Palais de l’Elysée – Carla Bruni Sarkozy a échangé avec Dominique Ouattara une « première dame » d’influence

Dominique Ouattara, une « première dame » d’influence

Le Monde

Blanche, Française, riche et proche de Nicolas Sarkozy : dans une Côte d’Ivoire aux prises avec les démons de l' »ivoirité » et où Paris est accusé de tous les mauvais coups, Dominique Ouattara n’aurait même pas besoin d’être l’épouse du nouveau président ivoirien pour être une cible facile. Partager, depuis deux décennies, la vie du bouc émissaire de la politique ivoirienne n’a rien arrangé. Des épreuves, le couple en a affronté, à la vie, à la mort, jusqu’à ce samedi 21 mai où Alassane et Dominique Ouattara s’installent officiellement au palais présidentiel d’Abidjan. « Elle en rêve, depuis beaucoup plus longtemps que lui », croit savoir un proche qui la voit en « inverse de la très militante Simone Gbagbo : elle, elle ne passe pas sa vie dans les meetings, mais chez le coiffeur ».

En 2000, alors que la candidature de son mari à l’élection présidentielle est invalidée, elle fait l’objet d’une tentative d’enlèvement. Deux ans plus tard, lors de la tentative de coup d’Etat qui vise Laurent Gbagbo, le couple ne survit qu’en escaladant le mur de sa résidence abidjanaise et en s’enfuyant dans le coffre d’une voiture, tandis qu’un blindé en défonce le portail. L’existence de Dominique Folloroux-Ouattara, pas plus que l’histoire franco-ivoirienne dont elle est emblématique, n’a jamais tenu du fleuve tranquille. Coach autoritaire et bling-bling d’un politicien falot selon ses détracteurs, elle est, aux yeux des pro-Ouattara, une bonne fée dont la fortune et le carnet d’adresses ont aidé le nouveau président à traverser d’innombrables épreuves.

Débarquée à Abidjan à 22 ans pour suivre son mari et professeur d’économie, Jean Folloroux, Dominique se retrouve veuve, avec deux enfants, huit ans plus tard, en 1983. Elle quitte l’ONU qui l’emploie pour reprendre une agence immobilière qui prospère parce que le président Félix Houphouët-Boigny en personne lui a confié la gestion de son imposant patrimoine immobilier.

Réalité ou légende ? Bien des Ivoiriens sont persuadés que Dominique Folloroux a été la maîtresse du « vieux », dont la mort, en 1993, a précipité le pays dans le chaos. Elle l’a démenti. Mais un télégramme classé « secret » de l’ambassade américaine à Paris, daté de 2005 et révélé en 2010 par WikiLeaks, reprend cette thèse pour expliquer l’inimitié du président Jacques Chirac, très lié au père de l’indépendance ivoirienne, à l’égard d’Alassane Ouattara. Citant un haut diplomate du Quai d’Orsay, le document expliquait la rupture alors effective entre Paris et M. Ouattara par le fait que M. Chirac avait  » désapprouvé » son « mariage à Paris » avec  » la femme » de Félix Houphouët-Boigny.

Le couple Ouattara se rencontre alors que l’économiste ivoirien dirige le département « Afrique » du FMI à Washington, au milieu des années 1980, et cherche un gestionnaire pour ses affaires. Dès lors,  » les deux ambitions se nourrissent mutuellement », résume un bon observateur ivoirien. Contrairement à la légende, leur mariage, en 1991 n’a pas été célébré à Neuilly par Nicolas Sarkozy, mais à la mairie du 16e arrondissement de Paris en présence de l’industriel Martin Bouygues et de Jean-Christophe Mitterrand, alors conseiller Afrique de son père à l’Elysée.

L’amie de Cécilia Sarkozy

Les opposants lui prêtent le pouvoir d’avoir convaincu, en 1990, le président ivoirien de nommer premier ministre son compagnon, choisi en réalité pour faire passer aux Ivoiriens la pilule amère de l' »ajustement structurel » et des privatisations. Justement, Dominique Folloroux, qui a connu Martin Bouygues dès 1988, le fait rencontrer à son époux qui lui confie la concession de l’électricité. Dès 1994, le couple, à nouveau installé à Washington où Alassane Ouattara est directeur général adjoint du FMI, fréquente aussi Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget. Aujourd’hui, Dominique reste l’amie de Cécilia, deuxième épouse du président français, et les Ouattara des familiers des Sarkozy.

Dominique Ouattara est l’héroïne d’une success story d’affaires, affichant sa « fierté » de diriger un groupe immobilier de 250 personnes ainsi que Radio Nostalgie Afrique. Son agence d’Abidjan a essaimé avenue Victor-Hugo à Paris (16e), où elle gère notamment le patrimoine contesté de dirigeants africains, à Cannes et aussi à Libreville (Gabon), où feu le président Omar Bongo avait demandé à Mme Ouattara d’ouvrir une succursale. Comme son époux s’y est engagé, elle vient d’annoncer qu’elle abandonnait ses activités immobilières et cédait la licence des salons de coiffure Dessange aux Etats-Unis qu’elle avait acquise.

Se contentera-t-elle des activités humanitaires classiques d’une « première dame », qu’elle pratique au sein de sa très mondaine fondation Children of Africa ? Ou sera-t-elle tentée d’afficher, dans un pays confronté à ses déchirures, une autre facette de sa personnalité : une catholique pratiquante, née en Algérie d’une mère juive et mariée à un musulman ivoirien ?
Philippe Bernard

Article paru dans l’édition du 26.01.12

Le Monde

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Madame Carla Bruni Sarkozy a reçu à 17h ce jeudi 26 janvier dans les appartements privés du Palais de l’Elysée, Madame Dominique Ouattara, Première Dame de Côte d’Ivoire. Invité surprise à l’accueil, le Président Français, Nicolas Sarkozy. Accolades et poignées de mains chaleureuses. Pendant environ une heure, loin des caméras et des photographes, les deux First ladies ont échangé sur des sujets d’intérêt commun notamment leur engagement dans l’humanitaire.

Brahima Coulibaly [brahima22fr@yahoo.fr]

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