Note éditoriale sous forme de commentaire –
La semaine dernière, ce sont deux grandes personnalités qui étaient passées en Côte-d’Ivoire pour dire leur soutien en faveur du processus de la réconciliation nationale. Il s’agit de la Secrétaire d’Etat américaine, Hilary Clinton, et de l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. Leurs venues dans le pays d’Alhassane Ouattara ont été interprétées comme une sorte d’approbation de la communauté internationale du processus de réconciliation nationale qui est en expérimentation dans ce pays, après les violences post-électorales du début de l’année dernière. Mais avec ce qui s’est passé le samedi dernier lors du meeting du Front populaire ivoirien (FPI), cette perception est aujourd’hui totalement remise en cause. La Côte d’Ivoire d’Alhassane Ouattara n’est pas forcément plus démocratique que celle de Laurent Gbagbo. Du moins, pas encore…
A quelques jours de son voyage sur Paris, le président ivoirien n’avait certainement pas besoin de ce genre de publicité.
Des trois pays qui sortaient d’un processus de transition au début de l’année 2010, la Côte d’Ivoire était celui dont le processus était le plus prometteur. Sa commission dialogue-vérité et réconciliation était citée en exemple. Mais avec l’empêchement du meeting des partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo du week-end dernier, c’est une longue série de confiscations et de refus de la liberté et de la diversité politique qui se manifeste. Bien avant les jets de pierre contre les militants du FPI du samedi dernier qui ont entrainé morts d’hommes, d’autres rassemblements du même genre avaient été subtilement empêchés. Mais puisqu’à là, les élections législatives ne s’étaient pas tenues, on avait attribué à ces dernières la raison de la tension politique. Mais cet argumentaire ne fonctionnerait plus après que le président Alhassane Ouattara et son parti se soient assurés la majorité des sièges au parlement ivoirien. On ne comprend même plus l’hostilité à l’encontre des pro-Gbagbo.
Il est évident que le parti du nouveau président ivoirien n’a pas envie de sentir une opposition. En effet, il n’est d’aucun doute qu’il pourrait être derrière les jets de pierres qui ont été enregistrés à Yopougon. En tout cas, il est vain de perdre son temps à faire croire que c’était le fait d’éléments incontrôlés ou de loubards en perdition. Il est de la responsabilité d’Alhassane Ouattara et de son gouvernement d’assurer la sécurité des manifestants. Surtout que ceux d’avant-hier n’avaient aucune visée de violence et étaient en possession de toutes les autorisations. Mais les forces de police et de gendarmerie qui avaient été déployées pour la sécurisation ont laissé faire. Adoptant une position de spectateurs, elles se sont délectées de la dispersion des militants du FPI. Pire, les forces onusiennes se sont également montrées impuissantes. Forces onusiennes qui, on se rappelle, avaient été déterminantes dans la chasse à Laurent Gbagbo.
Avec de telles attitudes, il sera plutôt difficile de convaincre de la démarche neutre et impartiale que le pouvoir dit incarner dans le traitement du contentieux relatif à la crise post-électorale. Déjà, le fait que Laurent Gbagbo et les siens soient encore les seuls auxquels il est demandé de rendre comptes, fait jaser plus d’un. Et ce n’est pas ce qu’on a enregistré le samedi dernier qui permettra de croire au contraire.
Avec guineeconakry.info
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