Décision de la CPI: le président kényan appelle au calme
Le président kényan Mwai Kibaki a appelé ses concitoyens au calme lundi, après la confirmation, par la Cour pénale internationale (CPI), des charges contre quatre Kényans, dont deux anciens canddiats à la présidentielle appartenant à l’opposition, soupçonnés de crime contre l’humanité lors des violences post-électorales de 2007-2008. « J’appelle tout le monde à rester calme et pacifique, » a-t-il déclaré. « Notre grande nation a eu sa part de moments difficiles », a-t-il ajouté dans une déclaration publique.
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4 Kenyans dont vice-premier ministre seront jugés par la CPI pour crimes contre l’humanité
Quatre des six hauts responsables kényans soupçonnés d’avoir commis des crimes contre l’humanité dans la foulée des violences postélectorales de la fin 2007 seront jugés par la Cour pénale internationale (CPI).
La juge Ekaterina Trendafilova, qui préside la chambre préliminaire responsable du dossier, à La Haye, a confirmé les accusations retenues contre Uhuru Kenyatta, Francis Muthaura, William Ruto et Joshua Arap Sang.
MM. Kenyatta et Muthaura sont soupçonnés d’être les principaux organisateurs des violences visant les partisans du Mouvement démocratique orange du premier ministre Raila Odinga. Ils sont soupçonnés de meurtres, de transferts forcés de population, de persécutions basées sur l’appartenance politique, de viols et d’autres actes inhumains.
William Ruto et Joshua Arap Sang, deux membres de l’ethnie kalenjin, sont soupçonnés de meurtres, de transferts forcés de population, de persécutions basées sur l’appartenance politique, pour des gestes commis contre des membres du Parti de l’Unité nationale du président Mwai Kibaki, et particulièrement contre des membres de l’ethnie kikuyu.
M. Kenyatta, qui est actuellement vice-premier ministre et ministre des Finances du Kenya, et William Ruto, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, sont tous les deux considérés comme des candidats en vue de l’élection présidentielle qui doit se tenir au cours des prochains mois.
La chambre préliminaire n’a cependant pas retenu les accusations déposées contre Mohammed Hussein Ali, qui était chef de la police à l’époque des faits, et Henry Kosgey, un ancien ministre de l’Industrialisation. Elle juge que les éléments de preuve apportés par le procureur à leur encontre sont insuffisants.
Henry Kosgey, ancien ministre de l’Industrialisation, était soupçonné d’avoir planifié et organisé les violences contre les partisans du parti de M. Kibaki, tandis que Mohammed Hussein Ali, chef de la police à l’époque des faits, avait été accusé par le procureur de la CPI de couvrir des exécutions extrajudiciaires dans le pays.
La défense et la poursuite peuvent demander d’interjeter appel dans les cinq jours ouvrables qui suivent la décision de la juge, soit avant le 30 janvier.
Quelque 1200 personnes avaient été tuées et plus de 300 000 autres, déplacées au cours de violences pendant et après la réélection contestée du président Mwai Kibaki, le 27 décembre 2007, face à son adversaire Raila Odinga, actuel premier ministre d’un gouvernement de coalition.
Les violences avaient commencé après l’annonce des résultats de la présidentielle. Raila Odinga a accusé Mwai Kibaki d’avoir truqué les résultats pour se maintenir au pouvoir. Quelques jours plus tard, des partisans de l’opposition se sont attaqués aux Kikuyus, l’ethnie du président Kibaki qui domine l’économie du pays depuis son accession à l’indépendance.
Luis Moreno-Ocampo a ouvert son enquête en 2010 afin de déterminer si des crimes contre l’humanité ont été commis dans la foulée de l’élection présidentielle.
Le procureur a entamé des procédures judiciaires tant contre des membres du parti de Mwai Kibaki qu’à l’encontre des opposants issus du Mouvement démocratique orange, sorti perdant de la dernière élection.
Le jugement rendu par la CPI pourrait avoir d’importantes incidences sur les prochaines élections présidentielles, qui, selon la Constitution kényane, sont censées se dérouler en août 2012. La Haute Cour kényane souhaite toutefois que le scrutin se tienne en mars 2013. Le gouvernement a quant à lui suggéré d’organiser les élections en décembre. Les quatre personnes soupçonnées de crimes contre l’humanitéUhuru Kenyatta est vice-premier ministre et ministre des Finances. Le fils de Jomo Kenyatta, considéré comme le fondateur de l’État kenyan, serait aussi l’homme le plus riche du pays. Étant l’un des principaux leaders de la communauté kikuyu, il est vu comme un candidat très sérieux à la succession de Mwai Kibaki à la présidence du pays.
Le procureur de la CPI lui reproche d’avoir mobilisé le gang criminel des Mungiki pour attaquer des partisans de Raila Odinga, l’adversaire malheureux du président Kibaki à l’élection présidentielle de 2007.
Francis Muthaura, proche du président Kibaki, est soupçonné d’avoir autorisé la police à faire un usage excessif de la force et d’avoir protégé les milices de jeunes affiliés au Parti de l’Unité nationale (PNU) du président Kibaki.
William Ruto a été suspendu de son poste de ministre de l’Enseignement supérieur pour corruption. Il est soupçonné d’être le principal planificateur et organisateur des violences meurtrières contre la communauté kikuyu, notamment dans la vallée du Rift, dont il est originaire. Il fait partie des candidats potentiels aux prochaines élections présidentielles.
Joshua Arap Sang, présentateur pour Kass FM, une radio en langue vernaculaire kalenjin, est accusé d’avoir organisé les violences contre les partisans de M. Kibaki. Il aurait aussi incité sur les ondes les jeunes kalenjins à descendre dans la rue, en lançant un appel à la guerre.
Source: Radio-Canada
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