S. Débailly | L’Intelligent d’Abidjan
Les Etats-Unis d’Amérique veulent établir des liens de coopération solides avec la Côte d’Ivoire qui amorce une phase de reconstruction. Mais cette coopération ne peut être durable que dans la stabilité sociopolitique. La chef de la diplomatie le sait si bien qu’elle a cru bon de rappeler l’une des conditions essentielles pour y parvenir. Elle suggère un dialogue inclusif. ‘’Il sera particulièrement important d’inclure toutes les voix, y compriscelles qui sont discordantes, dans le dialogue politique’’, a martelé Hillary Clinton au cours de la conférence de presse conjointe avec le Président Ouattara. Pour joindre l’acte à la parole, on s’attendait à ce que l’envoyée de Barack Obama rencontre, elle-même, les membres de l’opposition, c’est-à-dire les porteurs de la ‘’voix discordante’’. La contrainte du temps et l’agenda serré de l’hôte de marque seraient-ils la cause de ce rendez-vous manqué avec l’opposition ivoirienne ? Dans tous les cas, ce rendez-vous manqué est diversement interprété dans l’opposition pro-Gbagbo. Pour Appolos Dan Thé, un pro-Gbagbo très actif sur la toile, il n’y a pas à chercher loin.
C’est son camp qui n’a pas mis à profit cette visite de Hillary Clinton. Il stigmatise un manque d’anticipation et se veut critique quant à la conduite à tenir. ‘’On ne fait pas preuve d’ingéniosité, on ne capitalise pas les événements, on n’anticipe pas. Ne me dites surtout pas que ce n’est pas important de rencontrer Hillary Clinton. (…) Jusqu’à quand va-t-on rester dans cette logique de peur qui ne dit pas son nom ? Personne ne demande aux autres de prendre des risques sécuritaires inutiles. Tout ce qu’on demande, c’est d’être imaginatif et d’occuper le terrain politique de façon civique. Si on ne peut pas se faire une place dans le débat politique alors où va-t-on ? Réveillez-vous et donnez une direction claire à la lutte sur le terrain car quel que soit ce que la diaspora va faire, le vrai combat c’est sur le terrain au pays et il faut commencer à mettre la pression sur ces usurpateurs. La diaspora est disposée à y contribuer, mais elle ne perçoit pas encore la ligne directrice du combat politique sur le terrain’’, sermonne l’internaute. Au Fpi, on ne perçoit pas les choses ainsi. On évoque plutôt un vice de procédure. ‘’C’est celui qui vient qui dit clairement qui il veut voir. Si tant est qu’elle prône la récon- ciliation, elle ne devrait pas se limiter à une partie’’, commente une source à la direction du Fpi. Le secrétaire général lui, est plus incisif. ‘’Hillary Clinton n’a pas jugé utile de nous rencontrer, elle ne sait pas qu’on existe mais elle doit savoir que nous portons les aspirations d’au moins 50 % d’ivoiriens. Si des gens nous méprisent, nous en prenons acte. Mais de grâce, qu’on ne parle pas à notre place !’’, s’indigne Laurent Akoun. Qui fait savoir que le Fpi n’a pas pris d’initiative personnelle pour rencontrer madame Clinton. La réponse de Laurent Akoun situe clairement sur l’approche diplomatique du Fpi : «L’ami de mon ennemi est mon ennemi». Le camp Gbagbo garde sans doute en mémoire l’activisme des autorités américaines qui a contribué à la chute de Laurent Gbagbo, avec en première ligne Barack Obama et Hillary Clinton.
S. Débailly
L’Intelligent d’Abidjan
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