute-t-il. AP
ll/v0040/pyr/v0397-v0442/com
Les commentaires sont fermés.