C’est l’hebdomadaire françafricain, Jeune Afrique, qui a donné l’information dans son édition en ligne dès la soirée de mardi. La Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a demandé au chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, de livrer Soro et ses chefs de guerre à la Cour pénale internationale.
Mais, pour que la pilule soit moins dure à avaler, Mme Clinton a laissé entendre que certains pourraient être appelés comme témoins. Personne n’est, cependant, dupe. Les faveurs annoncées par Mme Clinton ne sont en réalité que des stratagèmes pour endormir Ouattara et ses amis. La vérité, c’est qu’après les avoir utilisés pour s’emparer du pouvoir à Abidjan, au prix de milliers de vies humaines, les Occidentaux ont commencé leur jeu favori. Le rétropédalage pour se donner bonne conscience. La descente aux enfers n’est certainement plus loin pour Ouattara et ses poulains.
En effet, selon diverses sources concordantes, la patronne de la diplomatie américaine aurait cité nommément ceux que son pays souhaite voir déjà à La Haye. Il s’agit de Guillaume Soro, lui-même, et de plusieurs chefs de guerre. Les noms cités régulièrement étant ceux de Chérif Ousmane, Wattao, Koné Zacharia, Ben Laden et Losséni Fofana. Selon ces mêmes sources, ces informations sont à prendre au sérieux. Surtout qu’elles sont exactement les mêmes que celles qui ont été livrées il y a quelques semaines par la Lettre du Continent, le bimensuel parisien, généralement bien informé sur les questions africaines. Et si Mme Clinton, à qui Ouattara et son régime doivent en partie leur arrivée, par bombardement, à la tête de l’Etat ivoirien, s’est crue obligée de venir le dire de vive voix à Ouattara, c’est qu’il y a de l’eau dans le gaz du régime. Et qui menace de le faire exploser en plein vol.
Une véritable catastrophe pour tous les suiveurs de l’homme fort d’Abidjan qui avaient entonné en chœur les chants de louange de leur mentor qui serait devenu, le temps de neuf mois de gouvernance chaotique, le messie que la Côte d’Ivoire attendait depuis toujours. Finalement, Hillary n’était pas aussi fascinée que ça.
Il est clair, en effet, qu’elle sait que depuis que l’ancien «Wari fatchê» (depuis qu’il est là, l’argent a complètement disparu du pays), a été installé de force au palais présidentiel, les choses ne se passent pas du tout comme il les avait fait miroiter au monde entier. La démocratie, étouffée. Le président proclamé élu par le Conseil constitutionnel est détenu à La Haye au terme d’une procédure rocambolesque qui tient plus du film d’horreur que du droit. Le chef du principal parti d’opposition, ancien Premier ministre est détenu illégalement sans jugement depuis plusieurs mois. L’épouse du chef de l’Etat renversé, député de son état est, elle aussi, en prison. De nombreux hauts cadres de l’administration, dont le dernier Premier ministre de Laurent Gbagbo, de nombreux ministres et élus de toute catégorie sont emprisonnés chaque jour. Les activités politiques des opposants sont violemment dispersées par des milices privées. Les droits de l’homme, piétinés. Les citoyens sont spoliés de leurs biens. Les populations civiles sont massacrées dans plusieurs régions du pays. Les supplétifs FRCI multiplient exactions sur exactions au nez et à la barbe des autorités impuissantes. La bonne gouvernance, un vœu pieux. Des ministres créent des sociétés écrans pour privatiser les services publics. Notamment dans l’éducation, avec la société CELPAID.
Toutes ces réalités du vécu quotidien des Ivoiriens sont parvenues aux oreilles d’Obama et de ses collaborateurs. La grande Amérique s’est peut-être rendu compte qu’elle a été flouée par son ambassadeur Carter III. Le produit qu’on lui a vendu n’était pas le bon. Le poulain n’a visiblement pas le profil de l’emploi. Cela valait bien un tour et des mises au point. Panique en «Alassanie».
Guillaume T. Gbato gtgbato@yahoo.fr
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