PERTURBATION DU MEETING DU FPI
Le mal a fini par prendre le dessus sur la peur à propos du meeting du 21 janvier 2012 tenant lieu de rentrée politique pour le Front populaire ivoirien (FPI, ex-parti au pouvoir). Le rassemblement a été l’objet d’attaque par des personnes foncièrement hostiles à sa tenue dans un quartier d’Abidjan réputé être un fief de ce parti : Yopougon. Résultat de cet acte indigne d’une Côte d’Ivoire démocratique et post-crise électorale : au moins un mort, quarante-cinq blessés et des dégâts matériels. Pareille scène, on ne l’a jamais vue ni pendant la campagne pour la présidentielle de 2010, ni pendant celle des législatives de décembre dernier, même si le FPI n’y a pas pris part.
L’étonnement est donc grand face à une telle expression de haine envers un parti qui, il dénote vrai, n’a pas fait que des heureux lors de ses 10 ans passés au pouvoir. Toutefois, un tel acharnement relève tout simplement de l’intolérance ; c’est une atteinte au droit d’existence d’un parti qui est pourtant légalement reconnu. Et cela est inacceptable dans un Etat de droit. D’où la grande responsabilité du régime en place, celui de Alassane Dramane Ouattara (ADO). Pour avoir autorisé le meeting, il se devait de prendre toutes les dispositions pour assurer son bon déroulement.
Les forces de l’ordre devaient être suffisamment déployées pour sécuriser le meeting qui, quelque part, constituait un test pour le parti au pouvoir. En effet, si le meeting s’était bien déroulé, ce serait à l’honneur du régime ADO qui aurait pu donner la preuve d’un nouvel Etat respectueux des droits des citoyens. Malheureusement, la fin en queue de poisson de l’activité, accrédite toutes ces accusations contre le nouveau régime et apporte de l’eau au moulin de tous ses détracteurs. A coup sûr, c’est parti de plus belle pour les diatribes. Que les lapideurs soient proches du parti du chef de l’Etat, le RDR (Rassemblement des républicains) ou non ; qu’il s’agisse d’un grossier montage des frontistes pour se poser en victimes d’exactions (on est en politique et il ne faut rien exclure), le régime de ADO est difficilement défendable.
Les auteurs des lapidations ont peut-être réglé leurs comptes au parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, mais ils n’ont rendu service ni au régime (si, jamais, il s’avérait, après enquête, comme cela a été promis par le gouvernement, que ce sont des partisans du parti de Ouattara) ni à la démocratie. Bien au contraire, ils auront jeté une grosse pierre dans le jardin du régime. Le tableau des libertés d’expression et de réunion s’est trouvé, du même coup, assombri. Et que dire de la réconciliation nationale dans ce contexte ? Il est à craindre que la grosse pierre qu’essaie de faire monter Charles Konan Banny au sommet du rocher, comme Sisyphe, ne rechute et ne se retrouve à la case départ. Le pouvoir en place doit mettre tout en œuvre pour que de tels actes d’intolérance ne se reproduisent plus. Comme on le dit si bien sur les bords de la lagune Ebrié : il faut quitter dans ça ! Et le plus vite possible.
Séni DABO
Le Pays
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